La chronique (pas très casher) de Raphaela : La Cacherout à la carte : du lard ou du cochon ?

25 Juillet 2019 | 231 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

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Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

 

La Cacherout à la carte : du lard ou du cochon ?

Assise à la table d’un restaurant du Marais, j’écoutais, effarée le débat de la table d’à côté. Deux camps s’opposaient, le ton montait, on était à deux doigts de se balancer le bol de chakchouka dans la gueule. Pire que le conflit au Moyen-Orient, celui qui oppose les amateurs de houmous à ceux qui lui préfèrent le « RRRRRoumous ». Vaste débat. En bonne reine des petits pois chiches, je m’apprêtais à m’interposer mais renonçait, ne voulant pas être la cible d’une attaque de fallafels.

Ah…la casheroute. Le Pokédex des juifs. Si on la fait courte, il s’agit de respecter un temps entre le lait et la viande, de ne manger que des ruminants aux sabots fendus et des poissons avec écailles et branchies et pour les interdictions formelles : ni porc, ni coquillages ni crustacés. Pour citer une grande icône de mon enfance : « ça fait un peu Jacques a dit a dit pas de charcuterie ! ». Bah oui. Mais comme chacun à sa version de la religion, il y a quand même des petites variantes sympas. Pour mon beau-père par exemple, tant qu’il y a une mezouza il faut que ce soit casher. Traduisez, chez lui pas de cochons mais au resto vive les carbos ! Je connais aussi ceux qui cassent Kippour avec une bonne crêpe au jambon. Magique.

Pour ma part, je réalise à vingt-sept ans passés que si on mange du gâteau au fromage tous les ans à la même période chez ma grand-mère, c’est en fait pour célébrer Chavouot. Comme quoi l’Épiphanie avec sa galette des rois a bénéficié d’un bien meilleur support marketing. Cette information apprise sur le tard m’aura au moins permis de briller en société. Le contexte : un brunch dominical avec des juifs pas trop juifs. Dans leur gentillesse et imaginant que j’étais sans doute un tout petit peu plus à cheval (pas casher, donc) sur les règles qu’eux, quelle ne fut pas leur incompréhension devant la porte fermée du boucher casher ou ils avaient tenté le matin de m’acheter de la dinde. J’amenais donc un peu de culture religieuse à leur table (qui l’eut cru), tout en me resservant une part de quiche aux lardons. Je ne veux pas mourir idiote.

Le vendredi soir d’après, nouvelle exemple de la folie alimentaire qui s’est emparée du monde. Le défi du jour : réserver un resto pour dix personnes. Mes ami.e.s étant de très bons manipulateurs, je me retrouvais soudain en charge de trouver le lieu. Aussi ravie que peut l’être quelqu’un à qui incombe la responsabilité de trouver un lieu cool pour dix personnes, le jour même, je me mis donc en quête de l’anguille (toujours pas casher) dans la botte de foin. Comme le disait le tonton de Spider-Man « avec un grand pouvoir viennent de grandes responsabilités ». Car à ce cahier des charges s’ajoutaient peu à peu les doléances géographiques de chacun et pire que tout…les requêtes alimentaires.

Pour les « casher » - qui visiblement mangent casher mais ne font pas Chabbat – exit les restos de viandes et de fruits de mer, on oublie aussi ceux de poissons pour les « vrais » végétariens, ce sera donc une bonne vieille pizza. Simple et efficace. Grâce à Dieu mes ami.e.s tolèrent très bien le gluten et croient qu’une pizza aux légumes est en totale cohérence avec leur régime. C’est quand tu arrives devant le resto et que tu rencontres le nouveau mec de ta meilleure pote qui t’annonce qu’il est vegan que les choses se corsent…

Heureusement pour moi, l’alcool met tout le monde d’accord !