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Publié le 29 Juin 2006

Ilan Halimi, Le Canari dans la mine Par Jean-Paul de Belmont, Fabien Ghez, Yaël König, Pierre Lefebvre, Liliane Messika et Josiane Sberro (*)

L’association PRIMO-Europe (Pour une Rigueur de l’Information au Moyen-Orient) que préside le poitevin Pierre Lefebvre est, depuis 2002, à la pointe du combat contre la désinformation qui sévit dans notre pays dès qu’il s’agit du conflit proche-oriental ou des formes nouvelles de l’antisémitisme. Face à ce qu’ils considèrent comme une véritable déferlante, les militants de PRIMO multiplient les veilles médiatiques, les débats, les interventions auprès des autorités. Pour eux, la tragédie d’Ilan Halimi était depuis longtemps inscrite dans les faits et devait, inéluctablement, arriver. Ilan Halimi, disent-ils, c’est le canari dans la mine. Au XIXème siècle, en effet, les mineurs avaient pour habitude, avant de descendre au fond de la mine, d’emporter avec eux un canari dans sa cage qui était brandi devant eux par les premiers membres de l’équipe. Et si, par malheur, un gaz toxique s’échappait, le canari mourait le premier tout en avertissant les hommes et en les sauvant du même coup du coup de grisou. Ilan Halimi, tel le canari des « hommes au visage de suie », a été, lui aussi sacrifié à l’autel du gaz mortel de l’intolérance qui ronge notre société. Une société, livrée aux « Barbares », qui voit Sohane et Shérazade brûlées vives dans les cités de la violence dans l’indifférence, Ghofrane lapidée à mort par des « jeunes » complètement écervelés ou encore Sébastien Sellam, égorgé et énuclée aux cris d’ « Allah Hou Akbar ».


Dans le très beau livre collectif de réflexions sur l’ « affaire », les auteurs remontent parfois loin dans le temps pour tenter de cerner les contours du nouveau totalitarisme qui menace l’Occident. André Malraux lui-même, par-delà sa fameuse déclaration contestée sur la religiosité du XXIème siècle, est appelé à la barre des témoins. Dans un texte daté du 3 juin 1956, il écrivait : « C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’Islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles… »
Le décor est désormais planté dit Jean-Paul de Belmont qui explique : « Très vite, l’islamisme a imbibé l’ensemble de nos sociétés et a provoqué la montée d’un cran du positionnement par rapport à la religion coranique. Ceux qui étaient de fervents Musulmans se sont rapprochés de l’intégrisme. Ceux qui étaient simples pratiquants sont devenus de fervents Musulmans, et certains, qui n’étaient pas musulmans, le sont devenus ». « Pauvreté, indigence culturelle, abdication des pouvoirs culturels et éducatifs, Islam politique et idéologique, gauche compassée, tels sont les ingrédients d’une véritable bombe sociale. Une bombe, qui, prévient Jean-Paul de Belmont, ne fera pas que des Juifs comme victimes. « Tous les Français seront, cette fois-ci, en première ligne ».
Tous les ratés de nos canaux d’information et de notre système scolaire sont passés au crible : l’affaire « Al-Dura », Djénine, Djénine, Route 181, La Porte du Soleil, les émissions de Daniel Mermet, la novlangue de l’AFP, la polémique sur le voile à l’école, les violences scolaires, les ratés de la Justice, les dérives du multiculturalisme, le 11 septembre, l’assassinat de Théo Van Gogh et les tribulations de la courageuse Ayaan Hirsi Ali. Un véritable florilège de toutes ces folies qui nous écrasent et nous empêchent de respirer librement.
L’ouvrage commence par une interview émouvante de Ruth Halimi, la courageuse et stoïque mère du supplicié de Bagneux dont la conviction, depuis le premier jour de l’enlèvement est ferme : « Ilan a été désigné parce que juif, enlevé, torturé, mis à mort, parce que juif ». « Dès le deuxième jour de l’enlèvement d’Ilan, mon gendre a assisté avec les policiers aux demandes de rançon téléphoniques ; elles s’accompagnaient de lectures de versets du Coran ». Et Ruth Halimi d’ajouter : « Moi qui viens d’un pays arabe, je me souviens des Musulmans comme de gens ayant des règles de vie ; ces barbares n’ont rien compris ». Une maman meurtrie à jamais et qui, d’une certaine manière, en veut un peu à son fils d’avoir agi à la légère, d’ « accepter un rendez-vous avec une inconnue, partir avec elle ! », « Ilan a pris un risque qu’il n’aurait pas dû prendre ! Pourtant il sait, il a appris…C’est écrit, vous savez ; il ne faut pas se mettre en position de danger. Et quand on est juif, il faut être doublement, triplement vigilant ».
Émouvant, généreux, bien documenté et salutaire. À lire absolument.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Yago. Février 2006. 162 pages. 15€