Tribune
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Publié le 21 Novembre 2012

La vérité sur le Hamas

Analyse du ministère israélien des Affaires étrangères datées du 20 novembre 2012 et traduite par Hélène Keller Lind

 

Issu des Frères musulmans, le Hamas refuse de reconnaître le droit d'Israël à exister et considère que la guerre sainte est un devoir religieux pour tout musulman. Pour ce mouvement il n'y de solution à la question palestinienne que par le djihad.

Hamas : Ce mot arabe signifie « zèle » et représente aussi le «Harakat al-Muqawama al-Islamiya», ou Mouvement de Résistance Islamique.

 

Le Hamas est issu des Frères musulmans, une organisation religieuse et politique fondée en Égypte, qui a des sections dans presque tout le monde arabe.

 

Le Cheikh Ahmed Yassine a fondé le Hamas en tant que bras politique local des Frères musulmans en décembre 1987, dans la foulée du déclenchement de la première Intifada. Le Hamas a publié sa Charte officielle en 1988.

 

Le Hamas combine nationalisme palestinien et fondamentalisme islamique : il considère le territoire actuel d'Israël - ainsi que la Bande de Gaza et la Cisjordanie - comme un waqf islamique, soit un legs religieux inaliénable qui ne pourra jamais être abandonné à des non-musulmans.

 

En outre, le Hamas affirme que la lutte (djihad) pour reprendre le contrôle de la terre d'Israël est un devoir religieux pour tout musulman.

 

Selon l'article 13 de la Charte du Hamas « les initiatives, les soi-disant solutions pacifiques et les conférences internationales sont en contradiction avec les principes du Mouvement de la Résistance Islamique ... Il n'y a de solution à la question palestinienne que par le djihad. Les initiatives, propositions et conférences internationales sont une perte de temps et sont autant d'efforts inutiles ».

 

L'article 15 stipule : « Il est nécessaire d'instiller dans les esprits des générations musulmanes que le problème palestinien est un problème religieux devant être traité sur cette base ».

 

Le Hamas ne reconnaît pas Israël comme État souverain. Sa Charte fondatrice engage le groupe à détruire d'Israël, à remplacer l'Autorité palestinienne par un État islamiste en Cisjordanie et à Gaza et à lever  «la bannière d'Allah sur chaque centimètre de la Palestine ».

 

Le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par l'Australie, le Canada, l'Union européenne, Israël, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis et il est interdit en Jordanie.

 

Le Hamas a été déclaré illégal par Israël en 1989. Suite à l'action israélienne menée à la fin des années 1980 contre la direction du Hamas, certains de ses dirigeants s'échappèrent, allant s'installer dans divers pays arabes, principalement en Syrie.

 

Ce qui a été en quelque sorte un exil explique pourquoi le Hamas, comme beaucoup d'autres organisations palestiniennes, a deux unités administratives distinctes : l'une «interne » dans les territoires palestiniens et l'autre « externe», dans des États arabes, et dans une certaine mesure, dans d'autres pays aussi.

 

Ces deux unités sont en contact l'une avec l'autre, mais l'unité externe est considérée comme étant  plus extrême dans ses positions que celle de l'intérieur.

 

Terrorisme et activité militante

 

Le Hamas considère le terrorisme comme un moyen légitime de résistance. Les membres du Hamas ont commencé à mener des attaques terroristes à partir de la fin des années 80, d'abord en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

 

L'aile militaire du Hamas, créée en 1992, est connue sous le nom de Brigades Izz ad-Din al-Qassam, en l'honneur du Cheikh Izz ad-Din al-Qassam, l'ancêtre de la résistance arabe moderne, tué par les Britanniques en 1935 à Nesher, près de Haïfa.

 

Des cellules armées du Hamas prennent aussi parfois comme nom : « Les étudiants de Ayyash », « Les étudiants de l'Ingénieur » ou « Unités Yahya Ayyash », en l'honneur de Yahya Ayyash, l'un des premiers membres du Hamas à faire des bombes, qui a été tué en 1996 par le Shin Bet, ayant utilisé un téléphone mobile piégé.

 

Le premier attentat-suicide du Hamas a été commis le 26 avril 1993 lorsque Saher al-tamam a attaqué deux autobus israéliens stationnés devant un café à Mehola, tuant et blessant plusieurs soldats alors en permission.

 

On pense que, depuis, le Hamas a tué plus de 500 personnes dans plus de 350 attaques terroristes séparées.

 

Toutes les attaques du Hamas n'ont pas été commises par des terroristes-suicide. Le groupe a également revendiqué des agressions perpétrées à l'aide de mortiers, de roquettes à courte portée, de missiles et d'armes légères.

