Tribune
|
Publié le 7 Juillet 2005

Le Quid condamné pour présentation contestable du génocide arménien

Le Quid minimise le nombre de victimes du génocide Arménien



En 2003, Marc Knobel, Président de J’Accuse, alerte les associations arméniennes lorsqu’il prend connaissance de chiffres qui sont donnés par l’encyclopédie du Quid sur le génocide arménien. Le 27 mai 2003, le Comité de Défense de la Cause Arménienne (CDCA) auquel se sont joints le Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF), Mémoire 2000, l’Union des étudiants Juifs de France (UEJF) et J’Accuse, déposent une assignation contre la société des Encyclopédies Quid et les Editions Robert Laffont pour « diffusion de propagande négationniste ».

Le mercredi 25 mai 2005 se tient, devant la 17e Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris, le procès contre le Quid. Le Tribunal écoute avec attention les avis exprimés par les avocats des associations plaignantes (Maîtres Bernard Jouanneau et Serge Tavitian pour le CDCA et le CCAF, Maître Mathilde Jouanneau pour Mémoire 2000, Maître Stéphane Lilti pour l’UEJF et Maître Richard Sebban pour J’accuse).

Dans son jugement, la 17e chambre du TGI, présidée par Joël Boyer, estime que la présentation faite par le Quid était fautive « au regard des exigences attendues d'un ouvrage à vocation pédagogique qui se prévaut d'un souci d'exactitude et de neutralité ». Le tribunal relève plusieurs éléments pour étayer sa décision. Tout d'abord, le Quid a eu recourt « à un vocabulaire approximatif, banalisant et relativisant la réalité et la portée historique du fait commenté ». Par ailleurs, les auteurs du livre se réfèrent à une « estimation grossièrement sous-estimée du nombre de victimes » faite par un historien américain, « tenu pour négationniste ». Enfin, le Quid a juxtaposé, « de manière particulièrement déséquilibrée, la position turque sur le sujet, fort précise et développée, et la position arménienne, sommairement exposée ». Selon le tribunal, le Quid a ainsi causé « aux proches et aux héritiers de cette communauté, ainsi qu'aux groupements qui ont pour objet de maintenir la mémoire de ces événements, un trouble et une douleur morale d'autant plus vifs que le souvenir et l'attention historique venaient à peine de triompher de décennies de silence ». En conséquence, la société Robert Laffont et la société Quid sont condamnées à payer solidairement à chacune des associations un euro de dommages intérêts.

Elles devront également publier un communiqué faisant état de ce jugement dans trois quotidiens et trois hebdomadaires du choix des associations, ainsi que sur le site Internet du quid « en sorte qu'il soit accessible à tout lecteur consultant les éditions 2002, 2003 et 2004 du Quid ou, pour le moins, les entrées 'Turquie' et 'Arménie' de ces éditions électroniques », a décidé le tribunal.
Les éditions Robert Laffont et le Quid ont décidé de faire appel de cette décision qu'ils considèrent "inquiétante" pour la liberté d'expression et la liberté d'édition.

Dans le Quid, des chiffres qui minimisaient Auschwitz

A l’initiative de Marc Knobel, président de J’Accuse, et par assignation du 23 novembre 2001, J’Accuse, l’UEJF, Mémoire 2000, le Consistoire Central, la LICRA avaient fait citer conjointement la société Les Editions Robert Laffont et la société des encyclopédies du Quid devant le Tribunal de Grande Instance de Paris statuant en référé, en raison d’une étude publiée dans l’édition 2002 du Quid et sur le site Internet du quid, consacrée au nombre de victimes juives du camp d’extermination d’Auschwitz–Birkenau. L’article dressait, dans l’ordre décroissant du nombre de victimes, une liste d’évaluations diverses publiée depuis la guerre. En fin de texte, apparaissait la dernière source citée : « Faurisson (révisionniste) : 150 000 (morts) en tout (dont environ 100 000 Juifs, la plupart morts du typhus). A l’occasion de ce procès, les associations s’étaient étonnées que la propagande antisémite de Robert Faurisson soit jugée digne d’accéder au rang de « connaissance » sous la caution scientifique et morale du Quid et qu’elle soit ainsi offerte au plus grand nombre, jeunes et moins jeunes, sans autre précaution que l’usage du terme «révisionniste» (abscons pour la plupart et encadré dans le texte d’obscures guillemets). Au cours de cette première procédure, l’éditeur s’était engagé à retirer les références litigieuses de l’édition 2003 de l’encyclopédie. La modification n’ayant pas été réalisée, les associations ont réclamé le retrait de la vente de l’ouvrage. Mais dans une décision du 6 novembre 2002, le juge des référés avait estimé qu’il était suffisant d’envoyer un texte récapitulatif à tous les points de vente où il aurait pu être affiché à proximité du Quid et de faire insérer un erratum dans les 100 000 exemplaires encore à l’impression. Faisant constater que cette obligation n’était pas remplie, les associations ont de nouveau saisi la justice et ont obtenu que le TGI de Paris condamne le Quid et son éditeur pour avoir violé un accord conclu avec les associations (Associated Press, 28 mars 2003).

Finalement le Quid a fait disparaître cette mention.