Tribune
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Publié le 18 Mars 2009

Le déni de l’antisémitisme

Un jeune sociologue nommé Laurent Mucchielli vient de rédiger ce que certains appellent pompeusement «une étude» et qui est en fait un petit article publié sur plusieurs sites Internet. Son thème : l’antisémitisme en France aujourd’hui. Ou plutôt, devrait-on dire, le déni de l’antisémitisme.



Certes, M. Mucchielli constate une recrudescence des actes antisémites depuis le début de l’année 2009. Mais il se hâte d’ajuster le tir. Ce n’est pas vraiment de l’antisémitisme, écrit-il, c’est une conséquence de la guerre de Gaza.
Le jeune sociologue brandit les rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. C’est là, assène-t-il, que se trouvent les vrais chiffres. Et de nous ressortir les résultats bien connus des sondages d’opinion où la grande majorité des Français déclarent qu’ils ne sont pas antisémites, ce dont nous n’avions d’ailleurs pas douté un seul instant.
Mais M. Mucchielli oublie bizarrement d’autres chiffres figurant dans ces mêmes rapports. Je veux parler des statistiques relatives aux agressions racistes et antisémites. Or ces statistiques montrent une augmentation vertigineuse des agressions antijuives à partir de l’an 2000. Elles montrent aussi que les agressions racistes dont sont victimes les Juifs sont dix fois plus nombreuses, relativement à la population considérée, que celles dont sont victimes les Arabes ou les Noirs.
Tout cela ne change rien au fait que les Noirs et les Arabes sont victimes, par ailleurs, de discriminations qui touchent moins les Juifs. Mais nier la réalité des attaques antijuives, et surtout leur recrudescence dans la période récente, c’est pousser le bouchon un peu loin.
Là où M. Mucchielli pousse le bouchon vraiment trop loin, c’est quand il accuse les institutions juives de ne pas être capables de «prendre leurs distances vis-à-vis de l’État israélien», cette incapacité expliquant selon lui, sans la justifier bien sûr, la montée des actes antijuifs.
Il est vrai que les institutions juives ont exprimé leur soutien à Israël. Mais il est non moins vrai que les institutions musulmanes ont proclamé des choix inverses. Si la solidarité juive explique des attaques contre des synagogues, est-ce que la solidarité musulmane expliquerait des attaques contre des mosquées ?
À vouloir trop démontrer, M. Mucchielli s’est aventuré sur un terrain dans
un terrain dangereux. Dangereux pour tous les Français, de toutes origines



Meïr Waintrater
RCJ(94.8 FM).
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