Jean-Pierre Allali
Lisa Neumann, par Michèle Kahn (*)
Avec son magnifique roman « Shanghaï la Juive » (Flammarion, 1997 et Le Passage, 2015), Michèle Kahn nous avait permis de découvrir l’étonnante épopée des Juifs qui avaient choisi de se réfugier en Chine aux heures sombres de l’enfer hitlérien. On retrouve certains de ses héros dans son nouveau livre. Nous sommes à Hong Kong dans la nuit du 30 juin 1997 à quelques heures du 1er juillet 1998 qui va voir l’Union Jack, drapeau du Royaume-Uni, céder la place à la fleur de Bauhinia des couleurs de la Chine. Toute la population ne cache pas sa joie. Pourtant, Lisa Neumann, elle, ravale ses sanglots. Une angoisse l’étreint : son père, Walter Neumann, qui avait quitté la ville pour aller se baigner dans la petite crique de Macao en compagnie de son secrétaire particulier, Martin Chen, a mystérieusement disparu. « Avait-il été emporté au loin par un courant marin ? Un gang l’avait-il enlevé en vue d’une forte rançon ? ». Le commissaire Chu mène l’enquête. Pour Lisa, pour sa mère, Muriel et pour ses frères David et Jonathan, c’est la plus profonde inquiétude.
Au fil des pages, on va croiser la route d’un personnage sinistre, Wilfried Keller, alias Arnold Schuler alias Wilhelm Tell, Guillaume Tell, criminel nazi dont les actes meurtriers avaient été dénoncés par d’anciens détenus de Dachau et de Mauthausen.
Pour les besoins de l’enquête qu’elle décide de mener de son côté, Lisa se retrouve à Zurich, en Suisse où vit son ami, Stefan Meier. On va peu à peu découvrir que la Suisse, notamment par le biais de certains banquiers, n’a pas été très nette dans le traitement des avoirs de Juifs qui avaient disparu pendant la Shoah. Les demandes de recouvrement des familles ont été ignorées et mises sous le boisseau. D’immenses fortunes ont été ainsi dérobées aux ayants-droits. Le Congrès Juif Mondial s’était même emparé de l’affaire ! Lorsqu’on avait découvert que « l’UBS faisait broyer de pleins chariots d’archives datant du temps d'Hitler, relatives à des ventes forcées à Berlin. Une violation flagrante de l’engagement des banques suisses à ne pas détruire les archives de l’époque nazie ».
L’amour n’est pas absent dans ce roman, pour ainsi dire policier. Et tout finit par un mariage !
Très agréable à lire. À découvrir !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Le Passage. Mars 2022. 318 pages. 10,50 €.