 

Activités d'aide sociale

 

Depuis sa création en 1987 le Hamas a mené de nombreuses actions sociales et politiques, connues sous le nom Dawa. Sa popularité pendant les élections de l'Autorité palestinienne en 2006 provenait en grande partie de l'action de ses services d'aide sociale pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

 

Le groupe met en œuvre de nombreux programmes d'aide et d'éducation et finance des écoles, des orphelinats, des mosquées, des cliniques de santé, des soupes populaires et des associations sportives. On considère ces programmes soit comme s'inscrivant dans un authentique programme de développement social, soit comme ayant des buts de propagande et du recrutement, ou les deux.

 

Certains experts en sécurité mondiale disent qu'il n'est pas possible de séparer les activités de Dawa, menées à des fins humanitaires, du financement direct et indirect du terrorisme étant donné que tout l'argent est versé dans un fonds commun avant d'être acheminé vers des activités pertinentes.

 

Financement du Hamas

 

En décembre 2001, l'administration Bush a saisi les actifs de la Holy Land Foundation, la plus grande organisation caritative musulmane aux États-Unis, soupçonnée de financer le Hamas.

 

À partir de 2003 des sources de renseignement des États-Unis estimaient que le Hamas disposait d'un budget annuel de 50 millions de dollars, une grande partie de ces fonds étant récoltés grâce à sa réputation d'organisme de bienfaisance.

 

Historiquement, une grande partie du financement du Hamas provient d'expatriés palestiniens et de donateurs privés en Arabie Saoudite et d'autres États du Golfe Persique riches en pétrole.

 

L'Iran fournit également un soutien important, qui, selon certains diplomates, pourrait s'élever à des dizaines de millions de dollars par an.

 

En outre, certaines associations caritatives musulmanes aux États-Unis, au Canada et en Europe de l'Ouest versent de l'argent à des associations soutenues par le Hamas,  fournissant des services sociaux (Dawa), pour une valeur totale de plusieurs dizaines de millions de dollars par an.

 

Hamas contre l'OLP / le Fatah

 

La différence essentielle entre le Hamas et l'OLP ( l'OLP, affiliée au parti Fatah) est que le Hamas est un mouvement religieux, tandis que l'OLP est un mouvement nationaliste laïc.

 

Alors que l'OLP est progressivement devenue plus pragmatique au cours des années 80, le Hamas a rejeté cette approche, car il considère que ce qui le motive est un commandement religieux et pas une décision politique.

 

Contrairement au Hamas, l'OLP a reconnu Israël depuis 1988.

 

Alors que l'OLP a déclaré être attachée au dialogue, le Hamas croit que « les négociations de paix ne serviraient à rien. Nous ne croyons pas que nous pouvons vivre avec l'ennemi » (un haut responsable du Hamas, Abdel Rantissi, en avril 2004).

 

Le Hamas est apprécié par les Palestiniens pour son efficacité dans la fourniture de services sociaux et aussi pour ce qui est perçu comme une absence de corruption, par comparaison au Fatah / OLP

 

La prise de pouvoir du Hamas à Gaza

 

Le Hamas a boycotté les élections présidentielles de l'Autorité palestinienne de janvier 2005, mais a effectué une percée lors des élections municipales, en particulier à Gaza, où il a gagné 77 des 118 sièges lors d'élections tenues en janvier 2005 dans dix Conseils.

 

En 2006, l'Autorité palestinienne a tenu ses premières élections nationales auxquelles le Hamas a participé. Il a remporté une victoire surprise, remportant 76 des 132 sièges parlementaires.

 

La rivalité politique entre le Fatah et le Hamas est rapidement descendue dans la rue. Le Fatah - qui avait encore le contrôle de la plupart des appareils de sécurité de l'Autorité palestinienne - et les forces du Hamas ont commencé à s'affronter dans les rues de la Bande de Gaza.

 

Les nations arabes, avec l'Arabie saoudite à leur tête ont décidé de servir de médiateur entre les deux, et après plusieurs tentatives de médiation, le Hamas et le Fatah ont accepté de partager le pouvoir. Le 17 mars 2007, le gouvernement palestinien d'union nationale a été mis en place.

 

Les affrontements entre Fatah et Hamas ont repris à la mi-mai tandis que les dirigeants des deux parties ont tenté  à plusieurs reprises de parvenir à un cessez-le-feu, mais en vain.

 

Au début de juin 2007, l'inévitable se produisit : les affrontements entre le Fatah et les forces du Hamas se sont encore aggravés et l'Autorité palestinienne était menacée de guerre civile. Le 12 juin les forces du Hamas ont pris d'assaut le siège du Fatah à Gaza et s'en sont emparées après un bref siège.

 

Le lendemain, le Hamas a pris le contrôle de la partie nord de la Bande de Gaza, la plaçant sous régime militaire. Le groupe a également commencé à lancer des attaques contre les villes de Khan Younis et de Rafa dans la Bande de Gaza. Le 15 juin 2007 le Hamas avait pris la plus grande partie de la Bande de Gaza.

