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Publié le 29 Mars 2004

Le Sang de l’Espoir Par Samuel Pisar

La récente réédition du grand classique du célèbre avocat international est particulièrement opportune. En ces temps troublés où la violence de la croisade antisioniste n’a d’égale que celle d’un antisémitisme protéiforme qui envahit peu à peu la planète, le témoignage poignant et le credo de Samuel Pisar sont d’une tragique actualité.



C’est à Byalistok, deuxième métropole textile de la Pologne, que Samuel Pisar, Mula, voit le jour. Une ville où Juifs, Polonais, Ukrainiens, Lituaniens, Biélorusses et Russes cohabitaient plus ou moins paisiblement. Les Pisar étaient relativement aisés. Le père, David, qui avait hérité de plusieurs immeubles, avait monté la première entreprise de taxis de la ville. La vie de la famille s’écoulait tranquillement. La Guerre et l’occupation nazie débouleront comme un tremblement de terre. Arrêté par la Gestapo, David Pisar est torturé et exécuté dans une forêt près de la ville. Très jeune, Mula va connaître l’expérience traumatisante de la déportation. Tandis que sa mère et sa petite sœur, Frida, sont dirigées vers Treblinka, il se retrouve à Maïdaneck avant d’aboutir finalement à Auschwitz. Avec ses deux amis inséparables, Ben, dit Benek et Nico, Mula Pisar va connaître l’enfer des camps où seuls les débrouillards, ceux qui savent être dans le bon tri au bon moment, vont survivre.

Le récit de l’expérience concentrationnaire, relatée dans les moindres détails est traversé par des réflexions sur le monde d’après, celui de la « Rédemption », celui qui verra Samuel Pisar, d’Amérique en Australie en passant par Paris, côtoyer tous les grands de ce monde.

L’engagement de l’auteur dans son soutien à Israël est indéfectible. Proche de Moshé Dayan, d’Ezer Weizman, de Shimon Peres et de bien d’autres dirigeants israéliens, Samuel Pisar n’en fut pas moins très lié au fameux Cheikh Zaki Yamani.

L’histoire d’une destinée, donc, du chaos de la Shoah à la vie familiale et professionnelle la plus dynamique. Avec, en toile de fond, une inquiétude sourde pour l’avenir.

Dans son avant-propos, Samuel Pisar s’inquiète à juste titre des dérives actuelles. Rappelant qu’il a échappé au Reich nazi qui le voulait mort et à l’empire des Soviets qui le voulait rouge, il stigmatise avec force la « troisième forme de totalitarisme, qui profane les valeurs d’une grande religion », à savoir l’islamisme. Un ennemi insaisissable, qui guette, dit-il, qui est partout et nulle part à la fois.

Ces quelques pages fortes qui actualisent un ouvrage désormais célèbre nous laissent cependant sur notre faim. On aurait aimé que Samuel Pisar développe un peu plus ce thème. Peut-être le fera-t-il dans un prochain livre. On ne peut, en tous cas, que le souhaiter.

Jean-Pierre Allali

Éditions Robert Laffont. 2003. 300 pages. 22€