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Publié le 3 Janvier 2023

Commissions du Crif - La commission études politiques a reçu le politologue et essayiste Thomas Guénolé

Jeudi 15 décembre 2022, la Commission des Études politiques du Crif a eu le plaisir de recevoir Thomas Guénolé, politologue, éditorialiste et essayiste.

Cette réunion était la deuxième d’un nouveau cycle de conférences ayant pour thème « Français juifs à l’épreuve de la montée des extrêmes », et portait spécifiquement sur la question de l’extrême-gauche en France.

Après quelques mots introductifs de la nouvelle présidente de la commission, Nathalie Cohen-Beizermann, pour rappeler le riche parcours de l’intervenant, celui-ci a débuté son intervention en citant des propos d’Houria Bouteldja, cette militante qu’il avait interpellée sur le plateau de l’émission Ce soir ou jamais en 2016.

Thomas Guénolé s’est ainsi opposé à une objection courante consistant à dire que l’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme, rappelant que le terme d’ « antisionisme » désignait bien le fait de refuser à Israël son droit d’exister, et non une position critique envers la politique menée par le pays.

Le politologue a ensuite démontré l’existence d’une tradition d’antisémitisme à l’extrême-gauche, en s’appuyant notamment sur des citations de Karl Marx, Pierre-Joseph Proudhon ou Jean Jaurès. Il s’agirait spécifiquement, selon lui, d’un antisémitisme d’ordre économique, consistant à associer les Juifs au capitalisme en les considérant comme « personnification de l’obsession de l’argent, de la prédation financière, […] de la domination par la finance ».

Par ailleurs, de retour à la situation actuelle, Thomas Guénolé a constaté une position de silence et d’évitement de la part de l’extrême-gauche lorsqu’émergent des problématiques en lien avec l’antisémitisme. De ce fait, diverses stratégies lui serviraient à esquiver le sujet, à commencer par celle du déni, en jetant le doute sur le caractère antisémite d’une affaire, ou celle du what aboutism, qui tente de détourner l’attention sur un autre problème.

Afin de justifier cette attitude ambigüe, l’intervenant a émis plusieurs hypothèses. D’une part, comme évoqué précédemment, l’antisémitisme incarnerait une tradition à l’extrême-gauche, tantôt répandue, tantôt marginale, qui existerait toujours aujourd’hui. D’autre part, une partie de l’extrême-gauche serait encline à faire un amalgame infondé entre les Juifs, Israël et la colonisation palestinienne.

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Thomas Guénolé, Nathalie Cohen-Beizermann, Robert Ejnes

Enfin, puisque les idées reposant sur un antisémitisme économique sont à ce jour plus répandues parmi l’électorat d’extrême-gauche que dans le reste de la population, comme cela a été démontré par l’édition 2022 de la Radiographie de l’antisémitisme en France, réalisée par l’American Jewish Committee (AJC) et Fondapol, l’attitude de l’extrême-gauche serait peut-être tout simplement électoraliste plutôt qu’antisémite.

La conférence s’est achevée par une série de questions des participants, qui s’interrogeaient entre autres sur la meilleure manière de former les partis à ce qui venait d’être exposé, ce à quoi Thomas Guénolé a répondu que le débat, l’argumentation, l’éducation et un effort pour se mettre à la place de l’autre constituaient le moyen le plus efficace pour faire progresser ses idées.

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