 

Les ravages causés par le Hamas dans la Bande de Gaza et ses menaces d'exécuter toute personne affiliée au Fatah ont forcé la direction du Fatah, le Président palestinien Mahmoud Abbas y compris, à fuir pour la ville de Ramallah en Cisjordanie.

 

Le 14 juin 2007, Abbas a officiellement dissous le gouvernement d'union palestinienne et a déclaré l'état d'urgence dans la Bande de Gaza. Il a ensuite mis en place une nouvelle base parlementaire à Ramallah, nommant Salam Fayyad au poste de nouveau Premier ministre palestinien.

 

À la mi-septembre, Israël a déclaré que la Bande de Gaza gouvernée par le Hamas était une entité politique hostile. Le Cabinet de sécurité a autorisé qu'une série de sanctions économiques soit imposée à la Bande de Gaza, y compris une réduction de la fourniture d'électricité et de carburant, la fermeture de zones industrielles communes et la fermeture des passages qui relient Israël et la Bande de Gaza.

 

Le Hamas qualifia alors la décision d'Israël de « déclaration de guerre ».

 

Depuis des passages ont été rouverts, l'un pour les marchandises, carburant y compris, l'autre pour les personnes et Israël fournit en grande partie la Bande de Gaza en électricité.

 

Les dirigeants du Hamas, passés et présents

 

Cheikh Ahmed Yassine: Le fondateur du Hamas, relâché par anticipation avant d'avoir purgé une peine de 12 ans de prison, il a été arrêté de nouveau en 1989, lorsque le Hamas a été interdit par Israël. Il a été libéré en 1997, dans le cadre d'une opération conduite pour libérer les agents du Mossad responsables de la tentative d'assassinat ratée de Khaled Mashaal. Il a été tué dans une attaque au missile de Tsahal le 22 mars 2004.

 

Abdel Aziz al-Rantissi : Cofondateur du mouvement, il a remplacé Yassin comme dirigeant du Hamas après la mort de ce dernier. Quelques jours plus tard, Rantissi a déclaré dans un discours prononcé à l'Université islamique de Gaza que « l'Amérique a déclaré la guerre à Dieu. Sharon a déclaré la guerre à Dieu et Dieu a déclaré la guerre à l'Amérique, Bush et Sharon ». Il a été assassiné le 17 avril 2004.

 

Ismaïl Haniyeh : Leader actuel du Hamas dans les territoires. Haniyeh a été nommé à la tête du bureau de Cheikh Yassine, après que ce dernier a été libéré de prison en 1997. Il a été pris pour cible par l'armée israélienne pour son implication dans des attaques terroristes et a été légèrement blessé par un tir de missile en 2003.

 

Khaled Meshal : Chef du bureau politique du Hamas. Il a passé la plus grande partie de sa vie en dehors d'Israël, au Koweït, en Jordanie, en Syrie et aujourd'hui au Qatar. En 1997 des agents du Mossad ont tenté de l'assassiner en Jordanie. La direction de l'Autorité palestinienne le consulte pour les décisions politiques.

 

Salah Shehada : Un cofondateur du Hamas et commandant de son aile militaire, il était en tête de la liste des terroristes les plus recherchés d'Israël. Selon les responsables du Shin Bet, Shehada était l'un des membres les plus extrémistes du mouvement et rejetait les appels des modérés à limiter le nombre d'attentats-suicides. Il était directement responsable de centaines d'attentats commis contre des citoyens israéliens et des forces de sécurité. Il fut assassiné en juillet 2002.

 

Mohamed Deif : Dirigeant des Brigades Qassam depuis juillet 2002, lorsque Shehada a été assassiné. Israël le tient pour responsable d'une série d'attentats en 1996.

 

Mahmoud al-Zahar : Un cofondateur du Hamas, il a pris la suite de Rantisi en 2004. Après les élections de 2006, al-Zahar a été ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de l'Autorité palestinienne. Avant les élections, il était considéré comme un candidat majeur parmi les membres du Hamas pour le poste de Premier ministre, étant donné qu'à l'époque il était le plus haut responsable dans l'organisation. En fin de compte c'est  Haniyeh qui a été choisi à cause de la réputation d'Al-Zahhar en tant que dirigeant de la branche radicale du mouvement. Il a été arrêté à plusieurs reprises et a passé plusieurs mois dans les prisons de l'Autorité palestinienne.

 

En fichier PDF téléchargeable ci-contre, un dossier de 65 pages (en anglais) sur le Hamas, rédigé par Jim Zanotti, analyste des affaires du Moyen-Orient de la « Federation of American Scientists » (www.fas.org), pour le Congrès des États-Unis, en décembre 2010.