Retour sur les violences antisémites (de l’été 2014) en France : rétrospective et mise en perspective historique

13 July 2016 | 68 vue(s)
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France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 

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Retour sur le déchaînement de haines antisémites qui s’est produit l’été 2014, en France.

Par Marc Knobel, historien, Directeur des Etudes au Crif

Le 13 juillet 2014, à Paris, rue de la Roquette, avec une violence inouïe, une centaine de jeunes, portant pour beaucoup les couleurs du Hamas ou le drapeau palestinien, tentent d’attaquer et d’investir la synagogue qui se trouve dans cette rue. Mais ils sont repoussés par les CRS présents sur place.  
 
Que dire ?
 
Face au conflit israélo-palestinien, chacun éprouve de l’empathie pour telle ou telle partie et des manifestations ont lieu. Mais elles sont, le plus souvent, organisées par les militants pro palestiniens. Si la majorité d’entre eux ne provoque pas de trouble, la tension est cependant presque toujours palpable dans les cortèges (cris, hurlements…), depuis l’année 2000. Dans ces manifestations, les slogans les plus outranciers sont scandés. Mais il y a aussi ces cris de « Mort aux Juifs », des étoiles de David identifiées sur les banderoles à la croix gammée et ces maquettes de roquettes Qassam brandies par les militants cagoulés. Et, pour certains, l’objectif réel est de défendre le Hamas ou le Hezbollah. Pis, des dérapages ont lieu, œuvre de casseurs qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre ou œuvre de jeunes paumés, de provocateurs antisémites et islamistes, entraînant des heurts violents avec la police. Nous proposons donc dans cet article un retour sur un été mouvementé, l’été 2014, sur fond de violences antisémites.
 
Le Président condamne les violences
 
Première réaction : « le conflit israélo-palestinien ne peut pas s’importer », déclare François Hollande, au cours de l’interview télévisée du 14 juillet. « Il ne peut pas y avoir de dérives et de débordements, d’intrusion ou de volonté d’intrusion dans des lieux de culte, que ce soient des synagogues comme cela s’est passé hier, mais je dirais la même chose pour des mosquées, des églises, des temples », souligne le chef de l’Etat. « L’antisémitisme ne peut pas être utilisé parce qu’il y a un conflit entre Israël et la Palestine », ajoute le Président. Dans un communiqué, le Premier ministre, Manuel Valls, condamne lui aussi et « avec la plus grande fermeté » les « violences » qui ont eu lieu « aux abords des synagogues ». « De tels actes qui visent des lieux de culte sont inadmissibles », assure Valls. Après une rencontre avec les organisations juives, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, demande  aux préfets de « redoubler de vigilance » et d’interdire les manifestations en cas de « risques avérés de troubles à l’ordre public ».
 
Des événements d’une extrême gravité
 
Roger Cukierman, le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), se déclare « inquiet » et « choqué » par cet « événement d’une gravité extrême ». « On est dans un climat antisémite jamais vu », juge-t-il, évoquant une « rupture du pacte républicain ». Le CRIF demande l’interdiction de ce type de manifestation. « Si les autorités laissent faire, il n’y a pas de raison pour que ça ne s’amplifie pas », souligne M. Cukierman. « Il est absolument inadmissible que des familles en prière soient menacées physiquement et verbalement au sein d’un lieu de culte au seul motif qu’elles sont juives », réagit pour sa part le Consistoire dans un communiqué. Il dénonce « l’instrumentalisation systématique du conflit au Moyen-Orient par des groupes organisés et des soutiens aux mouvements terroristes djihadistes ». Comme en réponse, « interdire ce type de manifestation serait un remède pire que le mal », juge Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques. « Il ne faut pas confondre les violences individuelles et l’exercice de droits démocratiques », met en avant le patron de l’IRIS, pour qui le conflit israélo-palestinien est « déjà importé » en France. « Le vrai défi, c’est que cela reste cantonné au stade politique et qu’il n’y ait pas de violence de part et d’autre. » De part et d’autre ? Drôle d’affirmation...
 
Enfin, dans un communiqué, l’Union des mosquées de France réaffirme que « rien ne saurait justifier une action qui porterait atteinte à nos concitoyens juifs, à leurs institutions ou à leurs lieux de culte ». « Une telle action, fermement condamnable et moralement injuste et inacceptable, nuirait également aux intérêts du peuple palestinien et au soutien qu’il pourrait avoir dans l’opinion publique française », ajoute-t-elle (Le Monde, du 14.07.2014).
 
