Lu dans la presse
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Publié le 6 Septembre 2019

France - Un membre du centre Zahra jugé pour provocation à la haine des Juifs

Le prédicateur du centre Zahra de Grande-Synthe, dissous le 20 mars 2019 par le ministère de l’Intérieur, a comparu ce mercredi devant le tribunal pour provocation à la haine raciale. Un article "tapant" sur les Juifs, diffusé par Zahra, est à l’origine des poursuites.

Publié le 5 septembre dans Le phare dunkerquois

Depuis l’intervention antiterroriste du 2 octobre 2018 au Centre Zahra, Jamel Tahiri est sorti de l’anonymat. Co-fondateur du centre, cet homme de 44 ans avait pour habitude de diriger la prière auprès des fidèles d’obédience chiite qui fréquentaient le centre.

Président de l’association Zahra, qui gérait le centre du même nom et qui a été dissoute en mars 2019, il est par cette fonction tenu comme responsable des publications qui apparaissent sur le site internet de l’association.

C’est en tout cas la vision du parquet de Dunkerque qui a renvoyé le Grand-Synthois devant le tribunal pour provocation publique à la haine ou à la violence.

La diffusion d’un article antisémite

La procédure démarre après un signalement du ministère de l’Intérieur, datant de novembre 2018, qui a trouvé sur le site de l’association Zahra, un article relayant des propos antisémites.

Le texte appelle en substance, à considérer que la communauté juive était responsable des maux de toute la planète.

Cet article est issu d’une revue mensuelle « de recherche et d’information spirituelle » publiée au Cameroun et dénommée Binour. Son auteur, un Camerounais musulman chiite, avait contacté le centre Zahra pour qu’il diffuse sa revue.

Pour Jamel Tahiri, la diffusion de « ce petite paragraphe au sein de tous les numéros que nous avons publié », est une simple méprise.

Chaque mois, le centre a alors diffusé la revue Binour, sans réellement contrôler le contenu sur son site internet, dont le numéro 60, comportant ce texte signé par son auteur camerounais.

« On considérait que l’auteur était de bonne foi. D’ailleurs, ça m’attriste d’être là aujourd’hui (devant le tribunal de Dunkerque, NDLR). No us avons toujours prôné la bonne entente avec les autres religions », assure Jamel Tahiri.

Six mois de prison avec sursis requis et 3 000 euros d’amende

Le procureur de Dunkerque, Sébastien Piève, ne l’entend pas de cette oreille et rappelle, « que l’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un délit ».

Sur le texte publié, la position du parquet est claire : « Je considère que la façon dont les propos sont amenés constitue bien une provocation à la haine contre les personnes d’origine juive. »

Et la responsabilité de Jamel Tahiri ne fait aucun doute aux yeux du parquet : « C’est lui, en tant que président de l’association, qui est responsable des publications. C’est lui qui a sélectionné ce texte parce qu’il s’inscrit dans la mouvance de son association. »

Six mois de prison avec sursis sont requis à l’encontre de Jamel Tahiri, ainsi que 3 000 euros d’amende.

Pour la défense du prévenu, Maître Pierre Cortier plaide la relaxe pure et simple de son client. Pour l’avocat, les charges qui reposent sur Jamel Tahiri n’ont aucun réel socle juridique. « Cette procédure ne tient pas la route et les règles de droit ne sont pas respectées. »

Le tribunal s’est donné quelques semaines pour trancher : son délibéré sera rendu le 14 novembre prochain.

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