Le CRIF en action
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Publié le 28 Avril 2011

A propos du sauvetage des enfants juifs

A l’occasion du colloque organisé par le CRIF, l’OSE et le CAR le 8 mars dernier à l’Ecole Militaire sur le thème « Mémoires résistantes » nous publions l’allocution de Katy Hazan, historienne (1), sur le sauvetage des enfants.




Le sauvetage des enfants apparaît comme l’une des questions fondamentales posée à la résistance juive et non juive, tout simplement parce que la « solution finale » c’est–à-dire la disparition programmée du peuple juif supposait l’élimination des enfants.
Mon propos n’est pas de faire une présentation exhaustive des différentes organisations juives qui se sont occupées du sauvetage des enfants(1), mais plutôt de dégager les liens qui ont permis ce sauvetage. Enfin à travers l’exemple précis du circuit Garel de montrer les conditions de sa réussite.



Quelques idées force qui n’ont pas toujours été des évidences.
1 le sauvetage des enfants obéit à une chronologie précise et commence en 1938, avec la Nuit de cristal et en tout état de cause avant les rafles de 1942. Mais le tournant de 1942 impose la nécessité de cacher les enfants et la mobilisation de chaines de solidarité avec la société civile.



2 Ce sont les juifs eux-mêmes qui se sont organisés, qui ont donc été les acteurs de ce sauvetage, individuellement ou à travers les œuvres d’assistance, mais leur survie dépend des liens tissés avec la population non-juive. Cette mobilisation a été profonde, mais multiforme, d’où la difficulté d’avoir une vision d’ensemble. Elle mérite d’être plus finement analysée dans ses composantes régionales : qui travaillait avec qui ?



3 les organisations ne sont pas structurées de la même manière, car le poids de l’occupant diffère en fonction des zones et des périodes et oblige à varier les stratégies.
La zone nord occupée dès l’armistice, la zone sud dite libre jusqu’en novembre 1942 et la zone italienne, zone refuge jusqu’en septembre 1943, ont fonctionné comme des vases communicants. La zone sud permet de mieux s’organiser, l’ex zone italienne a été très meurtrière en 1944.



4 Quelques remarques d’ordre historiographique.
Dans l’immédiat après-guerre, le sauvetage des enfants juifs n’a pas été considéré comme une action de résistance à part entière par le ministère des Anciens Combattants. Sous l’influence du parti communiste, seuls ceux qui ont combattu les armes à la main sont reconnus comme résistants.



Enfin ces organisations juives d’assistance sont victimes du regard négatif porté sur l’UGIF (Union générale des israélites de France) auxquelles elles étaient affiliées.
On sait maintenant avec les travaux de Michel Laffitte(2) que l’UGIF créé à la demande des Allemands n’a pas été un obstacle aux activités de sauvetage bien au contraire, parce que l’UGIF n’est pas structurée de la même manière dans les deux zones et que son personnel n’est pas le même suivant les périodes.



Dix réseaux ont été regroupés dans les années soixante-dix sous le vocable OJC (organisation juive de combat). Il s’agit d’organismes qui existaient déjà avant guerre : soit des œuvres d’assistance, L’OSE, la Wizo,(Fédération française des femmes sionistes), la fondation Rothschild, soit des mouvements de jeunesse, l’un ancien, Les Eclaireurs israélites de France (EIF) ou créé pendant la guerre, le Mouvement de la jeunesse sioniste (MJS), soit le regroupement de partis politiques des juifs étrangers non communistes (le Comité de la rue Amelot) autour d’un organisme social, la Colonie scolaire.
Les Juifs communistes sont à part, ils forment à Paris des comités « Solidarité » sur la base des quartiers, qui se fonderont dans l’UJRE en 1943.
D’autres réseaux voient le jour en zone sud au fur et à mesure des besoins, Les rabbins aumôniers qui sont intervenus dans les camps d’internement de la zone sud, le réseau Marcel pour le sauvetage des enfants de la région de Nice, le réseau André pour le sauvetage des adultes de la région de Marseille et du Vivarais-Lignon, un groupe étranger, celui des Hollandais ou réseau Westerweel spécialisé dans le passage de la frontière espagnole et enfin l’Armée juive (AJ) qui deviendra en 1944 l’organisation juive de combat (OJC) dont la spécificité est de s’intégrer ainsi que le maquis EI dans les forces de la Résistance nationale .
Toutes ces œuvres juives ont fonctionné comme « un service public » auprès des réfugiés juifs en particulier étrangers, chacune avec sa spécificité, mais trois ont fait du sauvetage des enfants leur priorité. L’OSE, les EIF, le MJS et le réseau Marcel qui est un réseau régional.



