Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Le nouveau président chilien inquiète la communauté juive

24 Décembre 2021 | 116 vue(s)
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Actualité

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Antisémitisme

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

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Opinion

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L’élection de Gabriel Boric le 19 décembre à la Présidence du Chili suscite l’inquiétude d’une communauté juive qui compte 18 000 personnes, et a jusque-là vécu sans souci dans un pays considéré comme le plus européen d’Amérique latine et dont la situation apporte quelques éclairages sur la nôtre.

Il y a deux ans, cette communauté avait envoyé à Gabriel Boric un pot de confiture pour Rosh Hachana. À quoi il avait répondu : « Merci pour le geste, mais vous pourriez commencer par demander à Israël de quitter le territoire palestinien qu’il occupe illégalement ».

Interrogé au cours de la campagne actuelle, il a maintenu qu’Israël était un état génocidaire et assassin. Inutile de préciser qu’il soutient la campagne BDS.

Les institutions juives, très sionistes au Chili, ne peuvent plus qu’espérer que la parole du nouveau Président soit seulement un peu exaltée, qu’il dit «génocide» quand il pense seulement à « manque de respect des Droits de l’Homme » et qu’au fond il ne soit pas antisémite. Mais pour sa position à l’égard d’Israël, pas d’illusion à entretenir….

Le communiste Daniel Jadue, proche de Boric et son rival aux primaires de leur parti, une coalition de groupuscules d’extrême gauche, a été pointé par le Centre Simon Wiesenthal comme antisémite de l’année en raison de commentaires humoristiques sur l’extermination des Juifs. Il se défend en prétendant qu’il ne peut pas être antisémite puisqu’il est sémite lui-même. Jadue est en effet d’origine palestinienne. Sa défense est un aveu.

Pas étonnant que chez les Chiliens de l’étranger, Israël soit le seul pays où Boric n’a pas obtenu la majorité des voix au second tour.

Pourtant, ceux qui ont voté pour son concurrent, José Antonio Kast, ne l’ont pas forcément fait de gaité de cœur. Le père de ce dernier, son héros dit-il, venu au Chili après guerre, était un nazi. Quant à José Antonio Kast lui-même, catholique ultra-conservateur, grand admirateur de Pinochet, il s’était inscrit au groupe parlementaire d’amitié Chili- Israël. Rien n’est simple….

Pourquoi, dans ce pays éduqué et raisonnable, le deuxième tour a-t-il mis en présence deux candidats aussi improbables, l’un à l’extrême-gauche, l’autre à l’extrême-droite ?

Les partis traditionnels avaient éparpillé leurs représentants. Les alliances et ruptures d’un côté, la nouveauté et la faconde médiatique de certains candidats de l’autre, expliquent le score du 1er tour. Et c’est ainsi qu’un homme de 35 ans, ancien dirigeant étudiant qui n’a jamais fini ses études est devenu un inattendu président.

C’est aussi que les dirigeants politiques de l’ère post Pinochet, aussi bien la socialiste Michelle Bachelet, aujourd’hui Haut Commissaire aux Droits de l’Homme à l’ONU, que son successeur mais aussi prédécesseur puis de nouveau successeur, le richissime Sebastian Pinera, étaient les cibles d’une forte volonté de sortir les sortants. Car le Chili avait beau avoir retrouvé la démocratie, il avait gardé sa Constitution néo-libérale et était devenu le pays le plus inégalitaire de l’OCDE avec notamment une forte dégradation des conditions de vie étudiantes.

C’est de là qu’est venue l’élection de Gustavo Boric. Bien sûr, celui-ci a aussi récité le bréviaire de tout candidat progressiste qui se respecte: discours sur le genre, intersectionalité des luttes et stigmatisation d’Israël. Rien de nouveau sous le soleil. L’immense majorité de ses électeurs sont indifférents à cette partie de son programme, mais tous subiront l’ensemble.

Tous les espoirs sont donc permis à l’UNEF de Grenoble qui a fait licencier un professeur qui n’avait pas obtempéré à la vulgate islamo-gauchiste. Il existe au Chili, depuis l’époque turque, une population d’origine palestinienne, aujourd’hui active et puissante d’au moins 500 000 personnes. Parmi eux, certains, comme Daniel Jadue, sont en tête de gondole des manifestations antisionistes.

Mais pas de confusion, il ne s’agit pas d’islamo-gauchisme, puisque la plupart de ces Palestiniens sont chrétiens et marxistes. C’est le modèle FPLP. Nous en connaissons aussi les délices…

 

Richard Prasquier

 

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