Lu dans la presse
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Publié le 3 Novembre 2020

Europe - Covid-19 : l'Europe se reconfine, la contestation sociale s'étend

Des manifestations qui dégénèrent, des actes de vandalisme... De nouveau frappés par le Covid-19, les pays européens se reconfinent les uns après les autres. Et la contestation sociale prend de l'ampleur.

Publié le 2 novembre 2020 sur le site FranceInfo

Les défilés qui ont eu lieu vendredi et samedi dans une vingtaine de villes en Espagne ont quasiment tous dégénéré. Les troubles les plus violents ont eu lieu à Madrid, où les manifestants ont mis le feu à des bennes à ordures, érigé des barricades sur Gran Via, l'une des artères principales, brisé des vitrines, affronté les forces de l'ordre à coup de pierres et de fusées éclairantes.

Sur tout le pays ce week-end une soixantaine de personnes ont été arrêtées, une trentaine de policiers blessés.

L'objet de cette colère c'est le couvre-feu imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi-totalité des régions juste avant le week-end de la Toussaint pour limiter les déplacements. Le Premier ministre, Pedro Sanchez, a condamné ces troubles dans un tweet : "Le comportement violent et irrationnel de groupes minoritaires est intolérable." Avant de diffuser les images de jeunes en train de nettoyer les dégâts dans la ville de Logroño (Rioja).   

"Notre force est de pouvoir compter les uns sur les autres", écrit le chef du gouvernement espagnol, "continuons à combattre le virus dans l'unité."

En Italie, une semaine de contestation

En Italie, cela fait une semaine déjà qu'une vague de protestations balaie le pays du nord au sud. Vendredi à Florence, un rassemblement non autorisé d'environ 200 personnes avait lui aussi dégénéré. À Rome, samedi, deux manifestations contre la fermeture des bars et des restaurants à 18 heures se sont elles aussi terminées par des affrontements musclés avec la police anti-émeute, derrière le slogan : "Vous nous fermez, vous nous payez". 

Et on ne voit pas bien comment cette colère va retomber puisque le gouvernement devrait aujourd'hui passer à la vitesse supérieure et annoncer un confinement de plusieurs grandes villes comme Naples et Milan.  

Colère spontanée ou mouvement organisé ?

Les petits commerçants, les chauffeurs de taxi et les restaurateurs qui défilent de manière pacifique pour dire leur désespoir se font déborder par des fauteurs de troubles au profil hétéroclite : activistes d'extrême droite, supporters ultras du monde du football, mais aussi "anti-système" d'extrême-gauche, anarchistes... Auxquels s'ajoutent les anti-vaccins et les complotistes de tout poil qui ne croient pas à l'existence de la pandémie.

Et si ce fourre-tout idéologique mobilise par des appels lancés sur les réseaux sociaux, la police ne constate pas de coordination particulière entre les différents mouvements, qui n'ont en commun que la recherche de la confrontation et la violence. À Madrid, selon les autorités, la moitié des personnes arrêtées ce week-end avait déjà un casier judiciaire pour participation à des émeutes.  

La mise sous cloche de la vie nocturne ou l'arrêt des compétitions sportives joue aussi un rôle : parce que c'est une soupape d'échappement qui n'existe plus.

Des autorités prises au dépourvu  

Elles n'avaient pas du tout anticipé une deuxième vague d'une telle ampleur et les mesures de restrictions qui iraient avec.

Sur l’ensemble de l’Europe, le nombre de cas supplémentaires la semaine dernière représente la moitié des cas signalés dans le monde. Les pays européens constituent la troisième région la plus touchée avec 10,4 millions de cas officiels, derrière l’Amérique latine et les Caraïbes (11,3 millions de cas) et l’Asie (10,5).

En Italie, pays qui était déjà dans une situation économique difficile avant la pandémie, le ministère de l'Intérieur s'attendait à un "automne chaud" émaillé de tensions sociales mais pas à cet "effet domino", à cette propagation de la rage et de la violence, que certains journaux comparent ce matin à celle des "Gilets jaunes" en France.