Tribune
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Publié le 24 Janvier 2006

Baisse des actes antisémites : satisfaction et vigilance

Pour la première fois depuis cinq ans, le nombre d’actes antisémites en France a diminué de manière significative. Selon les statistiques du Ministère de l’Intérieur, confirmées par le CRIF, 2005 a connu une baisse de près de moitié des violences et incidents antisémites.


Est-ce le début de la décrue ? Sommes-nous parvenus à endiguer cette vague de violence sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale? Peut-être. Sans doute et on ne peut bien sûr que s’en féliciter. Même s’il faut rester vigilant.
Comment expliquer cette accalmie ? Plusieurs causes peuvent être avancées : au Proche-Orient, l’échec de l’Intifada et du même coup la dédiabolisation d’Israël. Ici, en France, la réaction énergique des pouvoirs publics, la prise de conscience d’une bonne partie de l’opinion publique, ce qui permet de réaffirmer, pour ceux qui en auraient douté, que la France n’est pas un pays antisémite.
Et puis, il faut saluer également l’attitude qui depuis cinq ans a été celle de la communauté juive française. Celle-ci, dans son immense majorité ne s’est pas laissée intimider. Elle a su dans ces moments difficiles affirmer sa solidarité sans faille avec Israël. Il y a cinq ans, il est vrai, lorsque l’Intifada a éclaté, accompagné en France d’une déferlante de désinformation, nous nous sommes sentis un peu seuls, un peu abandonnés, un peu incompris, des médias, des intellectuels et des partis politiques.
Souvenez-vous, le 7 avril 2002. Le CRIF avait organisé une grande manifestation pour protester contre l’antisémitisme et affirmer la solidarité des juifs avec Israël. De toutes part des pressions s’exercèrent alors contre la communauté juive, une sorte de marché hypocrite lui fut proposé. Certaines organisations antiracistes étaient d’accord pour dénoncer l’antisémitisme mais à condition que, les juifs de France se désolidarisent d’Israël.
Les juifs, qui ne cédèrent pas à ce chantage, manifestèrent en masse à Paris et en province contre l’antisémitisme et pour la défense d’Israël. Nous avions raison et les faits nous ont donné raison. Aujourd’hui la politique d’Ariel Sharon est saluée, l’image d’Israël en partie restaurée et les exactions anti-juives en diminution. Il faut souhaiter maintenant que cette accalmie ne soit pas temporaire. Raison de plus pour demeurer vigilant.
Clément Weil-Raynal
RCJ, lundi 23 janvier 2006