Le CRIF en action
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Publié le 22 Mai 2012

Assemblée générale de l’Amitié judéo-chrétienne de France

Plus de 100 adhérents et membres de l’AJCF, religieux ou laïcs, catholiques, protestants orthodoxes et juifs, se sont rejoints les 17 et 18 mai 2012 dernier à Limoges à l’invitation du président du groupe local Bernard Gorse pour tenir l’assemblée générale de l’Amitié judéo-chrétienne de France placée sous le thème « Courage et liberté ». Au long des deux jours, des variations autour de ces thèmes ont rythmé les échanges et réflexions en terres limousines autrefois refuge pour nombre de Juifs traqués sous l’occupation (alsaciens en nombre) et où le Pasteur Florence Taubmann, actuelle présidente de l’AJCF, exerce son ministère.

Un survivant d’Oradour, Robert Hébras apporte un témoignage précieux sur la mise en scène du massacre

Courage et liberté de l’Amitié judéo-chrétienne de France qui sut cette année encore faire entendre sa voix à plusieurs reprises notamment en condamnant les entreprises pseudo humanitaires des flottilles pour Gaza et plus récemment en s’insurgeant contre l’assassinat des quatre juifs de Toulouse et des trois militaires, perpétré par un djhiadiste qui « voulait mettre la France à genoux ».

 

Courage et liberté des Limousins et des Limougeots dont le silence fut certainement un des facteurs de survie pour les Juifs réfugiés dans la région où les homes d’enfants de l’OSE ont pu exercer leur activité officielle sanitaire et officieuse de planquage. Limoges « capitale du maquis » ainsi que la qualifia le général de Gaulle et dont l’historien Michel Kiener a rappelé la centralité.

 

Courage et liberté de penser, à l’image de cette institutrice de 24 ans, Denise Bardet, brûlée vive dans l’Eglise d’Oradour sur Glane, qui en pleine occupation livrait dans ses carnets sa passion pour l’autre Allemagne, celle de Heine et d’Emmanuel Kant qu’elle s’appliquait à distinguer du Reich ce « bâillonner d’esprit » Troublante maturité d’un destin brisé le 10 juin 1944, restitué par l’historien Pascal Plas.

 

Oradour sur Glane où les participants se sont rendus le lendemain est l’objet d’un véritable champ d’investigation historique que Pascal Plas s’efforce d’arracher à la tentation touristique. Tant de visites en famille, d’enfants déambulant au milieu de ruines qui ne disent rien, d’un paysage qui ne livre rien d’autre que sa désolation.

 

Le village d’Oradour sur Glane ou le temps suspendu… Quelques montres retrouvées indiquent 16 heures quarante. Les derniers à avoir quitté cet endroit vivants le 10 juin 1944 sont les meurtriers, les hommes de la division SS Das Reich, machine de guerre ultra violente formée sur le front de l’Est et experte en terre brûlée. 642 hommes femmes et enfants ont péri dans les flammes de l’Eglise (les femmes et les enfants) ou fusillés dans la grange (les hommes). Pour rien, pour « l’exemple », pour créer une onde de choc contre les réseaux de résistance implantés dans la région mais dont le village ne comptait à priori aucun membre.

 

Un survivant d’Oradour, Robert Hébras apporte un témoignage précieux sur la mise en scène du massacre : les hommes furent fusillés au moment exact où la détonation provenant de l’Eglise se fit entendre. Il avance aussi que ce village n’avait jamais vu d’Allemands avant l’entrée de la Das Reich dans le bourg.

 

Bruno Charmet, directeur de l’Amitié judéo-chrétienne de France, est revenu sur le philosophe français Aimé Forest qui perdu deux fils lors du massacre et dont l’ouvrage « Nos promesses encloses » livre les traces indélébiles de rupture dont héritent les survivants.

 

Ce legs de l’histoire que le Pasteur Taubmann nomme avec une infinie justesse « le poids de la généalogie » peut être écrasant mais aussi se délester dans le courage de la liberté qui n’est ni reniement ni trahison. Le courage d’être libre ; comme un écho aux mots de Ruth à Noémi : « Ne me presse pas de retourner d’où je viens. Là ou tu iras, j’irai».

 

Stéphanie Dassa

Membre du comité directeur de l’Amitié judéo-chrétienne de France et chargée de mission au CRIF

 

NB : l’ensemble des interventions prononcées durant ces deux jours paraîtront prochainement dans SENS, la revue de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, 60 rue de Rome 75008 Paris.