Tribune
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Publié le 2 Mars 2015

Islam de France : pourquoi il faut prendre exemple sur le Consistoire de Napoléon

Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi la mise en place d'une «instance de dialogue» avec les communautés musulmanes.
 

Par Louis Manaranche, publié dans le Figaro le 27 février 2015
Louis Manaranche rappelle comment Napoléon avait réussi à organiser le judaïsme en France.

12 ans après la création solennelle et médiatisée du CFCM revient le serpent de mer de l'organisation par la République d'un Islam français. Nombreux sont ceux qui, échaudés par le bilan mitigé du CFCM, sont d'avance convaincus que cette initiative est vouée à l'échec. La France possède pourtant une très ancienne tradition d'organisation des religions.
Une période phare vient spontanément à l'esprit: celle du Concordat de 1801, signé par Bonaparte et le pape Pie VII. L'importance de ce compromis entre le Saint-Siège et la France, après la violence des persécutions anticléricales et de la déchristianisation révolutionnaires, a néanmoins fait un peu oublier les organisations données aux deux autres religions dites concordataires: le protestantisme et le judaïsme. Ce dernier constitue un cas à part. Ce n'est qu'en 1806 que commence sa grande réforme. Napoléon Ier convoque alors une «Assemblée des notables» Juifs, nommés par les préfets, à qui il soumet douze questions:
1) Est-il licite aux Juifs d'épouser plusieurs femmes?
2) Le divorce est-il permis par la religion juive? Le divorce est-il valable, sans qu'il soit prononcé par les tribunaux et en vertu de lois contradictoires à celles du code français?
3) Une juive peut-elle se marier avec un Chrétien et une Chrétienne avec un Juif?
4) Aux yeux des Juifs, les français sont-ils leurs frères? Ou sont-ils des étrangers?
5) Dans l'un et l'autre cas, quels sont les rapports que la loi leur prescrit avec les français qui ne sont pas de leur religion?
6) Les Juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie? Ont-ils l'obligation de la défendre? Sont-ils obligés d'obéir aux lois et de suivre toutes les dispositions du Code civil?
7) Qui nomme les rabbins?
8) Quelle juridiction de police exercent les rabbins parmi les Juifs? Quelle police judiciaire exercent-ils parmi eux?
9) Cette forme d'élection, cette juridiction de police sont-elles voulues par leurs lois, ou seulement consacrées par l'usage?
10) Est-il des professions que la loi des Juifs leur défende?
11) La loi des Juifs leur défend-elle de faire l'usure à leur frère?
12) Leur défend-elle ou leur permet-elle de faire l'usure aux étrangers?
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Louis Manaranche est Agrégé d'histoire et Président du laboratoire d'idées Fonder demain. Son livre «Retrouver l'histoire» vient de paraître aux éditions du Cerf.
 

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