Les violences commises à Barbès
 
La Préfecture de police de Paris avait interdit cette manifestation, évoquant des « risques graves de trouble à l’ordre public » après les heurts du 13 juillet devant deux synagogues, en marge d’un autre rassemblement. Les organisateurs, responsables entre autres de petites organisations pro-palestiniennes, avaient alors introduit un recours en urgence devant le tribunal administratif de Paris, qui l’avait rejeté. Le 19 juillet donc, malgré l’interdiction, des centaines de personnes se rassemblent à Barbès, ils sont très encadrés par les forces de l’ordre. Peu avant 16 heures, la manifestation commence à dégénérer.
 
Pascal Ceaux et Boris Thiolay, dans L’Express du 23 juillet 2014, rapportent: « Le keffieh entoure souvent les cous des hommes et des femmes qui piétinent, malgré une chaleur de plomb. Ce foulard, emblème des combattants palestiniens, semble le seul trait d’union entre les quelque 3 000 manifestants recensés par la police à l’occasion de ce rassemblement interdit. Car, lorsque le cortège s’ébranle, les différences d’âge ou de motivations sautent aux yeux. Les banderoles du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) proclamant « il est fini le temps des colonies » voisinent avec des bannières palestiniennes. Un peu plus tôt, des drapeaux israéliens brûlent. On aperçoit aussi, au beau milieu du défilé, un portrait du cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel radical du Hamas tué par les Israéliens en 2004. Les slogans fusent : « Nous sommes tous des Palestiniens », « Israël assassin, Hollande complice »… » D’autres lancent des projectiles sur les forces de l’ordre, qui répliquent avec des gaz lacrymogènes. En fin de journée, une vingtaine de manifestants, certains portants le drapeau palestinien sur les épaules, jettent encore sur les forces mobiles de grosses pierres récupérées sur un chantier. D’autres cassent un trottoir pour récupérer des pavés.
 
Les affrontements ont parfois été très rudes, comme celui dont L’Express a été témoin au pied du Sacré-Cœur. Une trentaine de jeunes gens surexcités, hurlant « Allah Akbar! », lancent des chaises, des verres et des cailloux sur quatre policiers qui tentent de bloquer une rue. Puis, ils chargent les gardiens de la paix qui, dans un premier temps, doivent battre en retraite. Pour couvrir ce repli, l’un d’eux met en joue un manifestant avec son arme de défense. Celui-ci le défie alors : « Vas-y, tire, je filme la bavure ! »
 
Selon une source policière, 38 personnes sont interpellées pour jets de projectiles, violences contre les forces de l’ordre et outrage. Dix-sept policiers et gendarmes sont blessés. Plus tard, 19 personnes sont placées en garde à vue. Elles sont soupçonnées de violences aggravées (en réunion ou avec arme) sur personne dépositaire de l’autorité publique, outrages, rébellion, dégradations aggravées ou encore participation à un attroupement.
 
Doit-on s’étonner de toute cette violence ? Est-ce une nouveauté ?
 
Face au conflit israélo-palestinien, chacun éprouve de l’empathie pour telle ou telle partie et des manifestations ont lieu. Mais elles sont le plus souvent organisées par les militants pro palestiniens. Si la majorité d’entre eux ne provoque pas de trouble, la tension est cependant presque toujours palpable dans les cortèges (cris, hurlements…), depuis 2000. Prenons quelques exemples.
 
Que se passe-t-il en 2009 ?
 
La manifestation du 10 janvier 2009, pour dénoncer une énième intervention israélienne à Gaza, donne lieu à des débordements au moment de sa dispersion. Elle avait pourtant été placée sous haute surveillance, avec près de 3800 policiers et gendarmes mobilisés autour du cortège. Mais, l’ambiance est tendue à certains endroits dans la marée de manifestants. Les slogans fusent et tout le monde en prend pour son grade. Les médias sont également conspués. Des vitrines de cabines téléphoniques et d’abribus volent en éclats. Scooters et vélos sont incendiés par de petits groupes que les CRS dispersent à coup de gaz lacrymogènes. Les policiers sont eux-mêmes la cible de projectiles (barres métalliques de protection des arbres, bouteilles de verre, sacs poubelles en feu…). Le bilan est lourd: 180 interpellations et douze policiers blessés. Loin d’être « familiale » et « cordiale », la manifestation est violente.
 
