Tribune
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Publié le 13 Décembre 2012

Khaled Mashaal a fait un véritable discours de guerre

 

Par Richard Darmon

 

En visite pour la première fois dans la Bande de Gaza, le chef de la branche internationale du Hamas a fait un discours très extrémiste applaudi par plusieurs centaines de milliers de Palestiniens venus l’acclamer. « Du Jourdain à la mer, du nord au sud, la Palestine est notre terre, et nous ne céderons pas un seul pouce de son territoire, s’est exclamé Mashaal, le 8 décembre, devant une énorme foule en liesse à Gaza, du haut d’une tribune où figurait une immense reproduction d’un missile M75 et un portait du cheikh Ahmed Yacine.

 

« La Palestine était, est et sera toujours arabe et islamique : c’est une terre qui nous appartient à nous et à personne d’autre ! Nous ne pourrons jamais reconnaître l’occupation israélienne en Palestine, car ce pays nous appartient à nous, et certainement pas aux sionistes ! »

 

Et de surenchérir en précisant : « Le Djihad et la résistance armée constituent la seule voie juste pour tous les Arabes et les Musulmans afin de libérer la Palestine, toute la Palestine, et de restaurer nos droits ! (…) Voilà pourquoi nous ne renoncerons jamais à libérer Jaffa, Haïfa, Safed et Beer Chéva ! »

 

Abordant ensuite le sujet de la scission du mouvement national palestinien entre le Fatah de Ramallah et le Hamas de Gaza, il a ajouté : « Cette division, qui nous a été imposée quand certains ont refusé d’accepter les résultats des élections de 2006 que nous avions remportées, constitue notre tragédie nationale. Oublions donc le passé, parce qu’aujourd’hui est un jour de victoire ! »

 

Des propos auxquels Abou Mazen, le président (Fatah) de l’AP, n’a pas du tout réagi, mais qui ont été critiqués en ces termes le lendemain par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu : « Nous avons à nouveau pu redécouvrir le vrai visage de notre ennemi à Gaza : il n’a nullement l’intention d’arriver à un quelconque compromis avec nous, car il veut la destruction de notre État. Bien sûr, cela échouera, car dans notre histoire et celle du peuple juif, nous avons appris à vaincre ce genre d’ennemis. Mais il est tout de même intéressant de constater qu’Abou Mazen n’a publié aucun mot de condamnation ni même de remarque sur leur volonté de détruire Israël, tout comme il n’avait rien dit quand les missiles du Hamas étaient tirés contre nous… À notre grand regret, il a lancé des appels à l’unité avec ce même Hamas qui est soutenu par l’Iran ».

 

Au-delà de sa venue hautement symbolique à Gaza pour fêter le 25e anniversaire de la création du Hamas, comme branche gazaouite de la grande confrérie régionale des Frères musulmans, la présence de Mashaal – qui occupe toujours le poste autant influent et prestigieux de chef de la branche internationale du Hamas – annonce-t-elle la fin des tensions, très nombreuses jusque-là au gré des événements régionaux, entre le potentat local dirigé par le « Premier ministre de Gaza », Ismaïl Haniyé, et le service « étranger » de Mashaal qui a déménagé voilà quelques mois de Damas à Doha au Qatar ?

 

S’il est encore trop tôt pour en être sûr, la présence d’un Haniyé souriant et triomphant, aux côtés de Mashaal lors de ce rassemblement massif du 8 décembre, augure sans doute d’un nouveau chapitre de l’histoire du Hamas.

 

D’autant que, quelques jours avant, Haniyé avait annoncé la création – au sein de son gouvernement – d’un véritable « ministère de la Défense » censé gérer l’achat de « nouveaux moyens de défense du peuple palestinien contre Israël », à savoir organiser de nouvelles filières d’importations d’armes en tous genres : Un signe, parmi d’autres, montrant que le Hamas veut se restructurer en vue d’autres affrontements à venir avec Israël.

 

Autre indication allant dans ce sens : Le fait que les cellules « dormantes » du Hamas implantées depuis des années en Judée-Samarie – confrontées de temps à autre aux coups de filet répressifs de la police de l’AP – ont bel et bien été réactivées ces dernières semaines …

 

Comme pour bien faire sentir à Abou Mazen et au Fatah que le Hamas pourrait aussi vouloir prendre le pouvoir à Ramallah… Ce qui, du coup, réunifierait le mouvement national palestinien derrière la bannière de l’islamisme guerrier le plus extrémiste.

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