Lu dans la presse
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Publié le 31 Janvier 2020

Culture - Enrico Macias : « Je me remets en question tous les jours »

Il était le 3 février sur la scène du Théâtre Mogador pour chanter au profit de l’association Kol Yaacov. Rencontre avec un chanteur toujours aussi fidèle à lui-même.

Publié le 31 janvier dans Actualité Juive

Actualité Juive: À plus de quatre-vingts ans vos dates de concerts jusqu’en 2021 sont déjà bloquées, en France comme à l’étranger…Quel regard portez-vous sur la question des retraites ? 

Enrico Macias : (rires) Même si j’ai largement dépassé l’âge de la retraite, je continue à travailler ! Je comprends toutefois toutes ces personnes qui, après avoir effectué un travail pénible tout au long leur vie, veulent partir à la retraite avec une bonne pension. Je trouve que toutes ces personnes qui ont trimé dur sont si mal payées que c’en est ridicule… 

A.J.: Lorsque vous montez sur scène et enregistrez des disques, avez-vous le sentiment de travailler ? 

E.M. : C’est une passion, une vocation, mais c’est du travail quand même. Voyager, répéter, composer des chansons…ce n’est pas non plus des vacances !

A.J.: Aborde-t-on le travail avec la même discipline dès lors qu’on le poursuit au-delà de l’âge auquel on aurait pu l’arrêter ? 

E.M. : J’ai toujours la même rigueur. Je n’ai même jamais compté sur mon succès de la veille et je ne me suis jamais endormi sur mes lauriers. Je dirais même que je me remets en question tous les jours. 

A.J.: Avez-vous toujours le trac aujourd’hui ? 

E.M. : Bien sûr, mais le trac est quelque chose de difficile à expliquer. C’est quelque chose qui me transforme à l’approche d’un événement, d’un concert ou d’une émission télévisée. Petit à petit, je me mets dans la peau de celui que je vais être, sur scène ou sur un plateau. Chez moi, le trac est plutôt une forme d’impatience. Je l’ai toujours car même si, avec une carrière de cinquante-sept ans, j’ai l’habitude, je ne peux jamais savoir comment les choses vont se dérouler. Il faut toujours se remettre en question. 

A.J.: En hébreu, lorsque l’on parle d’un vieux sage, on dit qu’il est un Talmid Ha’ham, un sage qui étudie. Quel que soit l’âge, on est jeune tant que l’on apprend. Qu’est-ce que vous, Enrico, apprenez encore ? 

E.M. : Je considère que la connaissance est essentielle pour se rapprocher de la lumière de Dieu. Plus on étudie et plus on se rapproche de la lumière divine. J’ai aussi le sentiment d’en apprendre tous les jours plus. Ce sont les jeunes qui m’apprennent beaucoup. Les enfants m’ont appris énormément dans la vie. 

A.J.: Vous sortez ces jours-ci un nouvel album, enregistré avec un collectif de musiciens franco-algériens. Êtes-vous toujours autant convaincu que la musique reste le seul langage de la paix et de fraternité ? 

E.M. : Absolument. La musique c’est le médicament de tous les problèmes de la vie quotidienne et même de l’humanité. Je ne parle bien entendu pas seulement de la mienne mais de toutes les musiques du monde, qui permettent de se retrouver et de communier. On est pris par la musique et celle-ci nous donne une force et une énergie telles que collectivement on arrive à être meilleur, à aller de l’avant. 

A.J.: A côté de votre public fidèle depuis des années, beaucoup de jeunes viennent assister à vos concerts. Comment expliquez-vous votre succès auprès d’eux ? 

E.M. : Je pense que ces jeunes ont eu la curiosité d’aller découvrir ce qui plaisait tant dans ma musique à leurs parents. Ils se sont intéressés et sont venus à mes spectacles. J’ai décidé d’aller plus loin et de leur présenter certaines de mes chansons qui existent depuis des années. En même temps, je n’ai jamais fait de concession à la mode. J’ai tout le temps suivi mon chemin et développé mon propre style musical, tout en me renouvelant. 

« Plus on étudie et plus on se rapproche de la lumière divine »

A.J.: Le 3 février, vous avez chanté au profit de l’association Kol Yaacov qui agit en faveur des nécessiteux en Israël. Pourquoi cette mobilisation ? 

E.M. : Kol Yaacov est une association que je connais bien et j’apprécie le travail qu’elle réalise. C’est une association dont on perçoit la générosité. Il y a deux ans déjà, j’avais chanté pour elle et la soirée avait si bien marché que cela m’avait donné envie de recommencer. C’est aussi cela le pouvoir de la musique. Elle permet de distraire les gens, ce qui en soi représente déjà une Mitzva et en même temps, permet de récolter des fonds pour aider ceux qui en ont besoin, de faire face aux épreuves qu’ils rencontrent. 

A.J.: Encore et encore hélas, l’antisémitisme demeure un sujet d’actualité et l’affaire Sarah Halimi, dont l’assassin a été déclaré irresponsable pénalement n’en finit pas de choquer. Quel regard portez-vous sur tout cela ? 

E.M. : J’ai été bouleversé par l’attitude du magistrat qui a refusé cet assassin sous prétexte qu’il était sous l’effet des narcotiques. C’est une décision dramatique. Quant à la résurgence de l’antisémitisme, je n’ai jamais été dupe et j’ai toujours su que tôt ou tard, on y reviendrait. Dans notre histoire, on a tout le temps essayé de nous éliminer mais on n’a jamais réussi. Tout cela est grâce à notre connaissance de la Torah et de la protection qu’Hachem nous accorde. 

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