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Publié le 13 Novembre 2012

Le Lycée de Doha au Qatar au cœur d’une polémique

Éditorial du flash info du Syndicat général de l'Éducation nationale daté du 9 novembre 2012

 

Diplomatie, business, culture... Le Qatar, ce minuscule pays, est présent sur tous les fronts. En une décennie, le Qatar est devenu incontournable : il est partout, et tous les chemins mènent à Doha. 

le Qatar ne compte pas s'arrêter à sa participation au Lycée de Doha. Il veut "financer des établissements du type du lycée Voltaire dans le Golfe et en Afrique" avec l'ambition de "devenir le pôle de la francophonie régionale" (en concurrence avec la Fra

Les liens avec la France sont particulièrement importants et en plein développement. On notera en particulier que le Qatar a annoncé qu’il étudiait la possibilité d'investir 10 milliards d'euros dans de grandes entreprises françaises afin de diversifier ses revenus. Un accord doit être également signé d'ici la fin 2012 sur la création d'un fonds franco-qatari à destination des PME françaises, dont le montant total pourrait atteindre 300 millions d'euros. On comprend dans ce contexte qu’il ne s’agit pas de froisser le petit émirat qui brille, y compris dans le monde arabe, par la diplomatie du chéquier, comme l’a montré la visite récente de l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani dans la bande de Gaza.

 

Le Qatar ne néglige aucun domaine d’action. Ainsi, dans le domaine de l’éducation, le pays accueille depuis 2009 le Sommet mondial annuel de l'innovation pour l'éducation (WISE) qui est une initiative de la Fondation du Qatar pour l'Éducation, la Science et le Développement des collectivités. Autre fait, le Qatar, pourtant pas du tout francophone, est entré en octobre dans l'Organisation internationale de la Francophonie comme membre associé…

 

Née à l’origine d’une polémique sur un choix de manuel remis en cause par le conseil d’administration du Lycée Voltaire de Doha, présidé par le docteur Ali bin Fetais al-Marri, par ailleurs procureur général de l'État du Qatar, la crise semble s’être renforcée au fil des mois. Aujourd’hui, on apprend que le proviseur, après avoir été convoqué à un entretien par le Procureur, mercredi 24 octobre dernier, a dû quitter ses fonctions et le pays ce samedi 3 novembre à la veille de la rentrée. La Mission laïque devra partir du Qatar, où elle gère, depuis 2007, le lycée Voltaire de Doha. C’est, depuis 1956 et la crise de Suez, le premier cas d'expulsion de la Mission laïque française.

 

On s’interroge naturellement sur la situation de la dizaine de professeurs détachés et rémunérés par l'établissement. Ces derniers s’inquiètent sur le sort qui leur sera réservé. Ils viennent de recevoir un mail leur demandant de fournir la copie de leur carte d’identité qatarienne et de leur passeport pour les autorisations de sorties du territoire alors que certaines sont toujours en cours de validité. Depuis que la MLF n’est plus leur employeur et n’exerce plus de responsabilités administratives et financières, ils ont dû tous signer une nouvelle convention d’expatriation conclue pour une durée d’un an maximum avec prise d’effet au 1er septembre 2012. Nos collègues se demandent enfin quelle sera l’évolution du contenu des programmes.

 

Ce n’est sans doute ni le premier ni le dernier cas de crise de ce genre dans le réseau, mais l’ambition du Qatar interroge plus que jamais les limites acceptables de la coopération possible entre la France et les pays d’accueil dans le domaine de l’éducation.

 

En effet, le Qatar ne compte pas s'arrêter à sa participation au Lycée de Doha. Il veut "financer des établissements du type du lycée Voltaire dans le Golfe et en Afrique" avec l'ambition de "devenir le pôle de la francophonie régionale" (en concurrence avec la France). Il apparaît donc que cette anecdote souligne plus que jamais l’urgence d’une réflexion d’envergure de la France sur ses réseaux d’enseignement.

 

Si l’on consent aux entreprises privées le droit d’investir en Chine en dépit de la corruption et des atteintes aux droits de l’Homme, on peut croire que le domaine de l’enseignement ne peut être envisagé à l’aune de la seule concurrence internationale. Car quand même Voltaire… c’est bien le Siècle des Lumières non ?

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