L’œuvre de Secours aux Enfants (OSE) est de loin la principale, pour de multiples raisons.
1 C’est une œuvre médico-sociale d’assistance aux populations juives qui a un savoir faire ancien, puisqu’elle née à Saint-Pétersbourg au début du siècle, qu’elle est intervenue auprès de populations en détresse dans la toute la Zone de résidence pendant une dizaine d’années, mais surtout lors des différents pogroms des guerres civiles et de la famine en Ukraine. Elle sait donc s’adapter rapidement aux évènements.



2 La lucidité d’une partie de son personnel juif alsacien qui vient souvent du milieu EI strasbourgeois, et qui forme pendant la guerre les cadres de l’organisation en remplacement de son personnel étranger explique le virage qu’elle a su prendre pour entrer dans la clandestinité.



3 Ses liens organisationnels étroits avec l’Union OSE à Genève et avec l’Amérique où l’OSE installe une antenne explique le reste, et en particulier la maitrise des sources de financement avec le Joint américain (AJJDC)



4 Enfin l’OSE est avant la guerre la seule œuvre ayant l’expérience de maisons d’enfants qu’elle ouvre dès 1938, après la Nuit de cristal, à Montmorency.



Faire ressortir les liens, c’est entrer dans la complexité.
La diversité de ces réseaux et leur cloisonnement nécessaire ne doit pas faire oublier les liens, entre eux, et avec la population non juive. Ce ne sont pas des liens organisationnels, mais des liens de proximité et de connivence.
En zone Nord, l’OSE travaille avec le Comité Amelot, grâce à des individus qui sont dans les deux structures, comme le professeur Eugène Minkowski qui représente l’OSE en zone nord et qui est en même temps membre du comité de la rue Amelot. Son bras droit Enéa Averbouh est directrice des patronages de l’OSE, travaille également comme assistante sociale du comité Amelot et va chercher des faux papiers jusque dans la Nièvre(3).
Eugène Minkowski et le Dr Valentine Cremer qui était à l’OSE depuis la Russie, travaillaient à l’hôpital Rothschild avant guerre. Ils entrent en lien avec le réseau de la Fondation Rothschild et en particulier avec Claire Heyman, assistante sociale, pour trouver des caches pour les enfants(4). Par ailleurs, elle-même a des contacts avec un réseau de résistance (réseau Joliot Curie), mais aussi les quakers américains, et la Sixième, l’organisation clandestine des Eclaireurs israélites. De leur côté, les EIF développent un important service de faux papiers qui servira à tout le monde, y compris la résistance nationale et l’UGIF finance une partie des activités du moins celle d’assistance.



Enfin et c’est aussi l’un des gages du succès, les mêmes assistantes sociales non juives(5) travaillent à la fois pour le Comité Amelot, le Comité-OSE, le service clandestin de la Wizo et l’Entraide temporaire, un mouvement interconfessionnel avec une figure centrale celle de Lucie Chevalley, fille de pasteur.



Elles se transforment en convoyeuses puisque les Juifs n’ont pas le droit de circuler en dehors du Grand-Paris.
L'intervention des milieux non-juifs, travailleurs sociaux ou militants associatifs est donc indispensable, chacun utilisant des mouvances différentes.
Solidarité, le mouvement des Juifs communistes travaille avec les milieux antifascistes ; enfin, le père Théomir Devaux, au 68 Notre-Dame des Champs, travaille avec le service social de l’UGIF de Juliette Stern. Ce qui permet de mettre à l’abri des centaines enfants dont l’essentiel arrive en 1943 donc après les grandes rafles.



Ainsi se dessine des cercles concentriques, soit par familles d’organisation, soit par région. Les historiens locaux ont encore beaucoup de choses à nous apprendre. Simon Ostermann qui a étudié le sauvetage dans le Berry écrit : « le sauvetage fut souvent la réussite séparée de quelques groupes toujours composés d’un faible effectif, mais agissant au sein d’un réseau considérable. Ces organisations avaient pour nom en Berry essentiellement l’OSE, l’Amitié chrétienne(6) et le Secours suisse. » Il faudrait faire la même analyse pour chacune des grandes régions de France.



Pour la zone Sud, des organisations se sont mobilisées pour sortir les enfants des camps d’internement, actions multiformes à la frontière de la légalité et de l’illégalité et qui ont demandé la participation de préfectures bienveillantes, comme celle de l’Hérault avec le préfet Jean Bénédetti et ses adjoints, Camille Ernst et Roger Fridici(7). Mais là encore il s’agit d’une minorité d’individus et comme par hasard souvent insérés dans des réseaux de résistance. La sortie des enfants est d’abord légale jusqu’à l’été 1942 avec l’implantation des résidentes volontaires, l’OSE s’occupant des petits, les Eclaireurs des adolescents, puis clandestine(8). Dans les camps de Rivesaltes et de Gurs, cette action est en lien avec l’aumônerie générale et en particulier, le grand rabbin René Hirschler, (déporté ainsi que sa femme), puis le rabbin Henri Schilli.



