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Publié le 24 Avril 2012

Déclaration du Premier ministre du Canada à la cérémonie nationale 2012 du Jour commémoratif de l'Holocauste

Texte mis en ligne sur le site officiel de Stephen Harper, le 23 avril 2012.

 

Le Premier ministre Stephen Harper a prononcé le discours suivant à la cérémonie nationale 2012 du Jour commémoratif de l'Holocauste:

Vous vous êtes assigné la tâche pénible de tirer de l’oubli et de documenter les plus indescriptibles horreurs dont l’humanité est capable

« Survivants, anciens combattants honorés et descendants canadiens de Justes parmi les nations, distingués invités, collègues parlementaires, mesdames et messieurs.

 

Six millions.

 

Six millions d’hommes, femmes et enfants innocents.

 

Nous nous rappelons ce nombre.

 

Il nous rappelle non seulement l’ampleur de l’Holocauste, mais aussi la place singulière qu’il occupe dans l’histoire des crimes contre l’humanité.

 

Nous nous souvenons surtout des personnes incluses dans ce nombre.

 

Nous nous rappelons que chacune d’elle a un nom – précieux, irremplaçable et digne d’être honoré.

 

Nous nous réunissons donc en tant que nation en ce jour solennel.

 

Aujourd’hui, nous honorons chacune des six millions de personnes qui ont été assassinées durant l’Holocauste.

 

Nous soulignons le courage et l’esprit de solidarité dont a fait preuve le peuple juif au cours de cette période de grand péril.

 

Nous vouons un respect sans bornes aux Justes.

 

Nous remercions les survivants.

 

Et nous remercions en particulier les survivants qui sont venus dans ce pays et qui l’ont infiniment enrichi.

 

Mesdames et messieurs, nous ne nous contentons pas aujourd’hui de souligner un fait historique.

 

Nous réaffirmons notre engagement de promouvoir les droits de la personne à notre propre époque.

 

Nous renforçons notre volonté de défendre les personnes vulnérables, de défier l'agresseur et de combattre le mal.

 

Et nous renouvelons notre engagement : Plus jamais.

 

Mais pour honorer les victimes et les survivants de l’Holocauste, le simple souvenir ne saurait suffire.

 

Le souvenir de l’Holocauste doit aussi reposer sur une prise de conscience et un engagement solennel.

 

La prise de conscience que les mêmes menaces existent encore aujourd’hui.

 

L’engagement solennel de contrer ces menaces.

 

Nous le voyons dans les manifestes d’organisations qui refusent à Israël le droit d’exister en tant qu’État juif.

 

« Nous le voyons surtout dans les divagations d’un dirigeant impitoyable qui menace de faire disparaître Israël de la surface de la Terre, tout en violant ses obligations internationales et en poursuivant la fabrication d’armes nucléaires.

 

Le mois dernier, nous l’avons vu dans le massacre d’enfants juifs et d’autres innocents perpétré par un homme qui est né et qui a grandi dans un pays occidental tolérant.

 

Et nous le voyons chez nous, chaque année sur des campus universitaires, dans cette calomnie que représente la soi-disant semaine contre l'apartheid israélien.

 

Mesdames et messieurs, si l’Holocauste se trouve dans une classe à part, il n’est pas un événement unique.

 

Il est le chapitre le plus noir dans l’histoire longue et continue de l’antisémitisme.

 

Nous devons résolument faire face à cette histoire.

 

L’antisémitisme est une maladie, une maladie morale, voire mortelle.

 

L’antisémitisme détruit la vie et la sécurité des victimes; la conscience des auteurs d’actes antisémites ainsi que l’intégrité de ceux qui se taisent, qui privilégient une fausse paix et qui cherchent refuge dans une équivalence morale.

 

Et comme l’histoire et les controverses actuelles nous le rappellent que trop bien, l’antisémitisme ne menace pas seulement le peuple juif.

 

Il nous menace tous. C’est une maladie qui se transforme en haine et en un désir de détruire quiconque est différent.

