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Publié le 11 Mars 2015

Iannis Roder reçu par le CRIF Rhône Alpes

Iannis Roder est revenu sur l'amertume ressentie et les "gifles" reçues après la sortie du livre "les Territoires Perdus de la République", en 2002.
 

Lundi 2 mars 2015, le CRIF Rhône - Alpes a organisé une conférence-débat sur le thème "le devenir de l'Education". Près d'une centaine de personnes est venue écouter Iannis Roder, professeur agrégé d'Histoire Géographie, enseignant en collège en Seine Saint Denis, depuis 17 ans, consultant pédagogique au Mémorial de la Shoah à Paris, et co-auteur du livre "les Territoires Perdus de la République".
A l’invitation du CRIF Rhône - Alpes ont notamment répondu par leur présence l'Inspectrice de l'Académie du Rhône, responsable des programmes d'Histoire - Géographie, la Directrice de Cabinet de la Rectrice d'Académie, des professeurs de lycées ou collèges de la région, des directeurs ou anciens proviseurs d'établissements, …
Iannis Roder est revenu sur l'amertume ressentie et les "gifles" reçues après la sortie du livre "les Territoires Perdus de la République", en 2002 (silence assourdissant de la  presse de gauche, réactions de son syndicat ou en salle de profs).
Au moment des attentats de janvier 2015 et de leur suite, Iannis Roder avoue ne pas avoir été surpris, car la même séquence de victimes (journalistes, policiers, juifs) s'était déjà produite par le passé (militaires puis juifs) à Toulouse en 2012, de même que cette "notion de complot" qui existait déjà depuis le 12 septembre 2001.
Il croit profondément en l’enseignement de l'Histoire.
Sa critique des programmes scolaires porte sur le fait que les enseignants doivent « zapper sans arrêt » pour accomplir le programme fixé.
Il faut consacrer plus de temps à certaines périodes de l’histoire et notamment celle du nazisme et de la seconde guerre mondiale. Deux heures de cours sur le nazisme, c'est insuffisant !
Il faut montrer le parallèle entre les discours d’Hitler et Ben Laden (complot, paranoïa, antisémitisme) et mettre en exergue les mêmes similitudes dans la démarche intellectuelle.
De même, on ne peut enseigner l'histoire de la Shoah, sans enseigner l'histoire du nazisme. « Il faut entrer dans cette histoire par les bourreaux plutôt que par les victimes ». La victime exclut l'autre, et génère la compétition victimaire…
Les meilleures réactions des élèves sont obtenues quand on arrive à disqualifier le nazisme après avoir montré sa "vision de l'être humain", sa croyance du "don de la nature" au peuple germanique avec pour conséquence logique  les programmes d'élimination des handicapés et des Juifs.
Iannis Roder aime ses élèves. Certains sont capables de faire des choses formidables, mais pour beaucoup le niveau de langue est catastrophique. Il faut, selon lui, repenser l'Ecole avec du personnel médico - psychologique, pour prendre en charge les enfants et les familles! Certains élèves de 4è sont incapables de faire une phrase cohérente et s'ils sont sur - informés (tweets, Facebook, réseaux sociaux), ils n'ont aucun esprit critique capable d'analyser une image ou une info. On a tardé à prendre en compte cette éducation à l'image et l'Education Nationale a un rôle essentiel à jouer dans ce domaine.
Beaucoup de questions ont été posées à Iannis Roder (notamment par les représentants de l'Académie du Rhône), sur l'éducation dans les familles, l'enseignement des nationalismes dont le sionisme, sur l'enseignement du fait religieux, sur l'enseignement des autres génocides pour mieux singulariser la Shoah, sur l'absence des académies de la région parisienne aux stages du Mémorial de la Shoah, sur les formations enseignantes interdisciplinaires nécessaires, sur l’inefficacité du redoublement etc…
Des réponses ont été apportées par Iannis Roder, avec la conviction
- qu'il faut enseigner aux élèves  la "Nation" plutôt que la "République",
- que le redoublement ne sert à rien dans 99% des cas,
- que la formation, l'éducation aux média et à l'information est essentielle,
- qu'il faut expliquer qu'un génocide, c'est l'éradication de tout un peuple à la surface de la terre et que c'est aussi l'omniprésence des absents (Pologne)
- que c'est le questionnement des élèves qui nécessite le besoin des enseignants à se former (2500 professeurs formés en 2014, au Mémorial de la Shoah)
- que les efforts de formation doivent concerner tout le corps enseignant ainsi que le personnel de direction des établissements scolaires.
De longs applaudissements ont clôturé cette soirée enrichissante et de chaleureux remerciements ont été adressés à Iannis Roder, très touché par l'accueil et l'attention qui lui ont été réservés.