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Publié le 14 Novembre 2014

Un monument commémore la destruction de l’ancien cimetière Juif de Thessalonique (Salonique), en Grèce

Par Michel Azaria

Il vient d’être inauguré sur une des collines de l’Université Aristote. Il s’agit d’un ensemble commémoratif très évocateur et réussi conçu par une équipe israélienne. S’y trouvent notamment cinq stèles en grec, anglais, judéo-espagnol, hébreu et français avec un texte identique rappelant l’action destructrice des « nazis et leurs collaborateurs ».

Rappelons que l’ancien cimetière qui datait de l’Empire romain et qui conservait encore des tombes d’avant 1492 mais également, bien entendu, des premiers Juifs décédés en exil après leur expulsion d’Espagne couvrait plus de 350.000 m² et comprenait plus de 300.000 tombes. Aujourd’hui, l’Université Aristote occupe une grande partie de l’ancien cimetière.

Le 6 décembre 1942, 500 ouvriers payés par la Municipalité, procédèrent à une destruction systématique et à une récupération des pierres tombales comme matériaux de construction encore visibles aujourd’hui dans la ville.

Peu de temps après ce fut la communauté, elle-même, qui fut exterminée dans sa quasi-totalité à Auschwitz.

La cérémonie a eu lieu le 9 novembre dernier et s’est déroulée en présence des autorités politiques nationales et régionales, religieuses grecques orthodoxes, communautaires et diplomatiques dont notamment la nouvelle ambassadrice d’Israël, Irit Ben Abba, le Consul Général de France Christophe Le Rigoleur et les consuls d’Allemagne, de Bulgarie, des Etats Unis, de Finlande et de Roumanie. Etait présent, Michel Azaria, vice-Président de JEAA, représentant le CRIF.

La cérémonie a duré une heure trente avec de nombreux discours. Hommage a notamment été rendu aux deux recteurs (l’ancien et l’actuel) de l’Université Aristote qui ont pris l’initiative de cette reconnaissance historique ainsi qu’au tenace et dynamique Président de la communauté juive de Thessalonique, David Saltiel.

Le discours le plus remarqué, le seul interrompu par des applaudissements, a été celui de Yannis Boutaris, maire de Thessalonique, portant kippa, qui comme à son habitude (voir la Lettre du CRIF, Edition spéciale du 7 avril 2014, « La fin du silence en Grèce ? »)  n’a pas mâché ses mots. Il a notamment déclaré, soixante-dix ans après, au nom de la ville, «avoir honte de ce silence injuste et coupable, honte pour ces collaborateurs Thessaloniciens qui ont collaboré avec les envahisseurs, pour les voisins qui ont détourné des fortunes, honte pour les autorités de la ville, le maire et le gouverneur général qui ont accepté sans protestation la destruction d’une mémoire de 500 ans et la conversion du plus grand Juif cimetière Juif d’Europe en un simple souvenir.»  Il a ensuite assumé l’histoire de la municipalité et exprimé sa « honte de ces recteurs qui, après la guerre ont construit un campus à côté et au-dessus des tombes endommagées sans ériger une plaque commémorative. » Il a conclu en rappelant, comme il le fait chaque fois qu’il en a l’occasion, que la perte de la quasi-totalité de la communauté juive est une perte pour tous les Thessaloniciens Chrétiens, Juifs, Musulmans, athées et agnostiques de cette époque et d’aujourd’hui.

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