Actualités
|
Publié le 26 Octobre 2015

"Si seulement il n’avait pas été assassiné"

Yossi Beilin, l'un des architectes des accords d'Oslo, se pose la question depuis 20 ans...

Publié sur I24 News le 25 octobre 2015
Parmi toutes ces choses qui ont été dites et écrites sur Yitzhak Rabin à l’occasion des vingt ans de son assassinat, certains ont aussi tenté d’imaginer ce qu’il serait arrivé s’il n’avait pas été assassiné. En réalité, il n’y a aucun moyen de le savoir, et chacun d’entre nous tente d’entrevoir cette option en fonction de son opinion politique. Il est vrai aussi que les sondages n’ont pas été flatteurs à l’égard de Rabin. Les élections, qui devaient avoir lieu en novembre 1996 étaient également censées être les premières d’Israël suivant le système de vote à deux bulletins : l’élection directe du Premier ministre et le vote pour la liste de la Knesset (parlement israélien, ndlr).
Dans l’affrontement entre le jeune leader du Likoud, Benyamin Netanyahou et le Premier ministre âgé de 73 ans, Itzhak Rabin, les sondages menés en 1995 ont présenté une égalité, voire parfois un léger avantage pour Netanyahou, dû au niveau de violence palestinienne. Cette option de défaite aux élections ne peut évidemment pas être réfutée, même si Rabin disposait encore d’une année importante au poste de dirigeant de l’Etat, et il est probable que durant la fin de l’année 1995 et l’année 1996, il ne se serait pas abstenu d’appliquer d’importantes initiatives.
Au début du mandat de Rabin en tant que Premier ministre, j’occupais le poste de vice-ministre des Affaires étrangères, tandis qu’à la fin je fus ministre de l’Economie et de la Planification. Pendant près de deux ans, j’ai mené des négociations secrètes et non formelles avec celui qui est aujourd’hui président palestinien, Mahmoud Abbas, et qui fut à l’époque président du Comité exécutif de l’OLP, afin de définir une frontière pour un accord permanent, y compris une carte précise sur l’échange de terres, sur la base de la ligne verte (frontière de 1967, ndlr). Le samedi 30 octobre 1995, Abbas s’est rendu dans mon bureau à Tel Aviv à l’occasion d’un évènement auquel participaient tous les membres de cette négociation. Parmi d’autres, Yaïr Hirschfeld, Ron Pundak et Nimrod Novik faisaient partie de la délégation israélienne.
Nous avions conclu de présenter nos conclusions à Arafat et à Rabin quelques jours plus tard. Juste après l’évènement, la deuxième conférence économique régionale avait lieu à Amman. Je m’y suis rendu aux côtés de Rabin, et sur la route je lui ai dit qu’en revenant de mon voyage prévu aux Etats-Unis, j’aurai besoin de m’entretenir avec lui longuement. Il ne m’a pas demandé à quel sujet, mais nous avions conclu de nous voir. Evidemment, la rencontre n’a pas eu lieu. Quant à l’accord et les cartes, c’est à Shimon Peres que je les ai présentés, en charge de remplir ses fonctions, mais à l’époque, il n’était pas prêt à faire avancer la question. J’ai alors informé Abbas qu’il n’y avait pas de quoi vérifier cela avec Arafat.
Même si je suis conscient que cette question puisse être infantile, je reconnais que me demander ce qu’il serait arrivé si Rabin n’avait pas été assassiné n’a pas quitté mon esprit depuis vingt ans. Tout aurait pu arriver. Peut-être qu’il aurait poursuivi la mise en œuvre de l’accord d’autonomie, aurait transféré toutes les villes aux mains des Palestiniens, y compris Hébron, m’aurait demandé d’examiner les commentaires d’Arafat sur l’accord “Beilin-Abbas”, et dans le cas où il aurait eu un retour positif, il aurait entamé des négociations intenses sur cette base... Lire l'intégralité.