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Publié le 6 Septembre 2015

Enfant noyé en Turquie : des réfugiés syriens s'indignent contre les pays arabes

Réfugiés dans des camps en Jordanie, des Syriens accusent les autres pays arabes de leur avoir fermé la porte au nez.

Publié dans le Point le 3 septembre 2015
J’ai serré ma fille très fort. Je l'ai imaginée à la place de cet enfant innocent", confie Abou al-Yaman, un Syrien réfugié en Jordanie, ému par les photos d'un enfant syrien mort noyé en tentant de gagner l'Europe. Les images du corps sans vie de ce garçon de trois ans, Aylan, gisant sur une plage turque ont fait le tour du monde, relayées abondamment par la presse et les réseaux sociaux.
Dans le monde arabe, d'où sont originaires de nombreux migrants, les photos ont ému, indigné mais aussi suscité des critiques acerbes contre les riches pays du Golfe accusés de ne pas faire assez pour aider les réfugiés syriens qui fuient la guerre sanglante dans leur pays. "Nous avons vu les bombardements, la destruction (...), mais je n'ai pas supporté l'image de cet enfant innocent dont la seule faute était d'être né en Syrie", témoigne Om Hussein, émue aux larmes.
"Ils ont fermé leurs portes devant nous"
Portant un voile noir, cette Syrienne d'une quarantaine d'années a fui la guerre dans son pays pour se réfugier en Jordanie, où elle loue, avec son mari, muet, et ses trois enfants, un appartement vétuste dans un quartier pauvre d'Amman. Originaire de Homs, ville ravagée par les combats dans le centre de la Syrie, Om Hussein dit qu'elle est dans l'incapacité d'envoyer ses enfants à l'école, faute de moyens. "Est-ce que les dirigeants arabes n'ont pas honte quand ils voient cette photo ?" lance-t-elle.
"Ils gaspillent des milliards de dollars pour acheter des armes qui rouillent dans leurs dépôts ou pour construire la plus grande tour (...) mais, malgré leur humanité, ils ne se tournent pas vers la souffrance du peuple syrien et ils ont fermé leurs portes devant nous", s'emporte-t-elle.
La guerre en Syrie a débuté en 2011, après des manifestations pacifiques contre le président Bachar el-Assad durement réprimées par le régime et qui se sont transformées en conflit civil. Plusieurs camps s'affrontent aujourd'hui, rebelles, régime, djihadistes de diverses factions, Kurdes. Cette guerre a provoqué la mort de plus de 240 000 personnes et a poussé plus de quatre millions d'autres à l'exil. Les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent régulièrement des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis dans ce pays...Lire l'intégralité.