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Publié le 29 Septembre 2014

Diner du CRIF Nice – Sud Est : discours de Christian Estrosi, Député, Maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur

Dimanche 21 septembre 2014

Je veux tout d’abord vous dire la fierté et l’émotion qui sont les miennes d’être l’invité d’honneur de ce dîner annuel du CRIF.

Je veux aussi remercier Martine OUAKNINE d’avoir, avec le Bureau exécutif national du CRIF, organisé une réunion décentralisée sur Nice, qui a pour double thème les relations avec les Musulmans dans le cadre du vivre ensemble et la gestion locale des crises nationales.

J’ai été heureux de recevoir en mairie, aux termes de leurs travaux, les Présidents des délégations régionales.

Ces deux sujets évoqués me tiennent particulièrement à cœur.

La présence de membres d’Alpes-Maritimes Fraternité  ce soir témoigne de la volonté de concorde dans cette ville, et c’est bien à cette aune qu’il faut comprendre chacune des décisions  que j’ai pu prendre au cours de cet été 2014.

C’est ensemble que nous avons traversé, sur le territoire de Nice Côte d’Azur, les épreuves de ce mois de juillet, dans  une volonté partagée de paix que nous avons su préserver par une vigilance de tous les instants.

Je suis donc particulièrement heureux que vos travaux de ce jour rencontrent certaines des priorités que je considère comme indispensables dans le cadre de l’action publique :

-           Le respect de la loi,

-           Le maintien et le développement de l’esprit républicain, en toutes circonstances,

-           Et la lutte contre les différentes formes de racisme et d’antisémitisme

Ces valeurs nous rassemblent et renforcent nos liens.

Car comme vous l’écrivez, cher Jacques Tarnero, le danger, aujourd’hui, vient de la négation de la loi.

Ce refus autoriserait tout : les confusions, les errances de la mémoire, les oublis sélectifs.

Et au cœur de ces falsifications délibérées se répand la haine d’Israël.

Comment ne pas s’opposer avec la plus grande fermeté à la tenue à Nice de manifestations anti-israéliennes ?

Comment ne pas condamner les violences intolérables du 15 juillet dernier à Paris, lorsque des synagogues ont été prises pour cibles ?

Retenons ce fait : c’est la première fois dans l’histoire de France depuis la Libération qu’une synagogue a été investie et qu’on s’est attaqué à un magasin au motif qu’il vend des produits Juifs.

Comment ne pas trouver irresponsable l’autorisation donnée par le gouvernement à une nouvelle manifestation tout aussi hostile à Israël, après les tristes évènements de Sarcelles où des manifestants ont crié « mort aux Juifs » et « Israël assassin » ?

Là où la République cède, la sécurité des Français de confession juive est menacée.

Dans vos ouvrages, cher Jacques Tarnéro, vous décryptez avec une rare acuité les fondements du racisme et de l’antisémitisme. Vous montrez, de manière effrayante, que le crime « d’être né » existe toujours.

Oui, aujourd’hui encore, après la Shoah, on peut mourir non pour ce qu’on a fait, mais pour ce que l’on est.

Le gouvernement, par la voix de son Ministre de l’Intérieur, parle de « petites haines qui rongent la République ».

Mais Monsieur Cazeneuve se trompe : il ne s’agit plus de « petites haines » lorsqu’au cours des 7 premiers mois de l’année, les actes antisémites ont augmenté de 91%  par rapport à la même période de l’année précédente.

Il s’agit d’autre chose.

Il faut le dire : l’année dernière, 40% des violences racistes commises en France ont été dirigées contre des Juifs alors même que ceux-ci représentent un peu moins de 1% de la population.

La progression inquiétante et angoissante des actes antisémites  doit nous conduire à nous interroger.

C’est la raison pour laquelle je vous annonce que je vais déposer à l’Assemblée nationale une proposition de résolution.

Celle-ci vise à la création d’une commission d’enquête sur la montée de l’antisémitisme dans notre pays.

L’heure est grave.

On ne peut plus se contenter de condamner sporadiquement les actes antisémites puis passer à autre chose comme s’il s’agissait de simples faits divers.