L’organisation du réseau Garel de l’OSE permet d’appréhender les conditions de la réussite du sauvetage. C’est de loin le plus important en nombre d’enfants sauvés et par son extension géographique(9).
1 C’est un réseau clandestin imaginé, conçu, dirigé par un homme, Georges Garel de son vrai nom Grigori Garfinkel qui l’a bâti sur le modèle de la résistance, c a d en se donnant les moyens d’un cloisonnement absolu. Chaque région est totalement autonome et les assistantes sociales sont « aryanisées », c’est-à-dire possèdent une couverture professionnelle légale dans des associations comme la Croix Rouge ou le Secours national. Cette construction régionale se double de secteurs d’activité avec des responsables pour le vestiaire, le convoyage, les faux papiers, les passages de frontières(10) et les relations avec l’extérieur. Enfin la direction est itinérante, avec à sa tête Georges Garel qui contrôle l’ensemble et qui intervient sur tous les fronts.
2 C’est un réseau clandestin, mais avec une interface légale : Le circuit d’André Salomon en amont de celui de Georges Garel sert d’interface avec direction légale de l’OSE, appelée 3ème Direction-santé de l’UGIF. André Salomon organise avec l’aide d’assistantes sociales le départ des enfants des maisons(11) et maintient les relations avec les familles. Les assistantes sociales sont chargées d’organiser le changement d’identité des enfants qu’elles confient ensuite à l’autre circuit, celui mis en place par Georges Garel.
3 La fiabilité de ce réseau qui couvre l’ensemble de la zone sud, sauf la région de Nice (circuit Marcel) et la zone côtière interdite, a été testée dans la région de Toulouse. C’est Charles Lederman, le chef du bureau de l’OSE de Lyon jusqu’en 1941, et futur dirigeant de la M.O.I qui met en relation Georges Garel avec Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse et Monseigneur Théas, évêque de Montauban pour l’ouverture des couvents.



La mobilisation de la société civile est multiforme, couvents, circuits protestants grâce au Pasteur Boegner(12), des organisations familiales, les internats de lycées et collèges publics, des établissements sanitaires comme des préventorium, ou des colonies de vacances, mais aussi des œuvres marquées comme pétainistes, mais infiltrées à certains endroits par la résistance comme le Secours national, ou les Compagnons de France.
Dans les campagnes, les assistantes font du porte à porte à bicyclette et l’on remarque que les régions ou les villages influencés par des réseaux de la résistance intérieure sont ceux qui ont répondu le plus massivement. Les liens avec la résistance intérieure ont été étudiés pour le Limousin(13), il faudrait le faire pour les quatre régions du circuit Garel et dégager des spécificités.



On a dénombré plus d’une cinquantaine d’assistantes juives et non juives dans le réseau. Citons Charlotte Rosenbaum-Helman qui a été arrêtée trois fois et qui trois fois s’en est sortie(14). Certaines l’ont payé de leur vie, Pauline Gaudefroy est l’une d’elle, mais aussi Nicole Weill-Salon, Huguette Wahl, seule Madeleine Dreyfus est revenue. Soit quatre sur les 32 personnes de l’OSE arrêtées, ce qui prouve que le circuit était plus sécurisé que les bureaux ou les centres médico-sociaux restés ouverts jusqu’en 1944.



4 Les liens entre les différents réseaux ne sont pas formels : pas de réunion au somment entre le réseau Garel et la sixième en zone sud, mais des échanges entre individus, des visites à Moissac, des échanges d’informations en particulier via Gilbert Lesage, chef du Service social des étrangers à Vichy.
Autre exemple : malgré l’autonomie complète des deux réseaux, des liens de travail avec les époux Abadi (réseau Marcel) dont deux collaboratrices de l’OSE mises à la disposition du réseau, ainsi qu’un local, le centre médico-social de Nice où travaillait Odette Rosenstock, et des liens d’amitié sont maintenus pour aboutir à une fusion complète au sein de l’OSE, après la Libération.



Conclusion
Le sauvetage des enfants juifs entre dans le concept de « résistance civile », celle des anonymes, mais il suppose des liens bien plus complexes faisant appel à la désobéissance civile souvent étayée ou relayée par la résistance intérieure organisée.
L’exemple du circuit Garel montre qu’il est faux d’opposer des dirigeants aux positions légalistes intangibles et d’autres qui seraient résistants. C’est l’articulation entre la face légale et la clandestine qui est la clé de la réussite. « Les deux actions l’une clandestine, l’autre officielle, doivent être conçues par une même direction ; leur exécution confiée à des délégués complices, mais séparés ». Cette citation du Dr Joseph Weill, l’une des têtes politiques de l’OSE me semble significative de l’attitude d’ensemble d’une organisation qui a su prendre le tournant de l’illégalité, assez tardivement il est vrai. Le même Joseph Weill constate que faire un travail social actif, c’est savoir choisir.
Mais quand, et comment ? Ce sont les questions posées aux œuvres juives d’assistance.