Que se passe-t-il lors de la manifestation du 10 janvier 2009 à Nice?
 
La manifestation pro-palestinienne dégénère. Durant deux heures, des centaines de manifestants violents affrontent la police sur l’avenue Jean-Médecin et la Place Albert 1er. Ce devait être, contrairement à celle de Paris, une manifestation pacifique, non-violente, pour soutenir les Palestiniens. Le défilé rassemble près de 5000 personnes. Mais, et comme souvent, c’est au moment de la dispersion qu’elle dégénère. Des échauffourées éclatent alors que le « service d’ordre » semble impuissant. Des manifestants cagoulés jettent des pierres, des bouteilles en verre et du mobilier urbain (panneaux, poteaux, clôtures…). Un centre commercial baisse ses grilles pour éviter les intrusions, tandis que des centaines de personnes faisaient du shopping à l’intérieur. Les vitrines du Mac Donald de l’avenue Jean-Médecin sont brisées avec des chaises et des tables qui se trouvaient sur la chaussée. Côté Promenade des Anglais, des pierres sont lancées en direction d’un autre Mac Donald et du casino Ruhl (groupe Barrière).
 
Selon Charlie Hebdo (du 14 janvier 2009), les manifestations de soutien à la Palestine (à Paris, Nice et ailleurs) soulignent le fossé qui sépare humanistes et fanatiques: « Les raisons ne manquent pas pour aller aux manifestations de soutien aux Palestiniens. [...] Seul hic, on risque de se retrouver en mauvaise compagnie. Les cortèges de l’UOIF, du Hamas et du Hezbollah ont nettement plus de succès. Il faut dire que l’animateur du Hezbollah s’y connaît en karaoké:  »Vive les kataieb kassam »! (du nom des brigades du Hamas qui tirent sur des civils israéliens). De tels poumons ne sauraient se limiter au répertoire de la Palestine. Au micro, le  »chanteur » lance un appel:  »À Beyrouth, résistance! En Algérie, résistance! À Istanbul, résistance! Au Caire, résistance! Au Maroc, résistance! En Afghanistan, résistance! À Bagdad, résistance! » Il conclut son refrain en arabe:  »Mort à Israël, mort à l’Amérique! » »
 
Dans Le Figaro (éditorial du 4 mars 2009), Etienne Mougeotte revient lui aussi sur ces manifestations. Pour lui, les Français ne sont pas majoritairement antisémites, mais la menace antisémite n’est jamais loin: « Les manifestations en France de soutien au peuple palestinien ont glissé d’une solidarité légitime aux populations de Gaza à un antisionisme virulent, qui a débouché à son tour sur des images et des symboles antisémites. [...] Là réside le danger de l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien par l’extrême-gauche. Car on peut tout reprocher à Israël, la disproportion de la riposte de Tsahal aux tirs de roquettes du Hamas contre les populations civiles israéliennes. Mais exalter l’antisionisme, c’est tout simplement refuser aux Israéliens le droit de vivre dans un État reconnu par la communauté internationale et dont le lien avec Sion, c’est-à-dire Jérusalem, est constitutif de cet État. »
 
De nouvelles condamnations?
 
Retour à l’été 2014. Peu avant le début de la manifestation pourtant interdite, le Président de la République lance une dernière mise en garde depuis le Tchad, où il se trouve en visite officielle, avertissant que « ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité », en raison des risques de troubles à l’ordre public.  Manuel Valls condamne ces dérapages. « L’ordre et la règle doivent s’imposer dans notre pays. Nous ne laisserons en aucun cas dire des slogans antisémites, des slogans contre les juifs de France, car ce n’est pas ça la France. Je veux dire à nos compatriotes que nous serons, le Président de la République, le Premier ministre et moi-même, extrêmement déterminés à faire respecter l’ordre républicain ». Quant au maire PS de Paris Anne Hidalgo, elle « condamne fermement » dans la soirée les heurts survenus dans le XVIIIe arrondissement. « Rien ne peut justifier ces agissements et la dégradation d’équipements publics qui sont le bien commun des Parisiens », ajoute Anne Hidalgo dans un autre tweet, alors que des abribus et des cabines téléphoniques sont détruites et deux camionnettes de la RATP incendiées. « J’appelle à l’apaisement et à l’expression pacifique des convictions dans le respect des principes républicains qui nous rassemblent », ajoute-t-elle, en saluant l’action de la police qui « a permis de limiter les conséquences de ces graves incidents ».
 
