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Publié le 11 Octobre 2017

#UNESCO #Crif - Le Qatar à la tête de l’UNESCO : des enjeux qui dépassent les frontières de l’organisation

Depuis lundi 9 octobre se tient le scrutin visant à désigner le prochain Directeur Général de l'Unesco. Les 58 membres du Conseil Exécutif de l’organisation votent jusqu’à l’obtention d’une majorité de 30 voix pour l’un des candidats.

Mardi soir, à l’issue du deuxième tour, 3 candidats se sont dégagés : la Française Audrey Azoulay, ancienne Ministre de la Culture, et le Qatari Hamad ben Abdelaziz el-Kawari, ancien Ministre de l’Information et de la Culture qatari, et l’Egyptienne Mouchira Khattab, ancienne Ministre de la Famille et de la Population égyptienne. Avec respectivement 13, 20 et 12 voix, ils sont les mieux placés pour accéder au poste convoité.

La présence du Qatar à cette élection soulève cependant un certain nombre de problématiques, notamment :

-      le rapport du Qatar au financement du terrorisme

-      la légitimité de l’émirat du Golfe à représenter une telle organisation, au vue de ses manquements en matière des droits de l’Homme

Par ailleurs, cette élection met en lumière la crise diplomatique arabe.

Le Qatar et le terrorisme

Le Qatar est régulièrement soupçonné de financer directement et indirectement des organisations terroristes. Il accueille et soutient les dirigeants du mouvement des Frères musulmans ; Khaled Mechaal, ancien dirigeant du Hamas palestinien, est basé au Qatar, et les talibans afghans y disposent d'un bureau.

 

Education, science et culture : quel avenir avec le Qatar ?

Doha est régulièrement rappelée à l’ordre par les organisations compétentes sur le respect des droits de l’Homme. Travailleurs illégaux exploités, esclavage,  droits des femmes bafoués, liberté d’expression anéantie, presse muselée, antisémitisme, négationnisme : le Qatar a une vision du respect des droits de l’Homme bien à lui.

On notera par ailleurs que le Qatar a été l’un des membres les plus engagés de l'UNESCO dans les résolutions niant tout lien entre le patrimoine culturel de Jérusalem et le peuple Juif.

A l’occasion de plusieurs Salons du livre à Doha, les organisateurs ont été interpellés pour avoir promu la diffusion d’une littérature antisémite et négationniste.

Les exactions du Qatar, souvent relevées par la communauté internationale, sont donc à mettre en perspective avec la nature même de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

 

Un pivot dans le leadership arabe

Bien plus qu’un enjeu pour l’UNESCO, cette élection est un risque pour la géopolitique du monde arabe.

En effet, l'Egypte a récemment rejoint l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, et les Émirats arabes unis dans leur engagement contre le Qatar.

L'Arabie Saoudite avait posé un ultimatum au géant du Golfe en exposant 13 conditions pour mettre fin à la crise. Un ultimatum et des conditions rejetées par le Qatar le 5 juillet dernier. Parmi ces 13 conditions figuraient en bonne place la demande de rompre toutes les relations avec les organisations terroristes et plus particulièrement les Frères Musulmans, cette demande provenant directement de l’Egypte, agacée que le Qatar se mêle de sa politique intérieure.

Les nations arabes n'ont pas su se mettre d'accord sur la nomination d'un candidat unique. La logique de l'élection à la tête de l'UNESCO voudrait que l'Egypte propose de reporter ses voix sur le candidat qatari afin d’assurer l'élection d'une personnalité arabe. Mais la passion qui anime l’Egypte rend les choses bien moins évidentes.

Si le candidat qatari parvenait à la tête de l’UNESCO, son élection risquerait de provoquer une vaste crise diplomatique arabe au sein des Nations Unies et qui pourrait bien traverser les frontières de l’organisation.

 

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