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Publié le 15 Novembre 2006

La guerre d’indépendance d’Israël - 1948-1949. Témoignages de volontaires français et francophones (*)

Il faut rendre hommage à l’association « Machal France » (1) de faire en sorte, grâce à un sympathique livre de témoignages et de souvenirs, que la mémoire de milliers de combattants anonymes de la Guerre d’Indépendance d’Israël, soit préservée.


À l’heure de l’Internet et de l’information en direct, alors que l’actualité défile à une vitesse prodigieuse, un événement chassant l’autre, à l’heure où les négationnistes de toutes obédiences, parviennent, parce que les derniers témoins disparaissent peu à peu, à distordre à leur gré l’Histoire, qui se souvient, en effet, du « Machal », de ces 4000 volontaires, des Juifs, certes, en majorité, mais aussi des Chrétiens et des agnostiques, venus de 44 pays défendre l’État d’Israël attaqué de toutes parts par de puissantes armées et par des bandes de pillards, avant même sa naissance ?
Parmi eux, 600 Français et francophones, venus de France, de Belgique ou de Suisse, mais aussi d’Algérie du Maroc et de Tunisie. Beaucoup sont morts au champ d’honneur et reposent dans des cimetières militaires du pays.
Un nom domine, qui revient sans cesse : Thadée Diffre, alias Teddy Eytan, le chef incontesté du « Commando Français ».
Le mot « Machal » est l’acronyme de Mitnavdé Houts Laaretz, « Volontaires de l’Étranger », en hébreu. Souvent, malgré leur jeune âge, les « Machalnikim » étaient des vétérans expérimentés de la Seconde Guerre mondiale. Certains avaient été déportés. Beaucoup aussi, à leur retour dans leur pays d’origine, seront amenés à effectuer un second service militaire, en Algérie, en Corée ou en Indochine.
Si les redondances sont inévitables, c’est la loi de ce genre d’ouvrage, les anecdotes originales fourmillent et c’est ce qui fait le plaisir d’une lecture agréable. Ainsi, les déboires de deux « Juifs noirs », venus des Indes obligés de quitter leur bateau lors d’une escale en Italie parce qu’ils risquent d’intriguer les Américains (Témoignage d’Armand Avitan), l’épopée d’un passager clandestin, Aldo, un brigand italien, qui n’est pas dénoncé et devient, malgré lui, un héros d’Israël (Témoignage de Robert Bornstein). Ou encore les mésaventures de Guy Chemouny, volontaire tunisien, Juif de père et de mère, qui doit justifier de sa judéité lors d’un questionnaire très serré dans une synagogue du quartier Saint-Paul à Paris. Simon Drucker et d’autres, nous racontent par le menu la disparité des uniformes et des armes. Parfois, les volontaires héritaient de fusils Skoda récupérés sur des nazis et dont la crosse était encore gravée de la svastika. Incroyable, aussi, l’histoire de ce soldat qui perd son bras, qui se redresse et va récupérer sa montre, seul héritage de ses parents (Témoignage de Jacques Feldmann). Marcel Kisielevoska raconte, lui, comment un Dakota immobilisé a été retapé en l’équipant de roues de camion.
Des noms de lieux reviennent, qui ont marqué la plupart des « Machalnikim » : le camp de Grand Arenas, près de Marseille, Notre-Dame-de-France, à Jérusalem, le camp militaire de Tel-Litvinsky, à huit kilomètres de Tel-Aviv, la prise de Beer-Sheva, le premier mortier de fabrication israélienne, le « Davidka », le premier bombardier de l’État d’Israël, un Piper Club aménagé et réparé avec des draps de lit.
Israël n’oublie pas, bien sûr, ces héros venus d’ailleurs. En septembre 2005, la ville de Beer-Sheva a inauguré une place et une rue qui portent désormais leur nom.
De très nombreuses photos illustrent ce livre très intéressant.
Signalons également un DVD sur le même sujet : MAHAL. LES VOLONTAIRES DE L’ÉTRANGER. Un film de Didier Martiny. 1998-2005. Zanagar Films.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Machal. Juillet 2006. 336 pages. 20€
(1) 24, rue Jules César. 75012. Paris.
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