Crif Toulouse Midi Pyrénées : discours du Président Crif régional (et vidéo)

 
La cérémonie à la mémoire plusieurs victimes plusieurs crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommages aux «Justes» de France qui s’est déroulée, hier matin devant près de 200 personnes, avait united nations retentissement singulier trois jours après l’attentat meurtrier de Nice. Et davantage encore lorsqu’ont résonné la Marseillaise et le Chant plusieurs partisans. Avant l’ensemble des dépôts de gerbes au pied du Monument départemental de Résistance et en Déportation, plusieurs discours ont rappelé l’ensemble des horreurs perpétrées componen l’ensemble des nazis, auteurs du génocide de près de six millions de Juifs pendant la seconde guerre mondiale. C’est Franck Touboul, président du Crif Midi-Pyrénées (conseil représentatif plusieurs institutions juives de France), qui a pris la parole le premier.
 
Rendant united nations hommage appuyé aux «Justes», ces Français qui ont protégé plusieurs juifs pourchassés componen l’ensemble des Allemands. «Ils ont dit leur refus d’un régime de terreur, d’injustice et d’humiliation. Ils ont choisi le combat contre l’ensemble des ténèbres du mal et se sont opposés à l’assassinat de masse perpétré contre plusieurs innocents sans défense. ce fut pour l’autre France, républicaine, la France plusieurs Lumières, plusieurs droits de l’Homme et du cœur, en tolérance, en liberté, de s’exprimer en faisant plusieurs pieds de nez aux artists de l’atroce machine à tuer. À l’heure où l’ensemble des fondements mêmes de notre démocratie sont ébranlés componen l’émergence d’un terrorisme protéiforme forcené, sanguinaire, obscurantiste et la montée en puissance d’un mouvement antisémite, xénophobe et antidémocratique, nous pensons que le combat pour la mémoire est united nations acte de prophylaxie social et citoyen (…)», a déclaré le président du Crif... Lire l'intégralité dans la Dépêche.

19/20 Midi-Pyrénées

Discours de Franck Touboul
 
« Il est dans la vie d’une Nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. La France est la terre des Droits de l’Homme.
 
Qu’un crime tel que celui que nous évoquons aujourd’hui ait été commis sur son sol, avec la complicité active de certains de nos concitoyens est une injure faite à notre histoire et à notre génie national. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français !».
 
C’est par cette déclaration solennelle faite il y a plus de 20 ans, qui eut un immense retentissement en France et dans le monde, que Jacques CHIRAC, Président de la République, reconnaissait, pour la première fois depuis la fin de la guerre, la responsabilité directe de l’État français dans l’arrestation, la déportation et l’extermination de près de 80.000 juifs français et étrangers, mais aussi de Tziganes, de résistants ou d’homosexuels précipités dans la même tourmente.
 
Permettez-moi de saluer la mémoire des 49 victimes d’Orlando.
 
Cette année marque le 74e anniversaire de la Rafle du Vélodrome d’hiver du 16 juillet 1942 et des deux jours qui suivirent ainsi que des rafles au sud de la ligne de démarcation du mois d’août 1942. Ce qui est advenu là est bien pire qu’une tragédie : c’est une infamie nationale.
 
Nous nous devons donc d’être fidèles au rendez-vous de la mémoire et d’incarner à jamais ce cri silencieux, étranglé dans ces milliers de gorges par-delà le temps, d’être pour l’éternité ces vieillards piétinés, ces enfants massacrés, ces femmes écartelées, ces hommes écorchés se consumant sans espoir dans la géhenne nazie.
 
« Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons » disait le poète Paul ELUARD. On doit aux morts la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité. Ainsi sommes-nous rassemblés pour honorer la mémoire des victimes de la Rafle du Vel »d’Hiv, cyniquement dénommée « Vent Printanier », au cours de laquelle 12884 juifs, hommes, femmes et enfants furent honteusement arrêtés par la police française, la gendarmerie et les gardes mobiles sous les ordres de René BOUSQUET, parqués dans des conditions ignominieuses pour être déportés dans des wagons plombés, comme du vulgaire bétail, vers Drancy, Beaune-la Rolande ou Pithiviers puis vers Auschwitz où la plupart furent gazés et brûlés par les nazis dès leur arrivée. Des 75721 juifs déportés de France, 73221 ne sont jamais revenus. C’est André NEHER qui affirmait : « L’aventure millénaire de la pensée humaine a subi à Auschwitz son échec intégral ».
 
