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Publié le 24 Septembre 2015

L’Arabie saoudite à la tête du Conseil des droits de l’Homme

Pour Marc Knobel, l’occasion d’un retour succinct sur ce qu'il dénonce comme "une immense tartufferie"...

Par Marc Knobel, Historien. Directeur des Etudes du CRIF, publié sur le Blog du CRIF le 23 septembre 2015
L’ambassadeur de l’Arabie saoudite vient d’être nommé président du panel du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Une décision pour le moins scandaleuse au regard des violations de ces droits et des atteintes à la dignité humaine perpétrés par le pays. Or, la monarchie saoudienne est l’une des plus dures au monde. Le régime s’est ainsi montré intraitable avec le blogueur et militant Raif Badawi, en prison depuis 2012. Jeudi, Riyad a notamment prévu de décapiter puis de crucifier en place publique le jeune opposant chiite Ali Mohammed Al-Nimr, accusé d’avoir participé en 2012 à une manifestation contre le régime dans la région majoritairement chiite de Qatif, lorsqu’il était âgé de 17 ans. L’ONG Reprieve, qui assure sa défense, affirme que les aveux signés par l’accusé ont été obtenus sous la torture[1]. Ce choix pour le moins contestable est très critiqué, notamment par UN Watch, une organisation non-gouvernementale basée à Genève chargée de s’assurer que l’ONU respecte sa propre charte et de veiller à l’accessibilité pour tous des Droits de l’Homme. Son directeur, Hillel Neuer déclare qu’ « Il est scandaleux que l’ONU ait choisi un pays qui a exécuté plus de gens que Daesh cette année pour présider le panel du Conseil des droits de l’Homme ». Il ajoute que « les pétrodollars et la politique l’ont emporté sur les droits de l’Homme ». D’après l’ONG, l’ambassadeur saoudien avait été élu dès le mois de juin, mais cette décision avait été passée sous silence avant d’être révélée par un document de l’ONU le 17 septembre dernier[2].
Les droits de l'Homme sont ignorés dans de nombreux pays. La liste de ces pays est longue, alors qu’ils sont instrumentalisés par certains Etats, au sein-même du Conseil des Droits de l'Homme (CDH). C’est ainsi que sur des bases essentiellement politiciennes, on admet de parler de certaines violations et on en occulte d'autres beaucoup plus graves, c’est ainsi que l’on se réunit pour stigmatiser Israël, en passant sous silence les crimes qui sont commis dans d’autres pays.
Pour nous, l’occasion d’un retour succinct sur ce que nous appelons une immense tartufferie, à savoir le… Conseil des Droits de l’Homme (CDH).
De la Conférence de Durban au bazar du Conseil des Droits de l’Homme
La Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance de l’ONU s’ouvre à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 4 septembre 2001. Cette conférence devait être un moment de réflexion : l’occasion d’un retour sur l’Histoire, les traumatismes du passé (colonialisme et esclavagisme), et persistance du racisme. Mais, une armée d’ONG plus ou moins connues, appuyée par les États arabes et les représentants des Palestiniens, détournent la Conférence de l’ONU. Avant même l’ouverture de la Conférence, des pressions énormes sont mises en place afin d’exclure les organisations israéliennes et juives. Durant la Conférence, dans la vielle de Durban, des banderoles sont hissées lors de la « Marche contre le Racisme », près du Club juif de la ville et de la synagogue de Durban, avec les inscriptions : « Si Hitler avait vécu, il n’y aurait pas eu d’Etat d’Israël ». Par ailleurs, des jeunes et des étudiants juifs sont agressés. Enfin des recueils de caricatures antisémites sont distribués, sous le logo de la Conférence mondiale contre le Racisme. Lors des débats, Israël est accusé de « génocide » visant les Palestiniens, d’ « ethnocide », de « nettoyage ethnique ». Quoi de plus idéologiquement convenable que de stigmatiser Israël, les « sionistes » ou les « extrémistes juifs » au nom de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ? De fait, et par ces thèmes, c’est le droit à l’existence de l’Etat d’Israël qui est récusé[1].
Au lendemain de la scandaleuse conférence internationale de Durban, la première réunion de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève critique violemment Israël, l’accusant de traitement différentiel et discriminatoire. Parallèlement, les principaux violateurs des droits de l’homme internationaux, comme la Chine, le Soudan ou l’Iran, continuent de jouir au sein de cette institution de l’immunité totale. Cependant, comme la Commission des Droits de l’Homme est complètement discréditée et n’est plus en mesure d’assumer sa fonction de promotion et de défense des droits de l’Homme, le 15 mars 2006, le Conseil des droits de l’Homme (CDH) est créé.
Il est composé d’une cinquantaine d’Etats élus par roulement qui représentent des groupes régionaux soit 13 sièges pour l’Afrique, 13 pour l’Asie, 8 pour l’Amérique latine et caraïbes, 6 pour l’Europe de l’Est et 7 pour l’Europe de l’Ouest et autres. 17 de ces pays sont membres de l’Organisation de la Conférence Islamique. Il est besoin d’un tiers des membres, soit 16 pays pour convoquer une session spéciale. Le CDH siège à Genève, en tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale. Il est chargé « de promouvoir le respect universel et la défense de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales ».
L’offensive de la part de certains pays peu respectueux des droits de l’Homme
Au (nouveau) Conseil des Droits de l’Homme, on assiste très vite à une vaste offensive de la part de certains pays peu respectueux des droits de l’Homme. Ces pays remettent systématiquement en cause les textes fondamentaux de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (de 1948) et la conception universaliste de ces droits. Au demeurant, le Conseil semble défendre les intérêts de certains pays, qui se servent de cet organe pour échapper à toutes critiques... Lire l'intégralité.
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