Le CRIF en action
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Publié le 1 Février 2013

Nicole Bornstein au dîner du CRIF Rhône-Alpes: «Quand on veut on peut!»

 

C’est l’appel que la nouvelle présidente du CRIF Rhône-Alpes a lancé, jeudi 31 janvier 2013, à son invité d’honneur lors du dîner annuel de la délégation régionale, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.

Je pense, en effet, qu’il faut effectivement se pencher davantage sur l’antisémitisme, à part… Je porterai auprès du Premier ministre cette attente

 

Devant une assemblée prestigieuse de près de quatre-cents convives, Nicole Bornstein a répertorié les incidents antisémites survenus dans la région lyonnaise en 2012, dont le nombre a doublé en un an, depuis l’affaire Merah, les nombreuses campagnes d’appel à la haine d’Israël, mais aussi les succès régionaux et nationaux dans le domaine de la lutte contre l’antisionisme et l’antisémitisme. La présidente du CRIF Rhône-Alpes a salué « le choix courageux de dix-huit imams de différentes régions de France qui ont accepté d’accompagner l’imam de Drancy, Hassen Chalgoumi, présent et très largement applaudi lors de ce dîner, pour un voyage à Jérusalem ». Elle a rendu hommage, de même, au courage d’homme « normal, comme il se qualifie lui-même », de l’écrivain algérien Boualem Sansal, qui « est à l’initiative, avec le grand écrivain israélien David Grossman, d’un « manifeste des écrivains du monde entier pour la paix ». Reçu récemment à Lyon par la Licra, il a ânonné avoir recueilli plus de trois-cents signatures, dont celles d’Algériens, de Tunisiens, d’Iraniens… » Rappelant enfin le travail incessant du bus de l’Amitié judéo-musulmane initié par le Rabbin Michel Serfaty : « Ce qui nous permet, malgré tout, de demeurer optimistes, c’est ce que j’ai tenté de démontrer tout au long de ce discours : cher Manuel Valls, quand on veut, on peut ! »

 

Richard Prasquier, le président du CRIF, a insisté, pour sa part, sur le lien qui unit les « Français juifs » et l’État d’Israël : « En 1995, le général Ehud Barak, alors chef d’État-major, était venu à Auschwitz. Sur le livre d’Or, il avait écrit : « Cinquante ans plus tard, cinquante ans TROP tard ». Nous autres, Juifs de France, nous autres Français juifs, qui portons la France dans notre cœur, nous sentons d’une communauté de destin indissoluble avec le peuple d’Israël, parce que l’Histoire à donné à ce peuple une réalité qui transcende largement les réalités génétiques et les traditions religieuses qui sont à la base de la survie de ce peuple… Nous autres, Français juifs, nous sentons faire partie de ce peuple dont le centre spirituel, intellectuel, affectif, se trouve aujourd’hui sur la terre qui l’a vu naître, il y a des milliers d’années ».

 

«La France, sans les Français juifs, ne serait pas la France », lui a répondu le ministre de l’Intérieur. « Il y a un judaïsme de France, nourri de nombreuses influences et baigné des valeurs de notre République. Ce judaïsme a profondément influé la France, sa culture, sa littérature, sa musique, sa société. Ce judaïsme brille au cœur de la Diaspora. L’avenir des Français juifs est donc, autant que pour tous les autres Français, en France », a poursuivi Manuel Valls. « La France est un ami de l’État d’Israël. Elle entretient avec lui des relations intenses. Elle est profondément attachée à son existence, à sa sécurité et à ce que ses frontières soient reconnues», a-t-il encore insisté.

 

S’adressant aux nombreux représentants du culte musulman présents lors de cette soirée, dont l’Imam de Drancy qu’il a, à son tour, salué, Manuel Valls leur a demandé de dénoncer l’islamisme radical : « Que tous ces Musulmans, dont la parole est forte et sage, se dressent et disent clairement combien ils condamnent ceux qui, aujourd’hui, agissent au nom d’un islam dévoyé ».

 

Plus tard, dans la soirée, répondant à la question d’Arieh Bensemhoun, président de la Communauté juive de Toulouse, qui regrettait qu’aucun élu local n’ait évoqué la tuerie perpétrée par Mohamed Merah, lors des diverses cérémonies de vœux dans la ville, le ministre a expliqué : « La France n’avait pas connu le terrorisme depuis quinze ans sur son territoire quand il a frappé, le 19 mars dernier, et le 19 mars 2013 sera l’occasion de ce douloureux rappel… de raviver cette mémoire terrible et de réaffirmer notre détermination à combattre cette violence… Le gouvernement sera présent à Toulouse et je viendrais évidemment… Je me dois d’être aux côtés des victimes, de faire que toute la vérité soit faite… Cet engagement est au cœur de ma mission. Vous pouvez compter sur nous… Vous pouvez compter sur moi. Parce que c’est ce que nous sommes, la France, qui est en jeu ».

 

Sur la question de la future réunion d’un comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Manuel Valls a réaffirmé l’engagement du gouvernement de François Hollande à combattre, par l’éducation et l’éducation civique, la formation, la lutte sur l’Internet, dans le domaine du sport, mais aussi avec un projet d’indemnisation des victimes, contre toutes les formes d’appel à la haine raciale, mais aussi à lutter plus spécifiquement contre l’antisémitisme en tant que tel : « Je pense, en effet, qu’il faut effectivement se pencher davantage sur l’antisémitisme, à part… Je porterai auprès du Premier ministre cette attente », a-t-il encore dit.

 

Parmi les personnalités présentes à cette remarquable rencontre républicaine figuraient Najat Vallaud Belkacem, ministre des Droits des Femmes, porte-parole du gouvernement ; Jean François Carenco, préfet de la région Rhône-Alpes, préfet du Rhône ; Jean-Jacques Queyranne, ancien ministre, député du Rhône, président du Conseil régional ; Michel Mercier, ancien ministre de la Justice, sénateur du Rhône ; Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon, président de la Communauté urbaine de Lyon ; Saâd Bendourou, consul général du Maroc ; Mark Schapiro, consul général des États-Unis ; Hilmi Ege Turemen, consul général de Turquie ; le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Primat des Gaules ; Richard Wertenschlag, Grand Rabbin de la Région Rhône-Alpes ; Chana Benaissa, président du Conseil Régional du Culte Musulman Rhône- Alpes ; Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon ; Alain Jakubowicz, président national de la Licra et Jean Louis Bruguiere, ancien Juge antiterroriste.