Tribune
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Publié le 25 Juillet 2014

Les Juifs doivent-ils quitter la France ? Réflexions sur quelques commentaires de lecteurs constructifs

Par Benoît Rayski, publié sur Atlantico le 25 juillet 2014

Commençons par Pale Rider. Il a une superbe formule : "Les Juifs sont les canaris de la mine". Dans le temps, il y a très longtemps, quand commença l’exploitation du charbon, les mineurs plaçaient des canaris dans leurs galeries. Dès que le monoxyde de carbone augmentait, annonçant le coup de grisou dévastateur, les oiseaux tremblaient, leurs plumes se hérissaient et ils mouraient, sauvant de la mort par leur sacrifice les mineurs.

Des canaris juifs, il y en a eu déjà quelques-uns : Ilan Halimi, les pauvres gosses de l’école Ozar Hatorah de Toulouse, les assassinés du Musée Juif de Bruxelles… En faudrait-il encore ? Isableue écrit, car elle comprend les choses : "Tous les jours, je pense au calvaire d’Ilan Halimi." Et Pale Rider ajoute toutefois : "La question de partir ne se pose pas que pour les Juifs, mais pour tout un chacun."

Il (ou elle) sait ce qui fonde la France.

Aux pires moments de son histoire – que ce soit lors de l’affaire Dreyfus ou sous Vichy – elle a su instinctivement et majoritairement que le rapport aux Juifs (qui, comme seul privilège, demandaient de ne pas être haï) constituait des fiançailles renouvelées, avec l’honneur, la dignité et la démocratie.

Tholar, lui, va partir. Il est juif (marié à une Ardéchoise), ses enfants donc, selon la loi juive, ne sont pas juifs. "Mais mon aîné se sent juif." C’est pourquoi, pour lui, pour toute sa famille, il va partir délocaliser sa PME en Grande-Bretagne. Mais peut-être aussi, c’est en filigrane dans son texte, parce que, indépendamment de ses origines, il respire mal en France. Et il conclut : "Merci à la France, merci sincèrement pour tout." Il faut avoir le cœur très sec pour ne pas être ému par ces lignes… Lire la suite.