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Publié le 25 Février 2013

Ron Refaéli : « Les attentats de Toulouse et de Sarcelles ont donné de la force aux antisémites »

 

Propos recueillis par Laëtitia Enriquez, pour l’édition n°1245 d’Actualité Juive du 21 février 2013.

 

Le Service de Protection de la Communauté Juive a remis ce mercredi 20 février son rapport annuel sur l’antisémitisme en France*, qui révèle une augmentation de 58% des actes antisémites perpétrés en 2012. Retour, avec son directeur général, sur cette année noire.

 

Actualité Juive : Le rapport du SPCJ révèle que les actes antisémites ont augmenté de 58% en 2012 par rapport à l’année précédente et les agressions physiques et verbales ont augmenté de 82%.Une grande partie de ces actes ont été perpétrés dans la foulée de la tuerie de Toulouse et de l’attentat contre le supermarché de Sarcelles. Comment l’expliquer ?

 

Ron Refaéli : C’est en effet la première fois que des situations conjoncturelles franco-françaises – la tuerie de Toulouse et le démantèlement de la cellule antiterroriste après l’attentat de Sarcelles – et non pas un contexte international, créent un pic de violences antisémites. A ces deux reprises, la dénonciation d’un fait antisémite grave a provoqué, par mimétisme, une poussée  d’antisémitisme dans la foulée. Après Toulouse et après le démantèlement, nous avons assisté à une réaction épidermique des antisémites sur tout le territoire français, qui ont reproduit des schémas et qui semblent avoir ressenti une liberté d’agir à ce moment-là.

 

Cette flambée de l’antisémitisme constatée après des actes graves représente une inquiétante nouveauté…

 

C’est un paradoxe absolu. Loin de susciter une prise de conscience générale à travers toute la société, on a eu le sentiment que ces attentats de Toulouse et de Sarcelles ont donné une légitimité, de la détermination et de la force aux antisémites.

 

Quel est le profil général des agresseurs et auteurs d’actes antisémites ?

 

Certes, nous n’avons pas une approche statistique, néanmoins la très grande majorité des victimes des agressions physiques que nous avons prises en charge au SPCJ décrivent leurs agresseurs comme étant de type nord-africain. Le fait de le dire n’a pas pour but de stigmatiser une minorité mais de nommer le mal pour le connaître, le comprendre et le combattre.

 

Le rapport indique que 69% des violences antisémites sont commises sur la voie publique. Qu’en est-il de l’assistance à personne en danger lorsque ces attaques sont perpétrées ?

 

Malheureusement, l’antisémitisme et son expression violente sur la voie publique n’échappent pas à une réalité d’égoïsme et de manque de réaction de la part des autres concitoyens. D’une manière globale, et qu’il s’agisse d’une agression antisémite ou non, on ne porte malheureusement pas secours, par peur, par lâcheté ou par manque d’éducation.

 

55% des violences racistes perpétrées en France en 2012 ont été dirigées contre des Juifs. Que révèle ce chiffre ?

 

C’est la première fois que nous pointons de façon aussi précise cette réalité. Ce chiffre est à mettre en perspective avec la réalité démographique estimée de la communauté juive. Il prouve à tous ceux qui estiment que l’antisémitisme ne serait qu’un particularisme du racisme qu’il possède aussi une spécificité. Ce chiffre prouve en effet qu’un Juif court beaucoup plus de risques de se faire agresser que n’importe quel autre individu appartenant à une minorité. En outre, alors que les actes antisémites ont augmenté de 58%, les autres actes racistes et xénophobes ont augmenté de 6%. 

 

(1)Consultable sur le site spcj.org