Comment le cataclysme concentrationnaire, événement d’indicible horreur qui ne peut ressembler à aucun autre, qui fait éclater toutes les catégories habituelles d’analyse et de pensée a-t-il pu se produire au cœur d’une Europe éclairée et en plein 20e siècle ? La monstrueuse machine à broyer les Juifs, uniquement parce qu’ils étaient nés, ne pouvait fonctionner que grâce à d’innombrables complicités, du bureaucrate qui tenait les bordereaux des victimes au mécanicien des convois qui menaient les pitoyables cargaisons humaines aux chambres à gaz. C’est le terrible constat que fait le Professeur Ady STEG : « La persécution contre les Juifs, ce sont des bureaux d’étude, des architectes, des ingénieurs ,des entrepreneurs, des gendarmes, des hommes d’affaires, des transporteurs, des grands services de l’État ,des chercheurs autant que des SS. C’est un système global de meurtre de masse conçu comme une souricière abominable pour qu’aucun juif ne puisse s’échapper ». La seule faiblesse des Juifs est d’être restés des hommes dignes, d’avoir cru en l’homme et de n’avoir jamais pu concevoir qu’ils avaient en face d’eux des bêtes féroces et sanguinaires. Après les lois anti-juives d’octobre 1940, promulguées par le Gouvernement de Vichy, les Juifs fichés, marqués de l’étoile jaune, spoliés, traqués, exclus de la communauté nationale ne pouvaient qu’être des proies faciles et vulnérables. La curée pouvait commencer…
 
Plus de soixante-dix ans après la libération des camps de concentration et d’extermination, notre conscience pourrait se sentir apaisée et soulagée puisque la mémoire de la Shoah semble enfin être reconnue comme un des outils indispensables à la réintroduction de l’éthique dans la marche de l’Humanité.
 
Et pourtant, dans le même temps, l’utilité de cette mémoire, dont on murmure qu’elle devient quelque peu encombrante parce qu’elle empêche de diaboliser en rond, est contestée de plus en plus bruyamment, et suscite controverses perfides et polémiques douteuses. Ce fameux goût de la transgression. Cette course stupide à la concurrence victimaire, les comptabilisations morbides et indécentes, les amalgames fielleux, les mensonges les plus scandaleux brouillent, minorent, banalisent ce que fut la destruction scientifique des Juifs d’Europe avec pour corollaire obligé la remise en cause de plus en plus explicite de l’existence de l’État d’Israël. De l’ONU à L’UNESCO une même transgression : victime d’une entreprise ignoblement concertée et aveugle de boycott et cause ontologique de tous les malheurs du monde, suscitant la résurgence d’un antisémitisme, de droite comme de gauche, hystérique dont la gravité et la violence ont atteint des sommets. Il s’en trouve même, et de plus en plus nombreux, pour s’en prendre non plus aux juifs, mais à la mémoire collective ainsi, le négationnisme devient une parole politique immonde de haine pure qui n’a rien à faire de la vérité historique, mais qui réunit curieusement dans une même détestation du Juif et d’Israël, l’extrême droite, l’ultragauche et le fondamentalisme djihadiste.. Étrange triolisme politique… qui peut générer de nouvelles tragédies. De ce point de vue, vous auriez tort de considérer que l’antisémitisme reste le problème des juifs.
 
