Tribune
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Publié le 25 Août 2010

Crise humanitaire à Gaza? Par Shmuel Trigano

L’accusation de Chris Patten(1) s’autorise à n’en pas douter du Rapport Goldstone de l’ONU sur Gaza, accusant Israël de “crimes de guerre” et de “crimes contre l’humanité” (“la politique d’Israël met au défi pur et simple le droit international et les normes coutumières”). La revue Controverses a démontré dans une étude de 250 pages à quel point ce document n’était pas fiable(2) tant sur le plan de l’enquête juridique que de l’interprétation du droit international. Depuis plus de 10 ans, une guerre psychologique fait rage, remportée par la cause palestinienne qui tient le haut du pavé dans tous les médias. Et nous assistons impuissants, mais conscients, à ses ravages qui font écran au réel au point que l’on ne distingue plus la réalité des allégations idéologiques. Les acteurs de cette guerre se nichent dans les ONG et instrumentalisent à tour de bras les droits de l’homme et les causes humanitaires afin de délégitimer l’Etat d’Israël dans son essence même(3) en le présentant comme un Etat raciste et criminel pratiquant l’apartheid.




Chris Patten, président de Medical Aid for Palestinians, est donc bien dans son rôle et il prend beaucoup de libertés avec la réalité. S’indigner de “l’indifférence de la communauté internationale” à propos de Gaza a de quoi stupéfier, au constat du déluge médiatique à ce propos. “Réveillé par les attaques militaires israéliennes de décembre 2008 et 2009”, il dormait donc profondément pendant des années alors que 12 000 roquettes de Gaza faisait de la vie du sud d’Israël un enfer.



Chris Patten reconstruit l’histoire de façon imaginaire. Il fait comme si le Hamastan n’avait pas déclaré la guerre à Israël qui venait de se désengager de ce territoire. Il ne se pose jamais la question de savoir pourquoi l’Autorité Palestinienne est hostile au Hamas et l’Egypte, partie prenante du blocus, avec un mur en acier de 9kms! Serait-elle donc co-responsable du martyr de Gaza? Personne, pourtant, ne s’en prend à elle ni ne dirige ses armada “humanitaires” vers ses rivages. Qui a entendu parler du convoi humanitaire lapidé par les Egyptiens avant d’arriver à Gaza ni des 250 tonnes d’articles alimentaires brulées par elle en mai 2009?



Qui a détruit les “infrastructures industrielles” de Gaza sinon d’abord le Hamas? Les serres israéliennes qu’une organisation internationale avait rachetées au profit de Gaza furent immédiatement détruites. Si les industries se sont raréfiées-ce qui est à vérifier- c’est sans doute le résultat de la guerre permanente décrétée par le Hamas. Les fabriques d’armement et l’importation d’armes iraniennes ne cessent pas, elles. Stopper le blocus serait la meilleure façon de faire de Gaza un port militaire iranien aux portes d’Israël et de l’Europe.



Affirmer que Gaza est au bord de la famine relève du mensonge, à un tel niveau de généralisation. On peut visiter sur internet(4) les restaurants de luxe des plages de Gaza, le “Rootsclub”, le Green Terrace Cafe, Ambassador Banquet Hall, Big Bite... Les premiers à le savoir devraient être Chris Patten et les journalistes qui les fréquentent! On peut aussi avoir une idée (5) du centre commercial de grand luxe qui vient d’être inauguré, climatisé, avec un parking de 600 places, un ensemble de manèges. On se demande aussi comment, avec l’embargo sur les “matériaux de construction”, une piscine olympique a pu être inaugurée(6)! Le journal Palestine Today du 26 novembre 2009(7) publie un reportage sur les fêtes de l’Aid, avec force photos d’abondance et d’affluence. Le 29 juin 2010, le journaliste égyptien Mahmoud Hammadi explique dans le quotidien Rose El Yousef que la vie à Gaza est bien meilleure qu’en Egypte et qu’un “blocus humanitaire” de ce genre serait une bénédiction pour le peuple égyptien. Il remarque que les magasins sont pleins de marchandises(8). La population “meurt de faim” ose écrire Chris Patten.



Et qu’en est-il de l’électricité dont il fustige “les coupures” qui retentissent si gravement sur les “hôpitaux”. C’est là aussi une allégation sans fondements et Chris Patten devrait avant d’accuser vérifier ce que les chefs du Hamas lui disent! La centrale électrique de Gaza produit à elle seule 30% de l’électricité. 10 lignes à haute tension venant d’Israël fournissent 62% de l’énergie et 2 lignes d’Egypte, 7%. La fourniture israélienne n’a jamais été interrompue si ce n’est quelques heures lorsque ses bénéficiaires gazaouites ont tiré sur la centrale d’Ashkélon: le personnel l’a réparée sous les tirs au péril de sa vie.



Les ONG comme Chris Patten se plaisent à peindre une situation de catastrophe humanitaire. Mais toutes les statistiques internationales infirment ce mensonge: le taux de mortalité y est de 3,44 morts pour 1000 (en Algérie: 4,64, en France 8). La population y progresse de 3,29 % par an (6eme rang mondial), la mortalité infantile de 18 pour1000 (au Maroc 29), l’espérance de vie est de 73 ans (Egypte: 71 ans, Afrique du Sud: 49 ans). Pour une crise humanitaire régulièrement annoncée depuis plus de 15ans, la situation semble tout de même correcte!



Cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir des pauvres à Gaza et des destructions du fait de la guerre du Hamas. On pourrait parfaitement accréditer l’idée que la France est au bord de la crise humanitaire si l’on décidait de ne filmer que les camps de Roms. A Gaza, gouvernée par une organisation totalitaire et nécessairement mafieuse, il y a une classe moyenne et des classes très riches qui s’enrichissent de ce qu’elles prélèvent sur la contrebande des tunnels et des subventions mondiales, investissent dans l’immobilier et les terres, se font construire de superbes villas. On conviendra qu’une population qui aura doublé dans 15 ans s’expose à des difficultés économiques insurmontables! Ce sera bien sûr de la faute d’Israël si elle manque d’eau!



Article publié dans la Figaro du 9 aout 2010



Photo : D.R.



(1)“Oui, Gaza est une prison!, Le Figaro, 6 août 2010
(2) Editions de l’Eclat, http://www/controverses.fr. On peut le consulter et le télécharger sur Internet: http://www.ngo-monitor.org/french/controverses13_TAP.pdf
(3) Stipendiées par nombre d’Etats, elles sont en fait leur bras “juridique” pour influer sur la politique israélienne. Cf. le rapport de NGO Monitor(www.ngo-monitor) que Controverses publiera dans sa livraison d’automne.
(4)En anglais: http://www.rootsclub.ps/index.php et en arabe: http://www.rootsclub.ps/services-ar.php et en vidéo : rootsclub.ps/movie.php. On trouvera les autres restaurants à la mode sur internet. Cf. Tom Gross, National Post 25 mai 2010. “Fancy restaurants and olympic size pools: what the media won’t report about Gaza”: http://fullcomment.nationalpost.com/2010/05/25/fancy-restaurants-and-oly... size-pools-what-the-media-won’t-report-about-gaza/#ixzz0p0XIKArN.
(6)Cf. agence de presse palestinienne Maan News Agency 7/8/2010: http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=285242
(7)http://paltoday.ps/arabic/News-64161.html. Le Wall Street Journal du 3 décembre 2009 en reproduit aussi. Cf. http://www.tomgrossmedia.com/mideastdispatches/archives/001972.html
(8)Publié en traduction par le site Memri http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/4427.htm
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