Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours de Yonathan Arfi à l'occasion du colloque de l'OSE et du Crif le 12 novembre 2025

17 Novembre 2025 | 78 vue(s)
Catégorie(s) :
France

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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Antisémitisme

Dimanche 14 janvier 2024, quelques mois avant les Jeux Olympiques Paris 2024, une délégation de sportifs et de dirigeants du monde du sport q"es, avec le Crif, pour un voyage de la mémoire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

 

Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

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Crédits photo : ©Alain Azria

Mercredi 12 novembre, l’OSE et le Crif ont organisé, dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale, un colloque intitulé « Des enfants, des destins. De Buchenwald à l’OSE, se reconstruire après la Shoah », à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la libération des camps. Le président du Crif, Yonathan Arfi, y a prononcé un discours rendant hommage aux enfants victimes de la Shoah et rappelant le rôle déterminant de l’OSE dans leur protection et leur reconstruction.

 

Cher Arié Flack,

Cher Eric Ghozlan, chère Katy Hazan,

Chers « enfants de l’OSE » devenus grands,

Mesdames messieurs,

Chers amis,

 

Il y a des chiffres qui donnent le vertige : durant la Shoah, un million et demi d’enfants juifs ont été assassinés.

Parmi eux il y avait des sourires qu’on n’oublie pas : celui, éternel, d’Anne Frank.

Des visages terrorisés qui nous hantent : celui du petit enfant du ghetto de Varsovie qui lève les bras en signe de reddition.

Des photos qui figent pour l’éternité l’insouciance de l’enfance : celle des 44 enfants d’Izieu.

Il y a aussi les orphelins de Janusz Korczak qui partent avec lui vers la mort. Mila Racine qui refuse d’être évadée par peur de représailles sur les enfants qu’elle tentait de faire fuir.

Et bien-sûr les 4815 enfants du Vel d’Hiv.

***

 

Être enfant c’est la condition la plus vulnérable de la vie humaine. Sans adulte aimant et bienveillant autour de lui, l’enfant est à la merci de la violence du monde.

Être enfant durant la Shoah, c’est donc une condamnation absolue. Le propre d’un génocide ce n’est pas d’assassiner aussi les enfants, c’est assassiner d’abord les enfants. Dans un crime génocidaire, l’enfant n’est pas une victime collatérale, elle est la victime numéro 1. Sans enfant, pas d’avenir. Sans enfant, c’est l’extinction d’une civilisation.

Alors, le colloque qui se termine aujourd’hui consacré aujourd’hui au retour des 426 enfants de Buchenwald nous rappelle en miroir qu’il n’y a pas de plus belle cause au monde que la cause des enfants.

Cette cause des enfants est précisément la vocation de l’OSE. L’OSE que je chéris tant, et où je siège - trop rarement malheusement ! - au Conseil d’administration.

L’OSE, hier et aujourd’hui, a sauvé et sauve encore beaucoup d’enfants. Ceux de Buchenwald accueillis par la France et confiés à l’OSE ont pu retrouver l’apprentissage progressif de la vie. Pour certains elle fut glorieuse : comment ne pas penser, bien-sûr, à Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix qui dit un jour « C’est grâce à l’OSE que j’ai pu faire ce que j’ai fait ».

Pour d’autres, la vie fut sans doute bien plus anonyme et en apparence ordinaire. Mais quand on sort de l’enfer nazi à 10, 12 ou 15 ans, une vie ne peut être banale : les choses les plus anodines de la vie sont déjà d’immenses victoires.

L’OSE a tout fait pour éviter la déportation des enfants : des homes d’enfants aux réseaux de sauvetage du réseau Garel, des placements dans des familles non juives aux passages en Suisse ; tout a été mis en œuvre pour limiter les arrestations suivies inexorablement de la déportation.

A l’heure où une vague d’antisémitisme inédite depuis la Shoah déferle sur notre pays, je constate qu’il frappe désormais en particulier les enfants. Je pense aujourd’hui à la jeune fille de 12 ans victime d’un viol antisémite à Courbevoie. Je pense aux écoles de France où la haine des Juifs s’est répandue. Je pense au chiffre glaçant de 16 % des élèves de 11 à 18 ans en France qui refuseraient de nouer une relation amicale ou sentimentale avec un élève juif. Voilà le monde dans lequel vivent les enfants juifs d’aujourd’hui.

Alors, plus que jamais, notre responsabilité d’adultes et d’institutions est de protéger les enfants, les préserver, les encourager. Avant de nous quitter, je tiens d’abord à vous remercier tous très chaleureusement d’être venus si nombreux aujourd’hui.

Et tout particulièrement, je remercie ces enfants devenus d’immenses adultes face auxquels nous nous sentons si petits : Izio Rosenman, Léon Lewkowicz, David Perlmutter, mais aussi Edmond, Dora, Maurice, Suzanne, merci de nous avoir fait l’honneur d’être là.

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, président du Crif