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Publié le 21 Janvier 2013

Marseille : une ville émue aux larmes

 

Intense émotion dimanche 20 janvier 2013 lors des cérémonies commémorant les rafles du Vieux-Port et de l'Opéra en janvier 1943.

 

Du discours de l'adjoint au maire José Allegrini s'achevant dans les larmes au récit insoutenable des rescapés de la Shoah en passant par le Chant des Marais magnifiquement entonné par la chorale hébraïque Renanim, cette matinée du janvier restera dans les mémoires comme l'une des commémorations à la plus grande intensité émotionnelle.

"Le déni est une menace pour l'avenir", soulignait pour sa part la présidente du CRIF, Michèle Teboul, rappelant que 780 juifs avaient été "raflés" en ces lieux

 

Il est vrai qu'au plus haut niveau de l'État, il avait été décidé que l'évocation du souvenir des rafles marseillaises dans les quartiers du Vieux-Port et de l'Opéra devrait revêtir, en cette année anniversaire, une dimension et un caractère particulier, dans le sillage de celle de la rafle du "Vel d'Hiv".

 

À la demande expresse du président de la République François Hollande, deux membres du gouvernement avaient donc fait le déplacement hier dans la cité phocéenne : Kader Arif, ministre délégué en charge des Anciens combattants, et Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion.

 

Marie-Arlette Carlotti ouvrait cette journée en présidant une première cérémonie devant le Monument des Mobiles, en haut de la Canebière, en présence des autorités civiles et militaires. Des gerbes y étaient déposées par les élus et les présidents d'associations, accompagnés d'élèves du collège Anatole-France. L'occasion pour les porte-parole de déportés de poser la question qui taraude bien des Marseillais depuis la destruction des vieux quartiers du port et l'évacuation de leurs habitants : "S'agissait-il de faits de guerre ou d'une sordide spéculation immobilière ?"

 

Pour la ministre, une chose est sûre en tout cas : "Ces actes ont été rendus possibles par la volonté commune du régime nazi et du gouvernement de Vichy. Ceux qui les ont commis ont non seulement piétiné la nation française, mais aussi l'humanité tout entière".

 

Puis les personnalités se dirigeaient vers la place de l'Opéra où, il y a soixante-dix ans, se déchaînait la barbarie nazie. Accueillies par un détachement d'honneur du Groupement de soutien de la base de Défense de Marseille-Aubagne et la musique de la Légion étrangère, les autorités étaient reçues sous le grand chapiteau dressé par le CRIF.

 

Près de 300 personnes y avaient pris place pour ne rien manquer de l'événement. Parmi elles, de nombreuses familles meurtries, disloquées, et quelques rares rescapés des camps de la mort, comme Denise Toros-Marquer ou Ida Palumbo qui malgré le poids des années, continuent de témoigner et porter la voix de leurs camarades disparus. "Le déni est une menace pour l'avenir, soulignait pour sa part la présidente du CRIF, Michèle Teboul, rappelant que 780 juifs avaient été "raflés" en ces lieux.

 

Les deux membres du gouvernement se dirigeaient ensuite vers la rue Thubaneau pour une visite du Mémorial de la Marseillaise. L'occasion pour Kader Arif, comme d'ailleurs Marie-Arlette Carlotti quelques minutes auparavant, de rappeler que "les soldats français actuellement engagés au Mali ne se battent pas seulement au nom de notre amitié avec ce pays, mais pour défendre les valeurs de la République, de la démocratie et de la liberté".

 

Puis les délégations se rendaient au Pharo, siège de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, à l'invitation de son président Eugène Caselli. Kader Arif y apportait la conclusion de cette journée hors du commun : "La République s'honore chaque fois qu'elle peut regarder son histoire avec vérité et non par repentance".

 

Philippe Gallini

 

Source: http://www.laprovence.com/article/actualites/marseille-une-ville-emue-aux-larmes

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