 

Mais surtout, nous nous rappelons en ce moment que nous ne sommes ni désespérés ni impuissants.

 

C’est le message de Yad Vashem, de la Société canadienne pour Yad Vashem, et de tous ceux qui consacrent leur vie à faire connaître l’Holocauste et à en perpétuer le souvenir.

 

Vous vous êtes assigné la tâche pénible de tirer de l’oubli et de documenter les plus indescriptibles horreurs dont l’humanité est capable.

 

Vous le faites avec la conviction qu’il existe des principes moraux pour nous prémunir contre de telles horreurs.

 

« Vous le faites avec la certitude qu’il est possible de favoriser la tolérance et la compassion par un travail de sensibilisation.

 

Vous le faites avec générosité, en célébrant les héros qui ont choisi le bien plutôt que le mal, au péril de leur vie, et en soulignant que ces héros représentent toutes les religions.

 

En tant que Canadien et en tant que Premier ministre, je vous remercie du noble et précieux service que vous avez rendu à notre pays et à la famille des nations civilisées.

 

Mesdames et messieurs, dans quelques instants, vous entendrez les récits de trois des Justes parmi les nations.

 

Non seulement ces récits nous émeuvent et nous inspirent, mais ils nous font aussi réfléchir.

 

Pourquoi les Justes ont-ils choisi de faire le bien, même dans les circonstances les plus terrifiantes?

 

Quels sont les facteurs qui ont eu une incidence sur leur nombre dans un endroit quelconque?

 

Et dans un grand nombre d’endroits, pourquoi ce nombre n’a-t-il pas été plus élevé?

 

« Après la cérémonie d’aujourd’hui aura lieu l’inauguration d’une exposition de Yad Vashem sur les musulmans albanais qui ont sauvé des Juifs pendant l’Holocauste.

 

Nous avons beaucoup à apprendre de leur exemple.

 

Après l’occupation nazie de 1943, les Albanais ont refusé de transmettre les listes des juifs vivant à l’intérieur de leurs frontières.

 

Ils ont remis de faux papiers aux Juifs afin qu’ils ne soient pas repérés.

 

Le pays a non seulement protégé ses propres citoyens juifs, mais a aussi accueilli un nombre accru de réfugiés juifs provenant de pays voisins.

 

Par conséquent, presque tous ont été sauvés.

 

Pourquoi un comportement aussi admirable?

 

En raison du code d’honneur appelé Besa, qui est le code d’éthique le plus élevé en Albanie.

 

Besa signifie au sens propre « tenir la promesse », au point de représenter quelqu’un à qui une personne dans le besoin peut confier sa vie.

 

Mesdames et messieurs, nous devons nous aussi tenir cette promesse.

 

C’est la culture d’honneur que nous devons tous protéger et renforcer, non seulement dans notre propre pays, mais dans les forums internationaux et partout dans le monde.

 

L’historien Sir Martin Gilbert souligne que la plupart des sauveteurs croient qu’ils n’ont fait que, et je cite “  la seule chose qu’une personne honorable aurait faite “.

 

Il rapporte les propos d’une femme dont le père a été honoré à titre de Juste, selon lesquels son père aurait dit, et je cite encore qu’“ il a fait ce que tout être humain normal aurait fait “.

 

En ce jour de souvenir solennel, réaffirmons notre engagement à propager cet esprit de respect, à faire en sorte que ce message devienne réalité.

 

Repoussons sans relâche les frontières de la tolérance et du respect, jusqu’à ce que ces valeurs prennent racine dans le monde entier.

 

Maintenant, pouvons-nous y parvenir, pleinement et pour toujours?

 

L’histoire nous dit malheureusement que nous ne devrions pas nous y attendre.

 

Elle nous dit aussi que nous devons sans cesse essayer.

 

C’est la mission de Yad Vashem.

 

Et c’est le grand défi auquel nous et monde devons faire face aujourd’hui.

 

Merci beaucoup. »