Quid des émeutes de Sarcelles?
 
Jets de projectiles sur les forces de l’ordre, véhicules incendiés, quelques magasins pillés : Sarcelles, banlieue connue pour son multiculturalisme à quelques kilomètres au nord de Paris, a été le théâtre de nouvelles violences liées à l’actualité à Gaza. Les premières dégradations ont immédiatement suivi un rassemblement calme de militants pro-palestiniens que la préfecture avait interdit. Des jeunes manifestants se sont engouffrés en ville, incendiant des poubelles et allumant pétards et fumigènes. En fin d’après-midi, des casseurs s’en prenaient à une pharmacie qui a pris feu, alors qu’un hélicoptère de la police tournoyait dans le ciel. Les forces de l’ordre tiraient des cartouches de lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de les disperser. Quelques journalistes ont été pris à partie. Un cameraman de télévision a été dépouillé de son matériel et un photographe de l’AFP a été agressé et légèrement blessé.
 
«Éviter les affrontements communautaires» ?
                                                           
 Après le Ministre de l’Intérieur qui s’est rendu sur place, c’est le Premier ministre qui dénonce « l’antisémitisme » et le « racisme » des affrontements de Sarcelles. « Ce qui s’est passé à Sarcelles est intolérable, s’attaquer à une synagogue à une épicerie kasher, c’est tout simplement de l’antisémitisme, du racisme » déclare Manuel Valls en marge d’un déplacement à Vassieux-en-Vercors. « Rien en France ne peut justifier la violence, rien ne peut justifier qu’on s’en prenne à des synagogues, à des épiceries, des magasins, des institutions juives ».
 
Une condamnation unanime de la classe politique?
 
L’UMP a fortement condamné le lundi les violences perpétrées à Sarcelles le dimanche en marge de la manifestation pro-palestinienne interdite, après cette de Barbès, s’accordant moins toutefois sur l’opportunité de la décision gouvernementale d’interdire de tels rassemblements. Le Secrétaire général intérimaire de l’UMP, Luc Chatel, a qualifié dans un communiqué les violences qui ont eu lieu en marge de la manifestation interdite à Paris ou à Sarcelles » d’ »intolérables, injustifiables, incompréhensibles pour nos compatriotes ». « Choquée des violences intolérables commises à Sarcelles, la France doit peser pour la paix au Proche-Orient », a tweeté, pour sa part, Valérie Pécresse. « Mon sentiment, c’est que la barbarie est en train de gagner la France », déplore sur Europe 1, Bruno Lemaire. « La barbarie, c’est quand on s’en prend à des lieux de culte juifs le jour même où on commémore la Rafle du Vel’ d’hiv. Ça suffit ! », assène l’homme politique.
 
Une demande de sanctions fortes (UMP)
 
L’UMP s’accorde ainsi sur le fait de demander des sanctions fortes, y compris pour les simples participants. « Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui doivent être lourdement sanctionnés, ce sont tous ceux qui, en bravant l’interdiction de manifester, défient la République. Lorsque l'on défie la République, la République doit répondre avec la plus grande fermeté », écrit le Secrétaire général intérimaire de l’UMP Luc Chatel dans un communiqué. Sur Europe 1, Bruno Le Maire abonde en ce sens. « Je demande au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les fauteurs de troubles soient arrêtés, jugés et condamnés. Et s’il devait y avoir des ressortissants étrangers parmi ces fauteurs de troubles, qu’ils soient expulsés du territoire français car leur place n’est pas ici », estime l’ancien Ministre de Nicolas Sarkozy.
 
Sur le reste, en revanche, l’UMP peine à parler d’une seule voix. Le gouvernement a-t-il eu raison d’interdire ces manifestations, à Paris et à Sarcelles ? Sur ce point, le député de l’Eure et candidat à la présidence de l’UMP Bruno Le Maire fait entendre une petite musique bien différente de plusieurs personnalités de son parti, sur Europe 1. « Quand on interdit, encore faut-il se donner les moyens d’interdire (…) J’ai dit la semaine dernière que l’interdiction des manifestations ne me semblait pas une bonne idée, que la liberté de manifester était un principe constitutionnel et qu’il ne fallait pas y toucher. Ils ont voulu y toucher, ils ont voulu interdire et ne se sont pas donné les moyens d’interdire », fustige le député de l’Eure. Un Bruno Le Maire qui a dû apprécier la lecture du communiqué de Luc Chatel : « Cette partie de la gauche qui continue à s’offusquer qu’on puisse interdire telle ou telle manifestation, doit cesser de tenter de justifier l’injustifiable … »
 
