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Publié le 24 Septembre 2015

Monsieur le Président, empêchez la décapitation et la crucifixion du jeune saoudien

Le CRIF soutient l'appel à une intervention de François Hollande.

Par l'Abbé Pierre-Hervé Grosjean,  Secrétaire Général de la Commission «Ethique et Politique» du Diocèse de Versailles, publié dans le Figaro le 23 septembre 2015
Il a 21 ans. Demain, si rien n'est fait, il sera décapité, puis son corps sera exposé crucifié, «jusqu'au pourrissement».
Par les barbares de Daech? Non.
Par un de nos alliés. Un de nos partenaires commerciaux les plus importants. Un de nos «pays amis» que nos présidents successifs visitent souvent. Par l'Arabie saoudite.
Quel est le crime d'Ali Mohammed al-Nimr? Il est chiite. Il est le neveu d'un opposant célèbre au régime. Il a manifesté contre ce régime une fois, en 2012. Il n'avait que 17 ans. Il a été arrêté, torturé. Sous la torture, ce gosse a avoué détenir des armes. Il n'a pas eu le droit de communiquer avec son avocat. Son dernier recours a été rejeté. La sentence peut être exécutée à partir de ce jeudi. Même si ce jeune était coupable de ce que le régime lui reproche, comment supporter l'horreur de la peine décidée?
Nous nous sommes mobilisés pour Asia Bibi, chrétienne, jeune mère de famille condamnée à mort pour blasphème au Pakistan. Nous avons dit notre horreur face aux crimes de Daech, visant tour à tour chrétiens, yézidis, chiites ou encore personnes homosexuelles. Nous avons alerté le monde sur le drame des chrétiens d'Orient. Comment pourrions-nous nous taire aujourd'hui?
La France, pays des droits de l'homme, peut-elle continuer à tenir ce silence ahurissant vis à vis des crimes du régime saoudien?
Car au delà du sort d'Ali Mohammed, c'est la situation des droits de l'homme en Arabie saoudite qui se révèle une fois de plus dramatique et la question de notre complaisance qui se pose.
Nos dirigeants se sont fait les défenseurs de la démocratie et des droits de l'homme contre Poutine, Saddam et Bachar… Pourquoi cette complaisance qui dure vis à vis de l'Arabie saoudite?
Complaisance qui vire à la complicité, quand elle amène à se taire devant ces atrocités. Je ne suis pas un «spécialiste» de géostratégie ni de la raison d'Etat. J'imagine bien que «c'est compliqué» comme nous le diront les diplomates. Que la situation est «complexe». Que des «intérêts colossaux» sont en jeu. J'entends tout cela. Je remarque simplement, comme beaucoup de Français, que le deux poids deux mesures apparent est de plus en plus difficile à justifier, quand un tel «allié» rivalise avec Daech dans l'horreur. Alors je veux qu'on m'explique ce qui peut bien justifier qu'on se taise... Lire l'intégralité.