Tribune
|
Publié le 10 Février 2014

Halte à la résurgence des stéréotypes de la haine: à l'université et dans toute la société

Tribune co-signée par Albert Herszkowicz, Philippe Joutard, Gérard Lauton et Antoine Spire et publiée dans le Huffington Post le 7 février 2014

 

Une parole raciste et antisémite se déploie et se banalise, encouragée par des discours haineux et médiatiques tels ceux de Dieudonné. Cela engendre un climat délétère. En marge de ces dérives, une campagne se développe pour invoquer le "droit de rire de tout", y compris dans le registre de l'injure, du négationnisme, de la haine des Juifs. Certains invoquent la liberté de pouvoir tout laisser dire, même ce qui est inacceptable sur le plan éthique. C'est ignorer que Dieudonné, depuis qu'il fraye avec les négationnistes, ne se situe pas dans le registre de l'argumentation, mais dans celui d'une diffusion de ses anathèmes contre les Juifs. Cela constitue une atteinte radicale au vivre ensemble républicain.

Il est particulièrement inquiétant que cette résurgence des stéréotypes de la haine ait trouvé un nouveau terrain dans une université. En avril 2013, une vingtaine d'étudiants de l'université de La Rochelle ont joué avec l'aide de subventions publiques une pièce de théâtre intitulée "Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale". Cette pièce prétend dénoncer les "excès de la finance folle". On s'y moque des pauvres, des prostituées, des Chinois, des homosexuels, etc. Elle présente les Juifs comme les responsables de l'horreur financière du monde.

 

La pièce met en scène une machination d'une banque juive dans laquelle les enfants seront évalués avant leur naissance et contraints, une fois devenus adultes, de verser une part importante de leur salaire. Bref, une forme nouvelle d'esclavage inventée par les Juifs. Dans la pièce, un cuisinier d'un camp de concentration nazi, personnage devenu plutôt sympathique, est pourchassé par des Juifs ultra-orthodoxes, vulgaires et vindicatifs, et l'un d'eux se réconcilie avec ce nazi... en échange d'une liasse de billets. Ce sont bien les Juifs qui sont visés dans la pièce. Ils sont au centre du dispositif, et sans eux, il ne resterait rien de cette "œuvre"… Lire la suite.

 

Signataires : LICRA ; MRAP ; UAVJ ; MEMORIAL98 ; COLLECTIF VAN ; CONFRONTATIONS EUROPE - Éliette Abécassis, Romancière ; André Antibi, Professeur émérite à l'UPS (Toulouse 3) ; Arnold Bac, Professeur d'École honoraire ; Roger Benguigui, Secrétaire général de la LICRA ; Corinne Bitoun, Avocate ; Léon Brenig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Michel Canet, Président de l'UFAL (Union des familles laïques) ; Jean-Claude Casanova, membre de l'Institut ; Marjolaine Chevallier, MCF honoraire à la Faculté de Théologie protestante, Univ. Marc Bloch, Strasbourg ; Jean-Yves Duyck, Professeur émérite de Sciences de Gestion, Université La Rochelle ; Olivier Gebuhrer, MCF honoraire de mathématiques, co-animateur de UAVJ ; Wladimir Glasman, Professeur d'arabe ; Michel Goldberg, Institut Pasteur, Professeur émérite ; Michel Goldberg, INSERM, Professeur émérite ; Michel Goldberg, musicien de jazz ; Gérard Gunzig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Albert Herszkowicz, Président de Memorial98 ; Philippe Herzog, Président fondateur de Confrontations Europe et Claude Fischer, Présidente ; Philippe Joutard, historien, ancien recteur ; Marc Knobel, historien ; Gérard Lauton, universitaire (UPEC), membre de la Commission Administrative nationale du SNESUP-FSU ; Pascal Lederer, CNRS, DR émérite, co-animateur de UAVJ ; Bernard Maro, DR émérite, Médaille d'argent du CNRS ; Isabelle De Mecquenem, Philosophe, Université de Reims ; Sabine Missistrano, Présidente d'Honneur de la Ligue des Droits de l'Homme (Belgique) ; Seta Papazian, Présidente du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme) ; Gilles Perrault, écrivain ; Alain Policar, Politologue, Centre de recherches politiques de Sciences-Po (CÉVIPOF) ; Richard Prasquier, ancien Président du CRIF ; François Rastier, Directeur de recherche (CNRS) ; Nathalie Sayac, universitaire (UPEC) ; Bernard Schalscha, membre du Comité de rédaction de La Règle du jeu ; Philippe Schmidt, Vice-Président de la LICRA, Président de l'INACH (International Network Against Cyberhate) ; Marianne Seckel, Pasteur de l'ÉPUdF (Église Protestante Unie de France) à La Rochelle et l'Île de Ré ; Antoine Spire, journaliste, Vice-Président de la LICRA ; Pierre-André Taguieff, Directeur de recherche (CNRS) ; Gérard Unger, Président de Metrobus, Président de Jcall ; Emmanuel Wallon, Professeur de sociologie politique.