Le Maire accable Valls, Bertrand le salue
 
Signe que l’UMP est capable de faire le grand écart, Xavier Bertrand et Bruno Le Maire ont des réactions diamétralement opposées sur un soutien à apporter (ou pas) au gouvernement. Le premier a, et c’est suffisamment rare pour être souligné, salué Manuel Valls. « Je suis prêt à soutenir le gouvernement (…) Je me reconnais dans les propos tenus par Manuel Valls, d’une extrême fermeté, sur ce nouvel antisémitisme », déclare le député-maire de Saint-Quentin sur RTL. Un son de cloche radicalement différent chez Bruno Le Maire. « Où était M. Valls le jour où ces émeutes ont eu lieu? Sur le Tour de France (…) Moi j’aurais préféré voir M. Valls, quitte à être dans un véhicule, dans un car de CRS au côté de ceux qui garantissent la sécurité des Français plutôt que sur la caravane du Tour de France ! », s’exclame le député de l’Eure, pour qui « la réponse du gouvernement français » a été « bien faible ».
 
Valls critique les élus qui se sont rendus à des manifestations pro-palestiniennes interdites
 
Le Premier ministre Manuel Valls critique le mercredi 23 juillet les élus qui se sont rendus à des manifestations pro palestiniennes interdites, visant sans le citer le Maire écologiste du IIe arrondissement de Paris, Jacques Boutault. « Même si (la violence et l’antisémitisme), c’est le fait d’une minorité, et je ne fais pas d’amalgame entre cette minorité et ceux qui manifestent, quand on se rend à une manifestation interdite, parce que quelques jours avant il y a eu des actes et des slogans antisémites, quand on est un élu de la République, quand on est un maire d’arrondissement, on fait attention là où on met les pieds et là où on manifeste », déclare le chef du Gouvernement, lors de la séance des questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale. Dans sa réponse au chef du groupe socialiste Bruno Le Roux, Manuel Valls en a également appelé au « rassemblement » et à la « responsabilité », en saluant les prises de position des trois anciens chefs du gouvernement UMP Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon. « On ne peut pas, face à l’antisémitisme, au racisme et à la violence, se laisser aller. On tient, avec fermeté, avec gravité », défend le Premier ministre, alors que la décision d’interdire les manifestations a été critiquée, à gauche notamment, rapporte la chaîne de télévision Public Sénat (le 24 juillet). « Il n’y a qu’une seule communauté, la communauté nationale, qui doit se retrouver autour de notre devise, donc de la fraternité, qui doit se retrouver autour de l’idéal de la France », conclut le Premier ministre, très applaudi y compris sur les bancs de la droite. Ces déclarations interviennent alors qu’une nouvelle manifestation pro-palestinienne, autorisée cette fois, sera placée sous haute surveillance à Paris, quelques jours après deux rassemblements interdits qui ont dégénéré en violences.
 
Conclusion provisoire…
 
Les attaques sauvages des synagogues de la rue de la Roquette et de Sarcelles ne sont donc pas une première, ni une nouveauté en France. « Les conflits extérieurs à la France ne doivent pas toucher et contaminer l’équilibre, la fraternité et la cohésion de la société française », avait estimé en son temps et avec sagesse le Recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur (Le Monde, 12 janvier 2009). Voilà un message qui doit être entendu. Il faut condamner fermement les violences, d’où qu’elles viennent.
 
Seulement voilà, le conflit israélo-palestinien n’est plus abordé sous l’angle rationnel mais de façon purement émotionnelle et certains individus s’attachent si démesurément à cette guerre (extérieure) qu’ils en perdent la raison. Ils se lâchent alors, faisant des rues de Paris le terrain d’émeutes insupportables. Ils en profitent aussi pour saccager et détruire, incendier et frapper. Enfin, il y a celles et ceux qui instrumentalisent le conflit israélo-palestinien à des fins partisanes, notamment au sein de l’extrême gauche et chez les islamistes. 
 
Là, incontestablement est le danger: celui de l’instrumentalisation.