Pour Jérusalem, la France doit tenir un discours de vérité, par Sacha Reingewirtz

 
Par Sacha Reingewirtz, Président de l'UEJF, publié dans le Blog du  Huffington Post le 19 octobre 2016
 
Elie Wiesel disait que celui qui oublie son passé est condamné à le revivre. Cet avertissement contre l'oubli et la falsification de l'histoire résonne tristement dans la farce révisionniste qui vient de se jouer hier à l'Unesco. Par un vote solennel, son Conseil exécutif réunissant 58 Etats vient d'acter une décision consacrant le caractère musulman de l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, effaçant par la même occasion son origine juive, celle du Mont du Temple, ainsi que son histoire chrétienne – celle de Jésus chassant les marchands du Temple ...
 
Cette décision ubuesque, qui a pourtant pour objectif honorable de "sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est", considère que préserver ce patrimoine demande de gommer les dimensions juive et chrétienne du Mont du Temple à Jérusalem ... en somme, faire table rase de l'essentialité de ce lieu dans l'histoire du peuple juif, et sa mention dans les textes chrétiens.
 
Contre toute attente, la France a laissé voter ce texte malheureux en s'abstenant. Il y a quelques mois, elle avait même voté pour. Position énigmatique et risquée de la part de notre diplomatie, qui souhaite relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. La France poursuit un noble combat en rappelant l'urgence des négociations de paix, mais pour y parvenir, elle devrait véritablement faire médiation. Faire médiation, ce n'est pas refuser de prendre position, mais au contraire s'accorder avec les parties sur un langage commun. Effacer l'histoire plurimillénaire du peuple juif sur la terre d'Israël, c'est hélas nier sa légitimité à y vivre. A quoi bon conduire des discussions entre deux peuples si l'on refuse à l'un le droit d'exister ?
 
L'abstention de la France est d'autant plus malvenue dans un contexte mondial où les forces djhadistes cherchent à réécrire l'histoire. On se souvient des images des Talibans dynamitant les bouddhas géants sculptés dans la roche en Afghanistan. Plus récemment au Mali, l'armée française mettait en déroute des groupes qui avaient tenté de faire disparaître tous les manuscrits et lieux sacrés soufis. Et l'on a tous vu les exploits télévisés de l'Etat Islamique s'évertuant à faire exploser les vestiges antiques de la cité de Palmyre ... Devra-t-on, demain, en France, céder à la pression de tel groupe qui imposerait de nier une histoire que les dérange ? Faudra-t-il rogner notre patrimoine commun pour plaire aux uns ? Revenir sur des acquis démocratiques pour plaire aux autres ?... Lire l'intégralité.