Lu dans la presse
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Publié le 23 Novembre 2021

Procès du 13-Novembre - La longue traversé des accusés à travers l'Europe

La journée est consacrée à deux accusés, dont le nom n’est pas aussi médiatique que d’autres hommes présents dans le box. Ils sont pourtant loin d’avoir été des «seconds couteaux». Adel Haddadi, un Algérien de 34 ans, et Muhammad Usman, un Pakistanais de 28 ans, ont été interpellés en décembre 2015, un mois après les attentats, dans un foyer de migrants en Autriche.

Publié le 23 novembre dans Le Figaro

Qui sont Adel Haddadi et Muhammad Usman ?

Les deux hommes ont quitté la Syrie et rejoint l'Europe par la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat en France. Muhammad Usman est par ailleurs un ancien artificier de groupes djihadistes pakistanais réputés proches d'Al-Qaïda. Ils sont détenus en France depuis juin 2016.» Au début du mois, ils ont été entendus pour la première fois à l’occasion de leur interrogatoire de personnalité, à retrouver ici - Procès du 13-Novembre : «Ils m'ont brisé le cœur», affirme l'un des accusés envers les victimes

 

Muhammad Usman et son trajet de 1000 km pour rejoindre la Syrie

«Il faudrait que le son soit un peu plus élevé», demande le président Jean-Louis Périès. Comme la semaine passée, l'enquêtrice de la DGSI entendue aujourd'hui témoigne en visioconférence, le visage caché derrière un voile blanc. Son exposé se divisera en trois points: les éléments biographiques d'Adel Haddadi et Muhammad Usman et le départ vers la Syrie, le parcours et les activités sur zone syro-irakienne et le retour en Europe pour commettre une attaque suicide.

La policière de la DGSI rappelle d'abord quelques éléments de biographie de Muhammad Usman, sur son enfance au Pakistan au sein d'une famille musulmane sunnite, déjà évoqués lors des auditions de personnalité. Adolescent, il disparaît pendant une dizaine d'années de sa région natale, avant de réapparaître en 2014. Durant cette période, «on n'a peu d'informations, mais d'après ce que le Pakistan nous communique, il reçoit une instruction en madrasa, est formé à être artificier.» Les renseignements pakistanais indiquent par ailleurs l'appartenance à un groupe taliban, mais «monsieur Usman a toujours nié ces accusations», indique la policière.

Après cette période, il quitte sa famille en août 2015, passe par Karachi (Iran), puis par Gwadar, et la ville côtière de Jiwani, où il effectue une traversée en bateau. Il traverse l'Iran en 10 à 15 jours avant d'atteindre la Turquie. Une fois en Turquie, il rejoint Istanbul puis Gaziantep, après avoir prévenu Abou Obeida, un autre accusé du procès. Usman est récupéré à Gaziantep avec d'autres volontaires au djihad et passe la frontière syrienne à pied. En Syrie, il est aussitôt récupéré par des combattants de Daech.

C'est une «décision qu'il prend seul car il s'est beaucoup documenté, a regardé des vidéos de Daech, est très attiré par la Charia», poursuit l'enquêtrice. Au total, l'accusé a effectué un trajet de plus de 1000 km. À aucun moment, «il n'a envisagé de renoncer, ou de faire marche arrière.»

 

Haddadi voulait remplir «une mission pour Allah, pour le bien de Dieu»

Concernant l’attentat-suicide, Muhammad Usman affirme qu’un certain Abou Ahmad (Oussama Atar) lui demande de commettre une action suicide en France, mais il prétend qu’il aurait refusé.

Adel Haddadi, lui, comprend qu'il doit quitter la Syrie pour se rendre en France pour remplacer une personne qui s'est désistée. Il accepte la mission tout en sachant qu'il va «commettre quelque chose de pas bien» car ils ont dit «des choses criminelles.» Il sait qu'il est envoyé en tant que kamikaze, qu’il doit remplir «un mission pour Allah, pour le bien de Dieu.»

Dans un appartement de Raqqa, les deux accusés reçoivent une formation à ce type d'attaque extérieure, avec deux des trois kamikazes du Stade de France. Une mission commune leur est confiée: «aller en France pour commettre une action-suicide.»

 

Syrie, Grèce, Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche... La longue traversé du commando à travers l'Europe

Le quatuor de djihadistes (Adel Haddadi, Muhammad Usman et les deux Irakiens kamikazes du Stade de France) reçoit 3000 dollars, un téléphone, des vêtements et des sacs à dos puis gagne la Turquie.

Sur place, ils rencontrent deux hommes qui leur fournissent les quatre «vrais-faux» passeports syriens, traversent le pays jusqu'à Adana, puis franchissent la frontière grecque. Là, les deux Irakiens partent de leurs côtés vers la Macédoine, puis la Serbie, Croatie, Hongrie, Autriche et à priori l'Allemagne.

Les deux accusés eux, sont arrêtés à Leros et emprisonné sur l'île de Kos, vont être libérés le 28 octobre 2015. Ils récupèrent de nouveau de l'argent et rallient Athènes par ferry le 8 novembre 2015. Haddadi et Usman reprennent ensuite la même route que leurs deux acolytes: la Macédoine, la Serbie puis la Croatie. Là ils prennent le train direction la Slovénie le 14 novembre 2015, puis enfin, un bus vers l'Autriche. C'est en Autriche qu'ils sont finalement interpellés.

«Pour terminer, j'adresse mon soutien aux parties civiles et toute ma compassion. J'en ai terminé», achève enfin l'enquêtrice, dans un débit très rapide.

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