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Publié le 31 Janvier 2014

Tzvi Tal : « Les relations franco-israéliennes sont au beau fixe »

Discours du Ministre plénipotentiaire près de l’Ambassade d’Israël en France au dîner du CRIF Rhône-Alpes, jeudi 30 janvier 2014

 

L’éditorial du Figaro du 20 janvier dernier annonçait : « C’est la semaine de vérité pour la diplomatie internationale au Moyen-Orient. L’accord négocié avec l’Iran en vue de geler son programme nucléaire entre en vigueur aujourd’hui. Une conférence de paix sur la Syrie s’ouvre mercredi à Genève. » Il est trop tôt pour dresser le bilan et il serait hasardeux de se lancer dans des prédictions, même si nous – Israéliens – revendiquons notre appartenance à la Terre des Prophètes. D’ailleurs, en posant un regard sur certains développements récents dans cette région du monde, on peut se demander si les experts du Proche et Moyen-Orient et autres analystes aguerris auraient pu prévoir l’accord russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien et le retour fracassant de la Russie sur la scène proche-orientale ou même l’aboutissement des négociations à Genève sur le plan d’Action conjoint – l’Accord intérimaire sur le nucléaire iranien – après une décennie de hauts et de bas dans ce processus de pourparlers. Et ceci, sans parler de l’ascension fulgurante des Frères musulmans dans la foulée de ce que l’on a appelé les « printemps arabes » et de leur perte de vitesse dans le cadre de cette transition « saisonnière » dont nous sommes témoins à l’heure actuelle dans le monde arabe. Nous suivons ces rebondissements avec beaucoup d’attention tout en gardant un profil bas – malgré cela les accusations nous attribuant telles ou telles intentions voire même des actes derrière les coulisses, ne manquent pas.

Dans cet environnement d’instabilité régionale et de menaces diverses d’aucuns auraient préconisé une approche prudente et sans risques dans le dossier israélo-palestinien, mais tout laisse à croire que le PM Netanyahu, au contraire, a décidé  d’aller de l’avant et de donner une chance à l’engagement américain et à l’investissement considérable du Secrétaire d’Etat Kerry. Lorsque le Ministre Fabius s’était rendu en Israël et à Ramallah fin août de l’année dernière, il avait été frappé par le décalage entre la détermination de ses interlocuteurs – Netanyahu et Abbas – de mettre fin au contentieux et le scepticisme ambiant au sein des opinions publiques israélienne et palestinienne quant aux perspectives réelles pour une solution définitive et durable. C’est sans doute pour cela que l’Union européenne, qui a toujours souhaité être un Player – un Acteur – et non seulement un Payer – un bailleur de fonds, a proposé aux deux parties, à travers les conclusions du Conseil des Ministres des Affaires étrangères de décembre dernier, de rehausser le statut de ses relations en cas de percée significative du processus de paix. Il est évident que les efforts déployés par les Etats-Unis, pour rallier la ligue arabe dans son ensemble, mais aussi certains pays arabes clés de la région, proche et même plus lointaine, au processus actuel, revêtent dans cette nouvelle donne proche-orientale une importance particulière.

 

Comme tout observateur a pu s’en rendre compte à la mi-novembre de l’année dernière, les relations franco-israéliennes sont au beau fixe. Mais il n’a pas fallu déballer le tapis rouge en dernière minute, suite à une quelconque prise de position française dans un quelconque dossier épineux. D’abord parce que la position française sur le nucléaire iranien est une constante, qui transcende les clivages politiques et qui est ancrée dans des principes solides. Mais surtout parce que l’intimité de nos relations et la proximité de nos points de vue sur une multitude de dossiers sont de nature à agrémenter nos relations et à nous pousser à les approfondir et à les renforcer davantage. Le Ministre Liberman a énuméré « les priorités de notre politique étrangère devant l’ensemble de nos chefs de mission, réunis à Jérusalem au début du mois, et parmi elles l’Afrique. Ceci coïncide avec une des pistes que nous avions identifiées conjointement au mois de février 2013 dans le cadre de notre coopération internationale – et plus concrètement la réalisation d’un projet franco-israélien dans le nord de Cameroun – et s’inscrit dans une initiative récente qui est celle d’un dialogue politique sur l’Afrique que nous allons entamer très prochainement. La déclaration signée par le Président Hollande et par le PM Netanyahu le 17 novembre dernier couvre une grande variété de thématiques, en commençant par des « moteurs de croissance » pour nos échanges commerciaux et nos relations économiques (journée annuelle de l’innovation, recherche scientifique accrue dans plusieurs domaines), en passant par la mise en œuvre de programmes destinés à rapprocher nos sociétés civiles (années croisées dans le domaine de la culture, l’apprentissage des langues, la jeunesse), en mettant à profit l’expertise et la plus-value des uns et des autres en matière d’infrastructures, de recherche appliquée, etc.

 

Nous nous réjouissons d’ores et déjà des visites ministérielles qui se déroulent ces jours-ci en Israël – celle du Ministre de l’Éducation nationale Peillon – et en France- celles des Ministres de l’Agriculture Shamir et du Tourisme Landau – car elles permettront d’assurer le suivi de la visite Présidentielle et la mise en chantier de certaines priorités qui avaient été identifiées. D’autres visites sont déjà prévues – notamment celle de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Fioraso début mars et du Ministre de l’Intérieur Valls ainsi que notre Ministre des Affaires étrangères à la mi-février.

 

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, comme vous le savez, nous avons décidé de célébrer à partir du mois de mai le 65ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. En effet, vous avez accepté de vous rendre en Israël afin d’inaugurer le 12 mai l’ouverture de ces festivités et nous vous en savons gré. Cette année festive sera l’occasion de passer en revue quelques-uns des moments forts de cette relation et surtout de mettre en exergue le potentiel, pour l’intensification et la diversification de celle-ci. A travers des manifestations diverses à Paris et en province, dans le cadre des nombreux jumelages et partenariats entre villes françaises et israéliennes, socle de cette amitié entre les peuples, nous espérons pouvoir redynamiser ces relations au  profit de nos populations respectives. Permettez que je cite en exemple le jumelage de Lyon avec Beer Sheva, qui a été scellé en 1980, mais aussi la Région Rhône-Alpes et les Chambres de Commerce France-Israël Rhône-Alpes – très impliquées dans ces échanges. Il est important aussi de signaler la coopération avec l’Université Ben-Gourion du Néguev, un des fleurons israéliens de la recherche, notamment en biotechnologie.

 

J’ai préféré ne pas parler ce soir des défis auxquels nous faisons face presque au quotidien et qui découlent bien trop souvent de l’importation du conflit israélo-palestinien en prenant diverses formes, communément connues sous l’appellation Boycott, Désinvestissement, Sanctions – BDS. Mais je ne peux m’empêcher de saluer le courage de l’Imam Chalgoumi, ici présent, qui lutte contre la radicalisation, mais surtout pour préserver les valeurs républicaines et pour prôner la fraternité entre les peuples et les religions.

Shukran.

CRIF