Ce ne sont pas des faits divers.

Je m’en suis entretenu avec mes collègues.

Nous allons collectivement demander au Président de l’Assemblée d’accepter l’ouverture de cette commission d’enquête.

Vous pourrez compter sur moi pour faire que cette initiative trouve une traduction concrète.

Il faut que chaque Française, chaque Français, mesure avec gravité la responsabilité qu’il est susceptible de porter dans la dissémination de l’antisémitisme.

C’est la raison pour laquelle je me suis félicité de la décision du Conseil d’État, dont deux ordonnances ont confirmé, l’hiver dernier, l’interdiction des spectacles d’un prétendu comique qu’on n’entend plus guère depuis la mise en lumière de ses problèmes fiscaux.

C’est un comique sinistre que j’ai toujours refusé d’accueillir dans ma ville et j’ai usé de tous les moyens à ma disposition pour éviter qu’il ne vienne sur notre territoire.

À Nice, ceux qui prônent des thèses extrémistes et antisémites doivent savoir qu’ils ne seront jamais les bienvenus.

La cohésion nationale, visée par la première des ordonnances, fait ainsi écho aux valeurs et principes essentiels de notre société, sans lesquels le lien social serait rompu.

L’antisémitisme, nous le savons, a une histoire.

Il prend à chaque génération des formes différentes, qui correspondent à ce que l’air du temps veut faire entendre.

Aujourd’hui, c’est volontiers sous le masque de l’antisionisme qu’il se manifeste.

Une idée pernicieuse s’installe, faisant de l’État juif un « État en trop », selon l’expression dont vous usez bien à propos dans l’un de vos derniers ouvrages, cher Jacques Tarnero.

Pour toutes ces raisons, j’ai maintenu mon déplacement en juin dernier en Israël, au moment où le Hamas bombardait ce pays avec ses roquettes.

Le Hamas, dont il faut rappeler qu’il s’est juré d’effacer Israël de la carte du monde.

Le Hamas dont le seul objectif est de tuer des Israéliens, des populations civiles.

Le Hamas qui se sert de sa propre population comme d’un bouclier humain.

Oui, en ces moments dramatiques, parce que je suis fier d’être un ami d’Israël, j’ai voulu marquer une nouvelle fois ma solidarité et mon soutien  au peuple israélien.

Je veux le dire : non seulement Israël n’est pas « en trop », mais c’est un État qui fait figure de modèle parmi les nations, tant sur le plan des droits de l’Homme et de la démocratie, que sur le plan économique.

Sur ce dernier point, ce pays n’est-il pas la terre de prédilection reconnue de la nouvelle économie et des start-ups les plus innovantes?

Loin des mesures de boycott scandaleusement brandies par certains, je crois indispensable que la France et a fortiori la Métropole Nice Côte d’Azur renforcent leurs partenariats technologiques et leurs échanges commerciaux avec Israël.

J’attache une importance majeure au resserrement de nos relations bilatérales, notamment en termes :

-           D’essor économique : Comme Ministre de l’Industrie sous la présidence de Nicolas Sarkozy, j’ai encouragé la réalisation d’infrastructures, notamment le Parc Industriel de Bethléem, le projet de voiture électrique Better Place, l’accord  de coopération dans les domaines des Télécoms et de la fibre optique

-           De santé : En témoignent, notamment, les partenariats conclus entre l’Hôpital Hadassah de Jérusalem et le Centre Hospitalier Universitaire, ainsi qu’entre l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Université de Nice-Sophia Antipolis.

-           De jumelages : notre ville de Nice donne l’exemple au travers de ses liens de coopération et d’amitié profonde avec Netanya.

Le 23 avril dernier, j’ai inauguré une allée Netanya, en présence de Miriam Fieberg Ikar, au cœur de notre Promenade du Paillon, à proximité immédiate du Square Ytzhak Rabin.

Et j’attache une importance égale aux relations multilatérales dans le cadre d’une politique                                    euro-méditerranéenne.

J’ai fait en sorte qu’Israël ait toute sa place dans le Réseau des Villes EuroMed, dont le secrétariat général siège à Nice.

