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Publié le 9 Décembre 2014

La Commission pour les Relations avec les Musulmans du CRIF reçoit deux Vice-Présidents du CFCM

Par Jean Corcos, Président délégué de la Commission

Maître Chems-Edine Hafiz et Monsieur Anouar Kbibech ont été reçus par notre commission le mercredi 3 décembre 2014. Monsieur Robert Ejnes, Directeur Exécutif du CRIF, participait à cette réunion.

Pour rappel, ils sont tous les deux Vice - Présidents du Conseil Français du Culte Musulman, le troisième étant M. Ahmet Ogras, Président du Conseil de coordination des Musulmans turcs de France (CCMTF). Comme suite à la réorganisation du CFCM du printemps 2013, il a été décidé une direction collective et "tournante" de l'Institution. Ainsi, le Président actuel est Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP). M. Kbibech, actuel Président du Rassemblement des Musulmans de France (RMF), assurera la Présidence pour deux ans à partir de juin 2015 jusqu'en 2017 ; puis, la Présidence sera assurée par M. Ogras.

M. Anouar Kbibech a d'abord retracé sa carrière qui a été à la fois celle d'un cadre supérieur de l'industrie, et d'un gestionnaire du culte musulman. Natif du Maroc, il est entré en 1983 à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussée, et il est actuellement directeur des Systèmes d'Information chez un important opérateur des télécommunications.  En ce qui concerne le RMF, cette association fédère environ 550 mosquées en France, dont les fidèles sont en grande majorité des originaires du Maroc.

M. Hafiz lui est avocat, et est responsable d'un important cabinet regroupant des confrères de toutes les confessions ; il avait tenu en particulier à ce que l'accompagnent au CRIF deux collègues, un Juif et un Chrétien. Avocat de la GMP depuis 1997, il a participé à "l'Ishtikhara" ("consultation"), lancée par Jean-Pierre Chevènement, alors Ministre de l'Intérieur, pour l'organisation du culte musulman, phase préliminaire à l'établissement du CFCM par Nicolas Sarkozy en 2003. A titre personnel, il a souhaité créer le pendant musulman du Fond Social Juif Unifié qui avait commencé à l'aider, mais ce projet n'a malheureusement pas abouti.

En ce qui concerne les pouvoirs, réels ou ressentis du CFCM, nos invités ont apporté les précisions suivantes :

- l'écrasante majorité des Musulmans de France sont de rite sunnite-malékite, et ne reconnaissent pas une hiérarchie de type pyramidal, que soit au niveau des Imams qui guident uniquement la prière, ou des Conseils Régionaux du Culte Musulman (CRCM), chargés de l'organisation du Culte dans les différentes régions. le CFCM, lui, représente le culte au niveau national, mais ne prétend pas représenter "les Musulmans de France" ;

- En raison de rivalités passées, il a été décidé une direction collégiale représentant les fédérations de mosquées les plus importantes ;

- Cependant, après avoir été intégrée dans le CFCM, l'Union des Organisations Islamiques de France (qui représenterait environ 150 mosquées d'après nos invités) s'est retirée en juin 2013 ;

- Il y a environ 2.500 mosquées en France au total.

En ce qui concerne la lutte contre le radicalisme, et les moyens de maintenir les lieux de culte en dehors de la propagande salafiste, M. Kbibech nous a fait un exposé sur un document important, publié en français et en arabe, la "Convention citoyenne des Musulmans de France". Ce document, a été élaboré après 9 mois de travail, à partir de septembre 2013. Il figure in extenso sur le site du CFCM, et il avait été mis en lien par la newsletter du CRIF. Cette convention rappelle toutes les obligations à respecter dans l'exercice du culte, qu'il s'agisse en particulier du respect de la laïcité, du respect de lois de la République (égalité des Femmes, tenues vestimentaires), et de l'impératif de respect des autres religions monothéistes, tel qu'il est mentionné dans le Coran.

Par ailleurs, et d'après nos invités, la radicalisation se fait essentiellement en dehors des Mosquées, par l'Internet et par des réseaux difficiles à contrôler.

Une discussion très riche a clôturé cet exposé, portant notamment sur : l'insuffisance du dialogue judéo-musulman (alors que le dialogue islamo-chrétien marche bien) ; la nécessite de part et d'autre de "ne pas choisir ses interlocuteurs"; le phénomène "d'auto-radicalisation".