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Publié le 23 Novembre 2020

France - Le résistant Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, est mort

Résistant pendant la Seconde guerre mondiale, embauché pour assister Jean Moulin en 1942, puis marchand d'art et galeriste, Daniel Cordier est décédé à l'âge de 100 ans vendredi. Il était l'un des deux derniers compagnons de la Libération encore en vie.

Publié le 20 novembre dans France Inter

Il était l'un des deux derniers compagnons de la Libération encore en vie. Vendredi, le résistant Daniel Cordier est décédé à l'âge de 100 ans, a appris France Inter. Secrétaire de Jean Moulin pendant la Seconde guerre mondiale, il fut par la suite un marchand d’art reconnu. Après son décès et celui de Pierre Simonet, 99 ans, début novembre, il ne reste plus qu'un seul compagnon de la Libération encore en vie sur les 1038 distingués par le général de Gaulle au sein de la France libre pendant l'Occupation allemande. Il s'agit de l'ancien ministre Hubert Germain, lui aussi centenaire. 

"Enfant" résistant

Né le 10 août 1920, Daniel Cordier, jeune Bordelais, militant maurrassien et monarchiste, rallie la France Libre fin juin 1940 à Londres. Même pas 20 ans, l'âge "d'un enfant", avait-il reconnu. 

"Il y a une chose que j’ai faite et que je referais exactement pareil : c’est m’engager à Londres en 1940. Ça, c’est la seule chose de ma vie dont je suis sûr que je le recommencerais toujours", confiait-il à Jean Lebrun dans la Marche de l'Histoire, en juin 2018

"Je suis le fils de la guerre de 1914. Mon enfance, ce sont les monuments aux morts, les mutilés, etc. Alors, en 1940, quand la France a perdu la guerre qu'elle avait gagnée vingt ans plus tôt, ça a été pour moi insupportable", racontait-il il également. 

 

Résistant et galeriste réputé

À l'été 1941, 21 ans à peine, il est nommé au service "Action" du Bureau central de renseignements et d'action, le BCRA, les services secrets des Forces françaises libres (FFL). Parachuté en France en 1942 près de Montluçon, il est embauché comme secrétaire par Jean Moulin à Lyon et reste au service de cette figure de la résistance jusqu'à l'arrestation de ce dernier en juin 1943. Pourchassé par la Gestapo, il est exfiltré retourne en Angleterre et continue de travailler pour le BCRA. 

À son retour en France, rien ne lui était plus étranger que l’esprit des Anciens combattants, béret sur la tête et clairon à la bouche :

"Je n’ai pas commis d’autre exploit que celui de rester libre."

Jean Moulin avait promis de l'emmener au Prado à Madrid. Il le visita seul. Marchand de tableaux d'art contemporain et primitif et galeriste réputé après la guerre, il a donné des centaines d’œuvres au Musée Georges-Pompidou. En 1983, il a publié une colossale biographie de Jean Moulin, répondant notamment aux critiques formulées par un autre résistant, Henri Frenay. 

"Face à l'Histoire" 

Le jour de son 100e anniversaire, le 20 août, Emmanuel Macron lui avait téléphoné, le remerciant "pour l'exemple donné" durant la guerre et après. "Quand la France était en péril, lui et ses compagnons prirent tous les risques pour que la France reste la France. Nous leur devons notre liberté et notre honneur", a commenté vendredi le chef de l'Etat qui a annoncé la tenue d'un hommage national.

En 2018, il avait accompagné le président de la République au Mont-Valérien, près de Paris, au Mémorial de la France combattante. Le chef de l'État profitait de ce jour de commémorations de l'Appel du 18 juin pour l'élever au plus haut grade de la Légion d'honneur. "Se trouver face à vous, c'est se trouver immédiatement, irrésistiblement, face à l'Histoire", avait déclaré Emmanuel Macron. 

Il est prévu que le dernier des Compagnons qui décédera soit inhumé au Mont-Valérien, qui fut le principal lieu d'exécution de résistants et d'otages par l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale.

 

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