Lu dans la presse
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Publié le 27 Janvier 2021

France - Le seul suspect de l’attentat antisémite de la rue Copernic renvoyé aux assises, quarante ans après les faits

Cet attentat commis le 3 octobre 1980 avait causé la mort de quatre personnes et en avait blessé quarante-six autres.

Publié le 27 janvier dans Le Monde

Quarante ans après l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, la cour d’appel de Paris a décidé mercredi 27 janvier de renvoyer aux assises l’unique suspect retrouvé par la justice française, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire. Cette attaque avait fait quatre morts et quarante-six blessés le 3 octobre 1980.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel a infirmé le non-lieu rendu en janvier 2018 par les juges antiterroristes au bénéfice d’Hassan Diab, universitaire libano-canadien de 67 ans, accusé d’avoir posé la bombe. Ce dernier, qui clame son innocence, est reparti au Canada après trois années de détention provisoire et mène bataille contre la justice de son pays, qui avait autorisé son extradition fin 2014.

« Cette décision est insensée, car elle est totalement contraire au droit et au dossier, et par conséquent ne puise son inspiration que dans le politiquement correct », a réagi sa défense dans une déclaration à l’AFP, annonçant qu’elle allait contester ce revirement devant la Cour de cassation. « Elle censure une décision prise par deux juges d’instruction, dont la motivation extrêmement rigoureuse était proportionnée aux enjeux et à la gravité de faits. Personne ne peut soupçonner ces magistrats ni de faiblesse ni de naïveté », ont déclaré William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefevbre.

« Presque la fin d’un long combat »

L’enquête avait attribué l’attentat commis le 3 octobre 1980, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), groupe né d’une scission du FPLP, et les renseignements français avaient identifié Hassan Diab en 1999. Mais près de vingt ans plus tard, les juges antiterroristes avaient, contre l’avis du parquet, considéré que les charges réunies contre l’ancien étudiant de Beyrouth n’étaient « pas suffisamment probantes », une décision infirmée mercredi à la grande satisfaction des parties civiles.

« Je suis contente, cela faisait des années que nous demandions un procès », s’est félicitée Corinne Adler, partie civile venue écouter le délibéré. « Que tout s’arrête là m’aurait beaucoup peiné, pour toutes les victimes dont je fais partie », a déclaré celle qui, adolescente, célébrait sa bar-mitsva dans le lieu de culte au moment l’explosion.« C’est une satisfaction d’obtenir un procès, presque la fin d’un long combat », a salué Bernard Cahen, avocat de la synagogue et des familles de deux victimes mortes dans l’attaque. « Si la cour d’assises déclare que M. Diab n’est pas coupable, au moins justice aura été rendue par une décision collégiale et contradictoire », a ajouté l’avocat, toutefois « sceptique » sur les chances d’obtenir une nouvelle extradition de l’accusé. « Mais on va essayer ».

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