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Publié le 19 Septembre 2012

Une comparaison honteuse

Nous publions rarement des textes de François Burgat. Cet islamologue, directeur de recherche au CNRS dirige depuis 2008 l'Institut français du Proche-Orient qui dépend en très grande part du ministère des Affaires étrangères. Sa parole a donc un certain poids ou pour le moins une certaine signification. Or, M. Burgat n'est pas seulement  anti-israélien, il est un militant de l'islamisme. Sa partialité s'exprime sous un  aspect caricatural dans le texte publié sur l'Express.fr que nous reproduisons ci-dessous.

La distinction entre la liberté de critiquer les religions et l'interdiction d'inciter à la haine envers les fidèles de ces religions est capitale

M. Burgat met en parallèle les protestations contre les actions violentes des foules musulmanes réagissant au film sur l'innocence de l'Islam et la réaction des Occidentaux (le CRIF y a eu sa part) obtenant il y a quelques années l'interdiction d’Al Manar. Sous  la rubrique bien classique des "deux poids, deux mesures", M. Burgat considère comme hypocrites ceux qui protestent aujourd'hui contre la colère des musulmans (combien de morts?) au nom de la liberté d'insulter la religion, alors qu'ils avaient empêché dans le passé Al Manar d'exprimer ses opinions.

 

Pour mémoire, Al Manar, la télévision du Hezbollah, toujours d'ailleurs très prospère dans le monde musulman,  présentait un film où les Juifs effectuaient des crimes rituels. A croire que cela est une opinion comme une autre...

 

La distinction entre la liberté de critiquer les religions et l'interdiction d'inciter à la haine envers les fidèles de ces religions est capitale. Il est étonnant qu'un homme comme M.Burgat ne veuille pas l'admettre.

 

Je vais donc utiliser ma propre liberté d'expression pour écrire publiquement que cette comparaison faite par M. Burgat est  ignoble et  indigne du scientifique qu'il devrait être...

 

Richard Prasquier

Président du CRIF

 

Violences anti-américaines: "Il ne suffit pas de condamner les auteurs du film"

 

Par François Burgat

 

Les protestations meurtrières organisées contre L'innocence des Musulmans, vilain petit film ridiculement haineux ne sont certes pas une expression de bonne santé des sociétés (ou plus exactement des franges extrêmes des sociétés) qui ont opté pour une contre violence radicalement disproportionnée avec la réalité du dommage. Ces réactions constituent, faut-il le redire, une expression d'impuissance plutôt que de force. Aux kilomètres de commentaires écrits sur ce registre, je souscris donc sans réserve.

 

Il convient tout de même de rajouter au puzzle du débat une pièce qui y fait à mes yeux singulièrement défaut. Dans la défense de leurs tabous respectifs, les sociétés courent d'autant plus le risque de voir s'exprimer leurs extrêmes que leurs Etats le font peu ou mal; ou, plus exactement, qu'ils sont, pour le faire, du mauvais côté du rapport de force planétaire.

 

Un exemple parmi tant d'autres suffit à l'illustrer: lorsqu’en 2004, la chaîne de télévision Al-Manar, qui appartient au Hezbollah libanais, a été accusée de diffuser un feuilleton considéré comme antisémite, les "masses" occidentales et leurs possibles franges extrêmes n'ont pas eu à se mobiliser pour faire cesser l'offense: ce sont en effet les Etats qui l'ont fait, et avec les remarquables résultats que l'on sait. 

 

Ce n'est pas seulement le feuilleton répréhensible qui a été interdit, mais bien... la chaîne de télévision tout entière, dont la diffusion a été stoppée, notamment en France et aux Etats-Unis, au terme d'une très unanimiste mobilisation politico-judiciaire d'une rare efficacité.

 

Cette donnée doit impérativement faire partie de notre condamnation des violences en cours. Outre les auteurs du film, cette condamnation doit certes viser tous ceux qui lui font l'honneur de leurs manifestations excessives. Mais elle doit également englober ce curieux système qui permet à l'auteur d'un pamphlet haineux de prospérer à l'abri de la protection sourcilleuse de sa "liberté d'expression" alors que ce même système est si prompt et si remarquablement efficace à réagir lorsque ce sont ses tabous et non ceux de l'autre qui sont mis à mal.

 

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/violences-anti-americaines-les-tabous-des-uns-et-les-tabous-des-autres_1162502.html

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