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Publié le 8 Juin 2015

Hommage à Philippe Braham, victime de l’attentat à l’Hypercacher de Vincennes

Dimanche 7 juin 2015 Raphy Marciano, président de la communauté juive de Sucy en Brie a organisé une cérémonie émouvante d’hommage à Philippe Braham. 

Elle a réuni plusieurs centaines de personnes autour de la famille Braham.
De nombreuses personnalités ont pris la parole : Marie-Carole Ciuntu Maire de Sucy en Brie,Yossi Gal Ambassadeur d’Israel, Haim Korsia Grand Rabbin de France, Joel Mergui Président des Consistoires, Michel Mosimann représentant le Préfet du Val de Marne, Raphy Marciano président de la communauté juive de Sucy en Brie, Ariel Amar Président de la commission Ile de France représentait le CRIF.
La cérémonie s’est clôturée par le dévoilement de la plaque à la mémoire de Philippe Braham, dans la salle d’étude qui portera désormais son nom.
Discours d’Ariel Amar :
« Chers amis, c’est avec beaucoup d’émotion que je prends ici la parole dans cette cérémonie dédiée à la mémoire de Philippe Isaac ben Aziza Braham
Les mots ne peuvent malheureusement pas grand chose pour atténuer la douleur qui vous taraude depuis ce jour où vous avez appris que votre époux, votre frère, votre parent faisait partie des victimes de la prise d’otages de l’épicerie cachère.
Nous avons tous été en deuil, ce fut un deuil collectif, ça aurait bien pu arriver à n’importe lequel d’entre nous, il suffisait d’être juif,  n’en déplaise au président des états unis qui prétendait  que le terroriste avait tiré au hasard, non, c’était bien des juifs que l’assassin visait.
Mais au delà de ce deuil collectif il y a en particulier une familles qui souffre. C’est la souffrance de l’irréversible pour une épouse, pour des enfants, pour des frères, pour des amis et pour lesquels les choses ne seront plus jamais les mêmes.
Chère famille Braham ;
J’étais avec vous à Jérusalem aux obsèques de Philippe et des autres victimes dont je voudrais ici rappeler les noms : Yohan Cohen, Yohav Hattab et François Michel Saada et je vous ai observés.
J’ai observé la petite Chirel qui, avec toute son innocence et son amour pour son papa, lui avait préparé des dessins pensant qu’on allait lui rendre visite à l’hôpital, j’ai une fille de cet âge, que puis-je vous dire? Je suis bouleversé, à chaque fois que j’y repense.
Je vous ai observé Mme Braham, dans votre douleur et avec quelle noblesse vous arriviez à garder votre contrôle pour protéger, épargner votre fille.
Je vous ai observé Patrick, Didier, et Michel souffrir avec beaucoup de dignité.
Je n ai pas connu Philippe  Braham mais je me suis renseigné sur lui et chacun m’a dit quel papa adorable il avait été, quel mari exemplaire et attentionné il avait été, quel frère et quel ami attachant et dévoué il était.
Un de mes maitres disait, dans le judaïsme : un  grand homme ce n’est pas celui qui réalise de grandes choses mais celui qui introduit de la grandeur dans chacune de ses actions quotidiennes, j’ai compris que Philippe Braham était ce genre d’homme.
Toute à l’heure une personne m’a posé une question que l’on nous pose tous les jours : y a-t-il  y a un avenir pour les juifs en France ?
Personne ne peut présager de ce que sera l’avenir des juifs en France.
C’est vrai que certains ont décidé de partir en Israël ou ailleurs, d’autres vont rester et lutter pour qu’une présence juive en France continue d’avoir du sens. Ce n’est pas aux institutions juives, dans l’état actuel des choses, de préconiser tel ou tel choix qui ne peut être que personnel.
Ce que je puis vous dire c’est que les pouvoirs publics et au plus haut sommet de l’état, ont de façon forte et répétée, manifesté leur volonté de mener une lutte active contre cet antisémitisme qui tue, à plusieurs reprises, on a assassiné des Juifs ici, dans notre pays, non pas pour ce qu’ils avaient fait, mais pour ce qu’ils étaient.
La séquence d’attentats des 7,8 et 9 janvier a plongé notre communauté, notre pays, le monde entier dans la stupeur et l’horreur, le monde venait de prendre, un peu plus, conscience que les juifs n’étaient plus les seules cibles des islamistes radicaux.
Il est de notre devoir à chacun d’entre nous, citoyens français, sans exception, de clamer très fort que tous ces assassinats nous n’en voulons pas, que ce soit celui des Juifs, celui des journalistes ou celui de la policière et, au-delà même de nos frontières , celui des otages, des civils, des chrétiens, des Yezidi ou des musulmans considérés comme hérétiques, participent d’une vision du monde monstrueuse que nous devons tous combattre de toutes nos forces, chacun à son niveau, et ça n’est qu’unis et solidaires que nous y parviendront, unis et solidaires à la maniere du 11 Janvier mais pas seulement le temps du 11 Janvier, c’est un esprit qui doit nous habiter en permanence.
Mais rien ne doit nous empêcher de continuer à vivre ici librement, dignement, sans avoir à raser les murs, et si nous le désirons, à porter une kippa, à fréquenter les synagogues, les centres  communautaires, les épiceries et les restaurants cacher, à pratiquer notre judaïsme dans le respect exemplaire de la loi de la Cité. Chacun sait que notre règle halakhique est : « dina de malkhouta dina »  la loi de la cité est la loi. Voilà une belle leçon d’intégration.
Soyons fiers de ce que nous sommes, et ne l’oublions pas nous sommes les héritiers d’un peuple vivace et multimillenaire, les dépositaires d’une morale exemplaire.
D’ailleurs que faisons nous ce soir ? Nous inaugurons une salle de Beth Ha-midrash (une salle d’étude) Leelouy Nichmat (à la mémoire de)  Philippe Isaac ben Aziza Braham. Quelle belle réponse  à la haine ! Quelle belle réponse à la barbarie !
Nous ne repondons pas la haine par la haine, nous repondons à la haine par l’espoir,le Hafetz Haïm disait : on ne chasse pas l’obscurité avec des bâtons, il suffit d ‘allumer la lumière, eh bien je formule le vœux que la lumière qui jaillira de cette salle d’étude à la memoire de Philippe Isaac ben Aziza Braham,  puisse dessiner un meilleur avenir pour nous les juifs de France et pour la France  toute entière.
Sachez madame Braham que le nom de Philippe Braham restera à jamais gravé dans notre cœur comme il le restera dans l’histoire des Juifs de France.
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