#Iran - Menacé de mort pour avoir chanté avec une israélienne

 
Par Leonardo Tajabadi, publié dans l'Obs Le Plus le 20 juillet 2016, sous le titre "Iranien, je chante pour la paix avec une artiste israélienne. On me menace de mort"
 
Le chanteur d’opéra iranien Leonardo Tajabadi, en exil à Strasbourg, est menacé de mort par les fanatiques de son pays d’origine. La raison ? Il a pris position sur la liberté des femmes en Iran et a enregistré une chanson avec une artiste israélienne.
 
En Iran, on ne peut chanter que des chansons d’amour. L’oratorio est interdit par la loi.
 
Je suis arrivé en France en 2005 pour devenir baryton et j'ai intégré pendant dix ans le conservatoire Rachmaninoff de Paris. Je me suis fait un petit nom à travers l’Europe : "Don Carlo", "La Traviata" en Italie, "Carmen" en France…
 
Mais récemment, le rêve a pris une toute autre tournure.
 
Cela faisait longtemps que je voulais écrire une chanson en hommage à l’artiste Fereydoun Farrokhzad, tué en  1992 par le régime iranien parce qu’il était homosexuel. 
 
Lorsque j’ai rencontré l’artiste israélienne Farzaneh Kohen et que je lui ai parlé de mon projet, il est apparu que nous devions la faire ensemble. Un duo, en persan et en hébreux, pour l’amitié entre nos peuples.
 
Depuis, j’ai reçu plusieurs menaces de mort, dans ma boîte aux lettres, ici, à Strasbourg, et par e-mails.
 
Avant la révolution islamiste, à l’époque du Shah, beaucoup d’Iraniens juifs vivaient dans le royaume alaouite. Avec l’arrivée de l’ayatollah Khomeini, ils ont fui en Israël ou les pays d’Europe. C’est le cas de nombre de mes amis.
 
C’est ce qui a été le moteur de ma collaboration avec Farzaneh Kohen : prôner la paix entre nos deux pays, dans nos langues respectives, pour que notre message soit audible par nos deux peuples.
 
Ça n’a pas plu aux fanatiques, qui avaient déjà commencé à s’en prendre à moi en octobre 2015, lorsque j’ai enregistré ma chanson "Ô, dame orientale", sur les droits des femmes iraniennes. Dès sa sortie, elle a fait grand bruit dans l’ancien pays du Shah – les radios iraniennes ne diffusent pas mes chansons, mais n’importe qui peut les écouter sur YouTube et à travers les médias israéliens et persans, en dehors d’Iran.
 
Ma mère s’est mise à recevoir des coups de fils anonymes dans notre maison de Téhéran. On l’a mise en garde : si son fils continuait dans cette voie, il lui arriverait quelque-chose.
 
J’ai donné des interviews pour faire la promotion de la chanson. Or le gouvernement a un œil sur tous les médias persans, mêmes sur ceux qui ne sont pas situés en Iran. Les menaces se sont précisées.
 
Je soupçonne les services secrets iraniens d’être à l’origine de ces menaces : comment, sinon, réussir à trouver l’adresse de ma mère et son numéro de téléphone en Iran, et dans le même temps mes coordonnées, ici, à Strasbourg ?... Lire l'intégralité.