Mais nous sommes ici pour témoigner également que l’honneur de l’Homme fut néanmoins sauvé par l’action courageuse d’une poignée de Justes qui, souvent au péril de leur vie, parvinrent à arracher des centaines de pauvres gens traqués, éperdus, aux abois, aux griffes de la Milice et de la Gestapo et leur ouvrirent des chemins de lumière faits de fraternité et d’amour… Ceux qui n’ont pas accepté de voir la République renier ses enfants les plus fidèles et les plus aimants pour les livrer aux bourreaux ont fait naître deux forces d’opposition à la persécution ; d’une part, la masse des juifs, pourtant très légalistes, qui accepte l’idée de la clandestinité comme stratégie de survie ou qui s’engage de façon héroïque dans les réseaux de Résistance et d’autre part le mouvement de solidarité active d’une partie de la population française avec les persécutés.
 
On assiste en particulier après le prêche poignant de Monseigneur SALIEGE à Toulouse et de Monseigneur THEAS à Montauban à un tournant radical de l’attitude de l’opinion publique qui est passée de la délation ou de l’indifférence aux actes de complicité active et de solidarité. Ce « retournement des cœurs », comme le nomme l’historien Pierre LABORIE, explique le fait majeur de la survie des trois quarts des Juifs de France. Il n’y a pas de savoir sans mémoire et pas de mémoire sans savoir. C’est l’honneur de la France de pouvoir à présent regarder son passé bien en face et identifier à la fois ses faiblesses et sa grandeur, ses fautes et ses forces. C’est pourquoi il était légitime d’instituer également cette journée comme un hommage de la France et des Juifs à ces Justes parmi les Nations qui refusèrent de vivre à genoux dans la lâcheté et le déshonneur et qui, au mépris de leur existence et de celle de leurs proches, eurent l’audace incroyable de protéger, de cacher, d’aider, de soutenir, d’aimer et de sauver ces pauvres innocents traqués. On trouve des Justes dans toutes les couches de la population et ils appartiennent aux niveaux de culture les plus variés. Ils sont paysans, prêtres, commerçants, diplomates, ouvriers, enseignants, chefs d’entreprise, policiers, médecins, artisans ou cheminots. C’est en vain que l’on chercherait d’autre dénominateur commun que leur refus d’un régime de terreur, d’injustice et d’humiliation.
 
Ils ont choisi le combat contre les Ténèbres du Mal et se sont opposés à l’assassinat de masse perpétré contre des innocents sans défense. Ce fut là l’occasion pour l’Autre France, la Républicaine, la France des Lumières et des Droits de l’Homme, du cœur, de la tolérance, de la Liberté, de s’exprimer en faisant des pieds de nez aux artisans de l’atroce machine à tuer et à leurs sicaires.
 
A l’heure où les fondements même de notre démocratie sont ébranlés par l’émergence d’un terrorisme protéiforme forcené, sanguinaire et obscurantiste et la montée en puissance d’un mouvement raciste, antisémite, xénophobe et anti-démocratique, nous pensons que le combat pour la mémoire est un acte de prophylaxie sociale et citoyenne .Unissons nos efforts pour faire barrage à l’intolérance et à la bêtise. Pacifiquement, démocratiquement, mais avec détermination, sans chercher à minimiser, le danger, à relativiser ou à chercher des excuses à l’intolérable et à l’inacceptable !La connaissance et la raison contre l’ignorance, l’éducation et la transmission de la mémoire contre l’endoctrinement et la haine, la tolérance et le respect de l’Autre contre tous les fanatismes et les discriminations : voilà le défi que notre démocratie doit relever.
 
L’homme a le pouvoir de choisir et de dire NON. Les Justes parmi les Nations sont un signe d’espoir et une leçon exemplaire de dignité et d’honneur pour l’avenir Ils demeurent, pour l’éternité, la mémoire bénie d’une civilisation qui fut en guerre contre elle-même pour la plus juste des causes : sa part éprise de liberté contre sa part ivre de barbarie. Pour ne pas oublier que la Lumière succède toujours aux Ténèbres, Albert CAMUS nous rappelle que « seule l’obstination de la Mémoire et du Témoignage peut répondre à l’obstination du Crime».
 
Permettez-moi de dédier cette journée au nom de l’institution que j’ai l’honneur de présider à notre ami et maître Elie Wiesel si souvent présent à Toulouse, il fut avec douceur, humilité et générosité un éminent témoin. Je pense aujourd’hui à sa femme et à ses enfants.
 
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