Tribune
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Publié le 4 Juillet 2012

Stephane Hessel, l’indigné

Par Jacques Tarnero

 

Dans une interview donnée à un magazine allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung (photo) du 21 janvier 2011.  Stéphane Hessel y explique comment il a pu survivre aux internements successifs à Buchenwald, Dora et Rottleberode, et en arrive au dernier paragraphe (les 19 dernières lignes) à cette conclusion : 

"Aujourd'hui nous pouvons constater ceci : la souplesse de la politique d'occupation allemande permettait, à la fin de la guerre encore, une politique culturelle d'ouverture. Il était permis à Paris de jouer des pièces de Jean-Paul Sartre ou d'écouter Juliette Gréco. Si je peux oser une comparaison audacieuse sur un sujet qui me touche, j'affirme ceci: l'occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l'occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d'éléments d'exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d'oeuvres d'art. Tout cela était terrible. Mais il s'agissait d'une politique d'occupation qui voulait agir positivement et de ce fait nous rendait à nous résistant le travail si difficile."

 

Cet article publié en 2011 reprend en réalité presque mot pour mot un entretien remontant à 2008, de l'historien Jörg Wollenberg (Université de Brême) avec Hessel.

 

Le texte de cet entretien de 2008, a été publié dans un supplément à la revue "Sozial Geschichte Zeitschrift für historische. Analyse des 20 et 21. Jahrhunderts".

 

Du mauvais sort fait aux Juifs sous l’Occupation, il n'est pas question dans cet entretien. Que nous dit le grand homme : que l’occupation nazie fut en France assez douce et que l’occupation par Israël de territoires palestiniens est pire que l’occupation nazie. Je pense avoir bien lu.

 

Que n’a-t-on pas entendu dire sur cet homme merveilleux, ce vieil homme capable de réciter par cœur du Göethe, du Schelling, du Hölderlin (en allemand, excusez du peu !) alors qu’aucun élève ne connaît l’ombre du début d’une fable de La Fontaine, cet homme délicieux, le cœur sur la main, aimant les femmes, au passé de Résistant, de grand Résistant, de très grand résistant, de très très grand Résistant, co rédacteur autoproclamé de la Déclaration universelle des droits de l’homme, indigné parmi les indignés, pourfendeur de tous les racismes (surtout celui d’(Israël) de tous les impérialismes (surtout celui d’Israël), de tous les colonialismes (surtout celui d’Israël) de tous les crimes (surtout ceux d’Israël) de toutes les méchancetés (surtout celles d’Israël), cette grande âme, si soucieuse  des pauvres (surtout des Palestiniens), des humiliés (surtout des Palestiniens), des offensés (surtout des Palestiniens), ce grand cœur si prompt à s’indigner contre le mauvais sort fait à la terre (avec Edgard Morin, autre grande âme) qui se pose en référence pour le Dalaï-Lama, pour Aung San Suu Kyi, toujours Résistant, toujours anti fasciste, toujours Juste parmi les Justes, considère donc avec Jean Marie Le Pen que l’Occupation nazie ne fut pas si affreuse que ça ... (sauf pour certains). Il ajoute surtout que cette occupation était moins terrible que le sort fait aux Palestiniens sous contrôle israélien.

 

Que tous ceux qui se sont fait berner par cet illusionniste ouvrent enfin les yeux. Le narcissisme du troisième âge correspond très probablement à un geste de nostalgie pour les belles et courageuses années de jeunesse. Stéphane Hessel a été, n’en doutons pas, un type bien. Mais le passé glorieux ne saurait être un gage pour un présent qui l’est moins.

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