Notre capitale azuréenne doit être un carrefour de paix pour les peuples de la Méditerranée, un trait d’union entre les deux rives, visant à renforcer des stratégies de développement urbain durable.

Dans cette entreprise de paix et de coopération, Israël a toute sa place.

Mais l’enjeu aujourd’hui, ce n’est pas seulement la défense ou non d’Israël, c’est la sauvegarde de notre cohésion nationale, ici, en France.

Voilà plusieurs siècles que la communauté juive apporte sa pierre à l’histoire de notre pays.

Ses contributions ont été innombrables dans quasiment tous les domaines.

Cette communauté est profondément attachée à nos valeurs républicaines.

Elle est reconnaissante à la République de l’avoir délivrée de l’oppression et d’avoir fait de chaque citoyen de confession juive, des citoyens à part entière.

Nous sommes ici dans le pays qui a promulgué les droits de l’Homme et du Citoyen.

Dans notre pays, chacun est libre de s’exprimer, de dire ce qu’il pense. 

Nos compatriotes de confession juive ont le droit de prendre la défense de l’État d’Israël, ou de ne pas la prendre d’ailleurs.

D’autres Français ont le droit d’être en désaccord avec la politique menée par l’État israélien, comme certains sont en désaccord avec la politique menée par les États-Unis, la Russie, le Brésil, la Chine ou bien d’autres pays…

Cela ne doit poser aucun problème, cela doit se dérouler dans la paix, la sérénité.

Mais cela ne doit jamais déboucher sur des manifestations de haine.

Mais cela ne doit jamais déboucher sur la  stigmatisation de toute une communauté.

Parce que sinon, le pire est possible.

N’oublions jamais les terribles leçons de l’Histoire.

Les mots peuvent tuer aussi efficacement qu’un missile. 

L’antisémitisme virulent qui a soufflé sur l’Europe dès la fin du 19ème siècle a abouti quelques décennies plus tard aux effroyables persécutions que l’on sait.

Voici pourquoi j’attache une si grande importance au maintien et à la transmission de la Mémoire, nécessaires remparts contre l’oubli des victimes et la banalisation de l’antijudaïsme.

L’une de mes premières décisions prises en ma qualité de Président du Conseil général des Alpes-Maritimes, fut d’organiser les « voyages de la Mémoire », il y a un peu plus de dix ans, permettant ainsi à 12 000 collégiens, des dizaines d’enseignants ainsi qu’aux autorités civiles et religieuses de se rendre sur le site d’Auschwitz-Birkenau et de mesurer sur place ce que fut concrètement la volonté nazie de détruire une communauté.

En tant que Maire de Nice, j’ai tenu à ériger un Mur des Justes parmi les nations, le 27 janvier dernier, date anniversaire de la libération de ce même camp d’extermination, car ces Justes ont su protéger et héberger, au péril de leur existence, la vie de Juifs en les sauvant d’une mort certaine.

Une plaque commémorative a été installée au sein de chacune des écoles de Nice, dont des élèves juifs, avaient été déportés et assassinés.

Pour qu’on ne puisse jamais oublier ce qui fut l’un des plus grands crimes de l’Histoire.

C’est dans le même esprit qu’avec Alpes-Maritimes Fraternité, un dialogue permanent a été instauré entre les représentants des trois religions monothéistes.

Afin de coordonner nos actions contre l’antisémitisme et le racisme, faire face ensemble à toutes les périodes de tension et transmettre aux jeunes générations  ce sens du  respect mutuel sans lequel il n’est pas de société viable.

Depuis des millénaires, le judaïsme porte des valeurs altruistes et pacifiques. 

Ces valeurs de fraternité sont aussi véhiculées par ces autres grandes religions que sont le christianisme et l’islam.

Puissent ces valeurs lumineuses l’emportaient  face à l’obscurantisme et à la haine.

Les religions ne sont-elles pas d’abord un lien entre les hommes ?

Tout comme le sont les valeurs de notre République. 

Les valeurs de cette République que nos compatriotes juifs associent à leurs prières.

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