Le 9 décembre 2012, la SHJT rappellera le souvenir de la rafle des Juifs de Tunis

Après la prise d’otages parmi les notables de la Communauté, la jeunesse juive fut enfermée dans des camps et astreinte de travailler pour l’occupant dans des conditions contraires aux droits de la personne humaine. Plus d’une quarantaine de jeunes moururent dans ces camps, fusillés sous le prétexte de tentatives d’évasion, victimes d’actes de sadisme, de mauvais traitements et de l’absence d’hygiène. Des amendes collectives furent infligées à la population juive, des milliers de meubles et d’objets emportés en Allemagne, et quelques déportations heureusement arrêtées lorsque les Alliés à partir d’avril 1943 eurent la maîtrise de l’air et de la mer.

L’action anti-juive en Tunisie était dirigée par le Colonel S.S. Walter Rauff, sinistre criminel de guerre, qui à Berlin avait été en charge des terrifiants camions à gaz, dans  lesquels avaient péri avant  la construction  de chambres à gaz dans des camps, des milliers de Juifs, des Etats Baltes jusqu’à la Yougoslavie. En 1942, Rauff avait été envoyé à Athènes à la tête d’un Kommando spécial  avec la mission dans la perspective de la victoire de l’Afrika Korps, de pénétrer en Egypte et en Palestine à la suite des armées et d’y liquider tous les Juifs. La défaite de Rommel  poursuivi par la VIIIème Armée Britannique et la Division française libre commandée par Koenig, ont propulsé Rauff à Tunis en novembre 1942. Sans nul doute, il prépare les moyens d’accomplir la mission qu’il n’a pas pu accomplir en Egypte et en Palestine.  Heureusement  la déportation des Juifs tunisiens rendue impossible par la maitrise maritime et aérienne conquise par les Alliés et la défaite de l’Axe en Tunisie début mai 1943.

Il n’en demeure pas moins, comme le souligne Serge Klarsfeld,  « que les Juifs de Tunisie ont connu l’angoisse, les rançons, les pillages, les souffrances du travail forcé et des dizaines de morts. »

Comme chaque année, une cérémonie déroulera le dimanche 9 décembre 2012 au Mémorial de la Shoah à l’initiative de la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie  et sous la présidence effective de Monsieur Gilles Bernheim Grand Rabbin de France, et en présence de représentants du corps diplomatique et de différentes personnalités religieuses, civiles et militaires et notamment de Richard Prasquier, Président du CRIF.

Le souvenir des victimes des persécutions raciales est associé au souvenir des Juifs de Tunisie tant de nationalité française que de nationalité tunisienne engagés volontaires dans les Armées françaises, morts au Champ d’Honneur, et parmi lesquels le glorieux Max Guedj natif de Sousse, Compagnon de la Libération.

Cette année, la date de la cérémonie correspond à la date du 70ème anniversaire de la Rafle de Tunis.(9 décembre 1942). Elle entre dans le champ des commémorations qui ont marqué l’année 2012 : 70ème anniversaire de la grande rafle parisienne dite « Rafle  du Vel d’Hiv », 70ème anniversaire du départ du premier convoi de déportés du territoire français. Ce rapprochement calendaire intègre bien les persécutions subies par les Juifs de Tunisie dans le projet nazi d’éliminer les Juifs de toute la surface de la terre, tel  qu’il avait été arrêté à Wansee au début de l’année 1942.

Une rencontre sur le thème de la persécution des Juifs de Tunisie se tiendra l’après-midi du même jour à l’auditorium du Mémorial avec la participation de Serge Klarsfeld, Abdelkrim Allagui, Damien Heurtebise, Claude Nataf et Ariel Danan, et de victimes de la Rafle du 9 décembre 1942. Le débat sera présidé par Catherine Nicault, professeur à l’Université de Reims.