Quelques chiffres pour terminer qui se passent de commentaires :
11 000 enfants ont été déportés du sol de France, 10 000 enfants directement sauvés par les œuvres d’assistance, 4000 en zone nord, 6000 en zone sud, mais plus de 50 000 enfants ont été sauvés de la déportation par les parents eux-mêmes avec ou non des relais juifs ou non juifs.



Il est donc grand temps de rendre hommage à tous ceux et celles qui, au sein des œuvres juives ont participé à ce sauvetage, y compris en leur décernant un titre de reconnaissance spécifique à la France.



Katy Hazan



(1)Katy Hazan est historienne, actuellement responsable du service Archives et Histoire del’OSE. Agrégée d’histoire, elle a soutenu un doctorat sous la direction du professeur André Kaspi sur la prise en charge des orphelins de la Shoah après la guerre. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles dont :
Les orphelins de la Shoah, les maisons de l’espoir 1944-1960, Les belles lettres, rééd 2003.
En collaboration avec Eric Ghozlan, A la vie, les enfants de Buchenwald du shtetl à l’OSE, FMS/ Edit Le Manuscrit, 2005
Dernière parution : Le sauvetage des enfants juifs pendant l’Occupation, dans les maisons de l’OSE 1938-1945, édit Somogy, 2008.
Elle a écrit dans les Cahiers de la Shoah, dans la revue Archives juives et participe actuellement au Comité de rédaction de la revue d’histoire de la shoah.



Notes :



(1) Il existe plusieurs ouvrages, Annie Latour,La résistance juive en France, Stock 1987, Lucien Lazare, La résistance juive, un combat pour la survie, enfin le dernier, Georges Loinger et Sabine Zeitoun, Les résistances juives pendant l’Occupation, Albin Michel, 2011



(2) Michel Laffitte, Un engrenage fatal, Liana Levi, 2003



(3) Katy Hazan, Les orphelins de la Shoah, Les Belles Lettres, rééd 2003



(4) Elle travaillait depuis 1932 avec la baronne Germaine de Rothschild, chez qui elle rencontre Enéa Averbouh. Voir Organisation juive de combat, France 1940-1945, Autrement, 2002




(5) Madame Flamand, membre du parti socialiste SFIO, employée à l'OPHS du XIe arrondissement, ouvre un bureau à l'intérieur de l'hôpital de Saint-Maurice pour y placer des enfants. Mademoiselle Laborde, déléguée technique à la mairie de Créteil, travaille en lien avec sa sœur, assistante sociale à l'hôpital, et se charge de la surveillance des enfants placés. Annette Monot, de la croix rouge, mme Clement de Lépine. Etc.



(6) Cette organisation autour du RP Chaillet et de l’Abbé Glasberg a beaucoup œuvré pour le sauvetage des enfants juifs.



(7) Ni Jean Bénédetti, ni Roger Fridrici n’ont été reconnus comme Justes parmi les nations.



(8) On trouve également la Cimade avec Madeleine Barot, les quakers, et le Secours suisse.



(9) 1600 et plus de 2000 si on inclut en amont, celui d’Andrée Salomon. Voir Sabine Zeitoun, L’œuvre de Secours aux enfants sous l’Occupation en France, L’harmattan, 1990



(10) Georges Loinger organise une filière de passages par Annemasse. Voir Georges Loinger, Katy Hazan, Aux frontières de l’espoir, coll Témoignages de la Shoah, FMS/LeManuscrit, 2006



(11) Ils sont entre 1000 et 1200 enfants placés dans quatorze maisons réparties dans toute la France du sud. Voir Katy Hazan, Georges Weill, Andrée Salomon, une femme de lumière, FMS/Le Manuscrit, 2011



(12) Les terres protestantes comme le plateau Vivarais-Lignon, et les Cévennes avec le village de Dieulefit ont été très accueillantes. Voir Les carnet du pasteur Boegner , annotés par Philippe Boegner, Fayard, 1992



(13) Sous la direction de Pascal Plas et Michel Kiener, Enfances juives, Limousin-Dordogne-Berry, terres de refuge 1939-1945, Lucien Souny, 2006



(14) La première par les maquisards à cause de son accent alsacien et sauvée par le maire d’un village où elle cachait des enfants, la seconde par la Milice et sauvée par la résistance juive, la troisième fois par la Gestapo en gare de Toulouse où elle parvient à s’enfuir.



Photo (couverture du livre Les orphelins de la Shoah) : D.R.
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