Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean-Pierre Allali - Vers l'innomable. L'antisémitisme institutionnel en Hongrie (1920-1944), par André Lorant

28 Juillet 2021 | 327 vue(s)
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Antisémitisme
Dans cette éditorial, je m'exprime sur les nombreux actes de haines survenus en France et dans le monde en 2019. Je formule également mes voeux de sécurité et de paix pour cette nouvelle année.

 

Meyer Habib, il y a ceux qui l'aiment et ceux qui l'ont en exècre. Mais on ne peut en aucun cas tolérer un tel déferlement de haine antisémite.

Discours prononcé lors de la Plénière de clôture.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

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Opinion
Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

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Vers l'innomable. L'antisémitisme institutionnel en Hongrie (1920-1944), par André Lorant (*)

Autrefois forte de plusieurs centaines de milliers d’âmes, la communauté juive de Hongrie a quasiment disparu de nos jours. L’horreur du nazisme et de la Shoah est passée par là. André Lorant, né en 1930 à Budapest, nous offre, dans un ouvrage particulièrement bien documenté, parfois par le biais de textes inédits, un panorama des sombres années qui vont de 1920 à 1944, des prises de position des responsables politiques et des autorités ecclésiastique pour ce qui est de la « question juive ».

Et son constat est, pour le moins, terrifiant. Innommable !!

Ce qui apparaît, à la lecture de ce livre, c’est que, si les propos de nombre de dirigeants hongrois, ont, souvent, par les clichés qu’ils ont véhiculés, été pré-génocidaires, leurs conséquences, in-fine, se seront révélées aussi néfastes, donc véritablement génocidaires, que les discours des dignitaires nazis. Tout était en place pour la mise en marche de l’appareil de destruction massive : « l’arsenal juridique, l’intoxication de l’opinion publique par la haine, les mensonges, les propos calomnieux non seulement par des racistes de bas étage, mais encore par des personnalités qui auraient dû incarner la morale chrétienne et servir de guides à la pensée des gens ».

On ne dira jamais assez combien les clauses du traité de Trianon, avec, en somme, le dépeçage de la Hongrie, ont pu agir  sur le mental de la population hongroise, dès lors avide de revanche et de volonté de récupérer les territoires perdus. Et, comme souvent à travers l’Histoire, les Juifs joueront le rôle de bouc émissaire. C’est pourquoi, c’est dès le lendemain de la Première Guerre mondiale que la situation s’envenime pour les Juifs hongrois. La loi de 1920 établit un numerus clausus en défaveur des Juifs. Inspirateur de cette loi inique, l’évêque de Székesfehérvár, Monseigneur Ottokár Prohászka, fondateur de l’idéologie « nationale et chrétienne », se lance dans une campagne antisémite d’une violence inouïe. « Il justifie la haine du Juif par l’amour du Hongrois ».

Au fil des ans, plusieurs lois antijuives seront adoptées : la loi XV de 1938, celle de 1941. Et les protestations des Juifs hongrois (néologues, orthodoxes et du statu quo) auprès des deux chambres n’y feront rien.
L’action de l’amiral Horthy, régent du pays, est examinée sans concessions, textes législatifs à l’appui.  « Dans quelle mesure Horthy est-il responsable de la déportation des Juifs de province ? » se demande l’auteur. 400 000 Juifs de province ont été déportés lors d’une opération de grande envergure en sept étapes et Horthy a laissé faire ! « Horthy précipite sa propre chute et l’installation du régime de terreur des Nyilas ».

La pensé antisémite de deux chefs d’églises chrétiennes est examinée à la loupe : l’évêque protestant László Ravasz et le prince primat Jusztinián Serédi.

La question centrale de cet ouvrage est la suivante : « Le génocide des Juifs de Hongrie est-il l’aboutissement de l’antisémitisme magyar, de plus en plus exacerbé entre 1920 et 1944 ? »

Comme il le rappelle, André Lorant considère, à juste titre, que son travail d’historien se trouve naturellement alourdi par sa propre histoire de survivant de la Shoah. En effet, comme il le raconte, « Grâce au génie, à l’inventivité et au courage de ma tante paternelle, quelques semaines après la prise de pouvoir des Nyilas, j’ai pu me cacher dans un foyer d’enfants placé sous la protection de la Croix-Rouge suédoise, dans le quartier du château royal, ancienne résidence de Horthy arrêté et déporté par les nazis en Allemagne ».

Un bel essai historique. À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions L’Harmattan. Juillet 2020. 384 pages. 38 €.