Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - La mort de Shireen Abu Akleh

12 Mai 2022 | 619 vue(s)
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Actualité

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Israël

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Le mot du Président du Crif :

 

Hier à 8 heures du matin, l’AFP annonçait qu’un de ses journalistes avait constaté que la journaliste Shireen Abu Akleh avait été tuée par un tir de l’armée israélienne, alors qu’elle couvrait des affrontements dans le secteur de Jenine.

Une heure et demie plus tard, l’AFP agrémentait cette nouvelle d’une photo qui représentait les funérailles.

Dans l’après-midi on a appris qu’une autopsie avait été effectuée à Naplouse.

Nous devons donc à l’AFP d’avoir rapporté un exploit unique : des funérailles qui, le jour-même, précèdent une autopsie ! 

Shireen Abu Akleh, une arabe chrétienne, citoyenne américaine, résidente de Jérusalem Est, figure admirée de la chaîne Al Jazeera, et désormais icône palestinienne, n’a pas encore été enterrée. Mais dans quelques minutes une cérémonie funéraire sera tenue en son honneur au siège de l’Autorité Palestinienne à Ramallah, pendant qu’une grève générale aura lieu dans les villes de Cisjordanie.

Les détails des annonces de l’AFP symbolisent la médiocrité du travail de vérification que fait cette agence.

Il n’est peut-être pas très grave de titrer « funérailles » parce qu’on voit un prêtre sur la photo. Il l’est beaucoup plus de prétendre, pire encore, de « constater » que Shireen Abu Akleh a été tuée par un tir de l’armée israélienne, alors que actuellement, on n’en sait rien. L’AFP n’est pas seule : de nombreux médias reprennent la même accusation.

Sur une video tournée par les Palestiniens, on voit qu’ils tirent à l’aveuglette. On crie qu’un soldat israélien est tombé ; c’est faux. Peut-être s’agit-il de la journaliste.

On rapporte que là où se trouvaient les journalistes, les tirs ne pouvaient provenir que de l’armée israélienne. C’est le témoignage du preneur de son de Shireen Abu Akleh, lui-même blessé dans le dos. J’ai du mal à me représenter des soldats israéliens tirant dans le dos d’un journaliste...

Ces journalistes sont aussi des militants palestiniens, qui avaient été prévenus qu’il y aurait une riposte armée quand l’armée israélienne entrerait dans le camp de Jenine, comme elle l’a déjà fait pour empêcher de nouveaux attentats en Israël.

Al Jazeera, qui est un organe de presse aux mains des Frères Musulmans qataris, accuse Israël de la façon la plus violente. Il en est de même pour l’Autorité Palestinienne qui a refusé une enquête conjointe avec les Israéliens.

Ces derniers ont réagi vite, car ils n’ont pas oublié le reportage d’Antenne 2 du 30 septembre 2000, « l’affaire Al Dura », devenu en partie à cause des négligences des autorités une redoutable machine de guerre contre Israël, dont les effets persistent aujourd’hui, malgré les multiples enquêtes montrant les bidouillages des images présentées par Charles Enderlin.

La commission d’investigation montée par l’armée ne convaincra pas ceux qui trouvent dans la mort de Shireen Abu Akleh une magnifique occasion de diaboliser Israël.

Rashida Tlaib, représentante démocrate du Michigan a tweeté : « l’État d’apartheid d’Israël continue d’assassiner, de torturer et de commettre des crimes de guerre ».

Ce matin, nul ne peut affirmer d’où provenaient les tirs, mais imaginons le pire, aussi répugnant soit-il : des soldats israéliens auraient volontairement fait un carton sur des journalistes. Ce serait un assassinat.

Je suis sûr que si l’enquête israélienne le découvrait, elle ne chercherait pas à l’occulter. Cela signifierait qu’il y a eu des comportements individuels criminels et il faudrait remonter la chaine des négligences qui les auraient rendus possibles. Mais en aucun cas cela n'impliquerait qu’il s’agit d’un comportement courant et accepté dans l’armée.

Le tweet de Mme Tlaib, comme les réactions de Al Jazeera et de l’Autorité Palestinienne nous disent autre chose : ils nous disent que c’est l’essence même d’Israël qui est criminelle. Là, aucun dialogue n’est possible.

Le paradoxe, paradoxe apparent bien sûr, est que ceux qui soutiennent qu’Israël est un Etat criminel par essence, sont les premiers à protester quand, devant la longue litanie des attentats islamistes, d’aucuns se posent des questions sur la responsabilité de l’Islam lui-même. Et quelques uns parmi ces protestataires qualifient d’actes héroïques l’assassinat de sang froid d’enfants israéliens.

Attendons les conclusions de l’enquête, mais ne nous faisons pas d’illusions. L’exploitation de la mort de Shireen Abu Akleh risque d’être un jalon dans la grande entreprise de haine anti-israélienne qui prospère dans le monde du politiquement correct.

Richard Prasquier

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